Laurent, le sport apaise les souffrances
Dimanche 02/03/2008 | Posté par Perrine Baglan
A bientôt trente ans, Laurent se passionne pour tous les sports. Bien qu’handicapé moteur et atteint d’une légère déficience mentale, cet amoureux de sensations fortes déborde d’énergie
A Marseille, sa ville natale, il multiplie les activités au côté de sa mère et de l’association Défi Sport, crée en 1998. Beaucoup auraient abandonné par fatigue ou épuisement, mais pas lui. En deux heures, sept minutes et vingt trois secondes, Laurent a franchi la ligne d’arrivée du Marseille-Cassis. Un semi marathon, où même les plus aguerris des coureurs, se seraient laissés surprendre par la difficulté du parcours.
Cirque, escalade, kayak, ULM… « Ce n’est pas quelqu’un qui veut rester à la maison » s’exclame sa mère. Et pour cause. Malgré sa grande timidité, le jeune homme est toujours par monts et par vaux. Chargé des espaces verts le jour (en France, la loi du 10 juillet 1987 favorise l’accès des travailleurs handicapés à l’emploi), il chausse des chaussures de tennis le soir, monte sur les planches et pratique l’athlétisme. « Infatigable » souligne ses proches, il aura fallu une blessure au genou pour ralentir le rythme.
Mais qu’importe. De toute façon, « le plus important, c’est de prendre du plaisir » confie Laurent dont le regard se perd dans le vide. « Que je perde ou que je gagne, c’est du pareil au même ». Il se tait l’espace d’une seconde avant de reprendre d’une voix plus grave « Et puis le sport, ça me fait penser à autre chose ». Second silence. « Le sport m’aide à surmonter des épreuves, comme la mort de mon père». Son regard se perd à nouveau, il semble perdu dans ses pensées.
Quelques instants s’écoulent. Il se lève machinalement et revient avec une foule de papiers. Des itinéraires de voyages, des coupures de presses, le tout dans une pochette qui déborde. Bref, un concentré de souvenirs disposé en vrac. « Je suis un peu bordélique » s’exclame-t-il ! Le jeune homme sort alors des certificats. Sur l’un deux, il est inscrit que « Monsieur Laurent Martin a survolé en hélicoptère les chutes du Niagara ! »
Et quand on lui demande quelle activité il préfère, le choix est cornélien. Mais en y réfléchissant bien, il y a en une qu’il n’abandonnerait pour rien au monde : le théâtre. « Je suis un peu bossu, on dirait presque un tortue » lance –t- il dans un éclat de rire. L’expression scénique l’aide alors à se familiariser avec son corps, à être « moins recroquevillé » affirme sa mère. « Il peut travailler sur ses problèmes de lenteur et de psychomotricité. ».
Quoi qu’il en soit, Laurent « est une personne affectueuse, qui a un contact très facile», précise Stéphane Ashour, le responsable de l’association Défi Sport. Et malgré son handicap, c’est un jeune homme autonome. Il cuisine, se déplace seul et à pied jusqu’au centre sportif. Sa mère s’inquiète quand même un peu, car « il reste fragile en société ». Mais ce n’est pas de l’avis de tout le monde. « Tu es trop sur le dos de ton fils unique. Lâche-le un peu ! » répète Christiane, la tante du jeune homme.
A l’avenir, Laurent entend bien continuer le sport. Il espère emménager dans son propre appartement et rencontrer une fille !
Perrine Baglan
Par Tony Off