Que retenir du FAME ?
Mardi 27/03/2012 | Posté par Pascaline
Du 12 au 17 mars, Marseille a vécu au rythme de l'eau. Le MBB vous propose aujourd'hui un retour sur cette semaine. Nos deux bloggeuses ont préféré suivre la piste alternative plutôt que l'officielle. Pascaline nous présente ici son regard sur l'événement.
Des militants. Des candidats à la présidentielle. Des spécialistes. Des ONG. Des interprètes. Une organisation (rôdée). Des cris du cœur. Une place (réelle) pour les débats. Une question centrale : l’eau.
Cet inventaire à la Prévert pourrait être une bonne entrée en matière pour présenter ce qui se jouait du 14 au 17 mars au Dock des Suds, à Marseille. Le Forum Alternatif Mondial de l’Eau s’inscrivait, comme son nom l’indique, en alternative au Forum Mondial de l’Eau, au même moment à Marseille.
Il se voulait une "bouffée d’air", comme on a pu l’entendre lors d’une conférence, pour les gens qui "s’ennuyaient là bas", et venaient "respirer". L’intervenant qui avait prononcé ces mot a aussi suggéré que les repas, préparés grâce au soutien financier de nombreuses institutions, pour les participants du forum officiel - moins nombreux que prévus -, auraient pu être amenées au FAME, "parce que nous aussi, on a envie de bien manger !"
La présence de Gustave Massiah, représentant du CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement) au conseil international du Forum Social Mondial, nous a confirmé l’inscription de ce forum thématique dans la lignée de ces "grand-messes" du mouvement altermondialiste mondial, qui sont aussi espaces de débats constructifs pour contribuer à ce qu’un autre monde soit possible.
Les questions qui se posaient lors des débats du FAME s’inscrivaient ainsi dans la même tendance de dénonciation des injustices et de rapprochement des sociétés civiles pour une globalisation des luttes : partage des ressources, respect (ou non) de l’environnement, dénonciation des politiques agricoles (locales, nationales, européennes ou mondiales), luttes contre la spoliation de cette ressource.
Le titre d’un atelier auquel nous avons assisté pourrait d’ailleurs très bien résumer le cœur des débats qui se sont tenus pendant ces quelques jours : "ça s’écrit eau, ça se lit démocratie"
En effet, les chercheurs, ONG, citoyens qui intervenaient nous ont montré comment les sociétés civiles, de l’Italie à la Grèce, en passant par la Palestine et la Colombie, s’organisaient pour lutter contre l’appropriation de l’eau par des groupes, qu'ils soient économiques, de gouvernants ou ethniques, au détriment du reste de la population des territoires concernés.
Ainsi, a-t’on pu entendre le mot d’apartheid, prononcé par des ONG de défense des droits des Palestiniens, pour dénoncer la politique de séparation entre les Israéliens et les Palestiniens, matérialisée par le mur de la honte, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Les intervenants nous ont démontré, cartes et photos à l’appui, que ce mur, inspiré par la frontière du 4 juin 1967, était dessiné non pas au hasard mais notamment en fonction des ressources en eau sur le territoire.
Pour lutter contre cela et faire reconnaitre le droits des Palestiniens à l’eau et aux installations sanitaires, des ONG nationales et internationales, mais aussi des agences des Nations Unies ou encore des institutions de recherches ont créé une coalition, "Emergency Water and Sanitation-Hygiene Group" (EWASH) et une campagne : "Thirsting for Justice" (Soif de Justice).
Nous retiendrons aussi de ce FAME 2012 un instant musical, insufflé par un intervenant Grec venu expliquer la situation dans son pays, et entonner un hymne au désespoir d’une vieille chanson grecque plus d’actualité que jamais dans son pays.
…Et tout le monde s’est mis à chanter avec lui, comme une forme de soutien au peuple grec, dans sa lutte contre la privatisation, orchestrée par le gouvernement, au nom du déficit budgétaire.
Comme si la mélodie de l’injustice n’avait qu’un seul refrain…
Mais elle a aussi une note d’espoir… Le FAME de Marseille nous l’a montré. Puisque les engagements pour la préservation des ressources en eau et pour construire de nouvelles formes de gestion de l’eau sur les territoires, associant les citoyens qui y vivent, sont nombreux et vigoureux, en réponse à ces injustices.
En bonus, découvrez en vidéo le compte-rendu de ce FAME 2012.
Crédit photo : pierre-alain dorange
Ceux qui ont lu cet article ont aussi aimé :
- L’eau n’est pas un produit marchand - 27/03/12
- 2012 : le forum mondial prend l'eau ! - 02/02/11
- Café Repaire : la gestion de l’eau au cœur du débat - 16/02/12
- Arrêté anti-mendicité : un an après ! - 25/10/12
- Rencontres au Pharo - 21/10/11
Par Tony Off