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Coordonnateur, le méconnu de l’Education nationale

Mercredi 16/01/2008 | Posté par Pauline Legrand

Vous connaissez les professeurs, les surveillants, le CPE, mais avez-vous déjà entendu parler du métier de coordonnateur ? Rencontre.

Une profession à part entière dans le milieu de l’éducation nationale, méconnue du grand public alors qu’elle a été créée dès 1981 sous François Mitterrand en même temps que les zones d’éducation prioritaires (ZEP). Rencontre avec Gilbert Basso, 51 ans, coordonnateur du réseau d’éducation prioritaire depuis trois ans dans le secteur de Frais-Vallon (13e arrondissement de Marseille).

Quel est le rôle d’un coordonnateur de ZEP ?

C’est l’« interface » entre le milieu interne de l’établissement, c'est-à-dire le corps enseignant, le principal ou le directeur, l’infirmière etc. et le milieu extérieur tels les associations sportives et culturelles, le centre social, la mairie, la police, la maison de quartier... Nous prenons en compte toutes les dimensions de l’élève : social, sanitaire, culturelle et en fonction de leurs besoins nous réalisons des actions en contactant différents services. Ce n’est pas forcément le coordonnateur qui va proposer des projets, ce sont aussi des gens extérieurs qui vont soumettre leur idée. Par exemple, je viens de rencontrer des jeunes d’Euromed (Ecole de management) qui veulent monter un projet de danse avec les élèves du collège Jacques-Prévert.


Quelles ont été vos dernières actions ?

En maternelle, dernièrement j’ai contacté l’association CoDES, Comité d’éducation pour la santé, pour revoir avec les enfants et les parents les bases d’une alimentation saine et équilibrée. Ce projet d’éducation alimentaire a été réalisé suite à la demande des enseignants qui veulent lutter contre l’obésité qui sévit dans ces quartiers défavorisés. Au collège Jacques-Prévert, en collaboration avec le centre social, nous avons fait un jeu qui s’appelle « je suis loi » pour la rentrée des 6e. Sur le principe du jeu de l’oie, les élèves répondent à des questions sur la justice, la santé, l’histoire, etc. La particularité c’est que les parents organisaient le jeu.  Dans les quartiers où les difficultés sont aussi bien financières, culturelles ou sociales, la rentrée au collège de leurs enfants est un passage difficile, c’était donc un moyen de prendre un premier contact avec les parents, de les rassurer et de voir qu’ils n’étaient pas seuls. Une autre action en cours c’est la visite d’un appartement musée dans le quartier qui permet de comprendre les gestes simples pour réduire la consommation de l’énergie. Comme notre thème général au collège est le développement durable, j’ai proposé cette visite aux enseignants qui ont été très enthousiastes. Un professeur de physique a même prévu de mettre en relation la visite et son cours en faisant calculer l’énergie consommée par différents réfrigérateurs.

Comment peut-on devenir coordonnateur ?

Il faut être enseignant mais aucune formation spéciale n’est requise. 90% des coordonnateurs sont d’anciens professeurs des écoles. Nous sommes recrutés via un entretien avec l’inspecteur académique. Nous avons une mission de trois ans, renouvelables si les objectifs ont été atteints. Nous n’avons pas d’horaires de bureau mais en contrepartie nous devons être disponibles en permanence, même pendant les vacances scolaires pour les réunions avec les partenaires qui ne font pas partie de l’éducation nationale. Le salaire est le même que celui des professeurs des écoles sans aucune prime, ni frais de déplacement.

Est-ce un métier qui vous plaît ?


Oui, beaucoup. C’est très enrichissant car nous portons plusieurs casquettes : médiateur, conseiller, comme par exemple cette jeune enseignante qui est venue me voir car elle n’arrivait pas à gérer sa classe. Je l’ai mise en relation avec d’autres professeurs qui ont pu l’aider dans ses débuts. J’ai aussi la casquette de comptable, car je dois gérer le budget des projets. J’ai également un rôle institutionnel car je siège en commission de la politique de la ville où je donne mon avis sur les actions que veulent mener les différents organismes. Mon point de vue peut faire basculer la décision finale des financeurs. Avant, quand j’étais professeur des écoles, je ne voyais que ma classe et les mêmes enseignants. Cela m’a donc permis de voir d’autres têtes, d’autres horizons. En trois ans, j’ai énormément appris sur les différents métiers du social. Mon seul regret est peut-être qu’on ne se rencontre jamais entre coordonnateurs. Des échanges entre nous seraient pourtant nécessaires pour affronter certaines difficultés.

Propos recueillis par Pauline Legrand

Pauline Legrand -