Marseille, Capitale européenne de la culture ? Le « off » parle
Dimanche 13/01/2008 | Posté par Malika Redjem Célia Amphoux
www.marseille2013.org est la structure alternative au projet mené par la mairie. Même si la ville n’est pas choisie, eux disent vouloir aller jusqu’au bout
Nous avons rendu visite vendredi après-midi à Eric et Martin, deux des membres du collectif Marseille2013.org, qui préfèrent apparaître ici sous des prénoms d’emprunt – les alternatifs ont aussi leur coquetterie. En marge de la candidature officielle de la ville, ce groupe de passionnés tente depuis 2004 de rassembler des projets culturels et artistiques. Ils ont fait du site www.marseille2013.org une plate forme d’appels à projets d’initiatives citoyennes et non pas publiques. (L'illustration à gauche ci-dessus est une création de Julien Ntontolo.)
D’où vous est venue l’idée de mettre en place un Marseille2013.org ?
Après l’expérience de Lille 2004, nous avons vu que le label « Capitale Européenne de la Culture » profitait beaucoup plus au secteur économique qu’à la valorisation du travail des artistes locaux, qui sont pour beaucoup dans le succès de l’évènement. L’objectif de Marseille2013.org est d’être un levier pour valoriser des auteurs par un événement qui compte pour eux.
Vous êtes un peu des précurseurs puisque votre action a précédé celle de la mairie de Marseille ? Comment celle-ci a-t-elle réagi en apprenant votre existence ?
Pourquoi ce soudain regain de confiance ?
Tout simplement parce que cette nouvelle équipe n’a pas l’air de vouloir valoriser uniquement le patrimoine napoléonien marseillais. D’ailleurs, récemment, elle nous a contactés pour réfléchir à un partenariat éventuel mais rien n’est fait, et je ne pense pas que ce sera demain la veille. Nous restons une voie de communication indépendante de ce que fait l’institution. A terme, marseille2013.org souhaite devenir un site Internet communautaire, où chaque artiste pourra publier un porte-folio et être en connexion avec d’autres artistes. Nous pourrions ainsi devenir un tremplin, une sorte d’incubateur de projets pour le comité officiel.
Et justement en termes de projets depuis 2004, qu’avez-vous reçu ?
Il y a des projets réalisables et d’autres complètement utopiques. Maintenant, nous recevons un projet par mois. Le dernier particulièrement séduisant s’appelle « 100% barge ». Il consiste en la réalisation d’une barge flottante géante sur laquelle des concerts auraient lieu et qui voguerait des Goudes jusqu’à l’Estaque. Mais même sans ça, nous voulons permettre de débattre, de réfléchir autour du sujet de la culture, du futur de notre ville, changer les mentalités. Mais nous a l’impression que ce n’est pas possible. Le réseau culturel de la ville est assez clanique, nous avons du mal à décloisonner les choses, c’est très fragmenté. Sachant que nous ne sommes ni une asso, ni une entreprise, mais seulement un site Internet, les gens doivent se demander où est l’arnaque au final.
Où en êtes-vous dans l’avancée de votre projet ?
Aujourd’hui, nous communiquons via notre site principalement, pour accueillir encore plus de projets des quatre coins de la France. Si Marseille n’est pas sélectionnée, il y aura quand même un Marseille 2013. Le label « Capitale européenne de la Culture » n’est pas indispensable, il permet de faire avancer les choses, mais nous pouvons faire une capitale européenne avec des bricoles, des projets et de la passion. www.marseille2013.org est une initiative que tout le monde peut s’approprier, donc nous invitons tous les artistes à proposer leurs idées.
Propos recueillis par Malika Redjem et Célia Amphoux
Par Tony Off