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Arrêté anti-mendicité : un an après !

Jeudi 25/10/2012 | Posté par Charlotte Lazarewicz

Il y a un an, la mairie décidait d'interdire la mendicité sur une partie de la ville. Mercredi dernier, à l'initiative de plusieurs associations, un rassemblement "célébrait" ce triste anniversaire.

Vous l’ignorez peut-être encore mais mendier ou fouiller dans les poubelles en plein centre-ville de Marseille est passible d’une amende et ce depuis le 17 octobre 2011. C’est en ce jour symbolique du refus de la misère que l’arrêté avait été mis en place il y a un an tout juste. Quid de son application, état des modifications récentes qui y ont été apportées et des revendications constantes dont il est fréquemment l’objet ?     

38 euros, c’est le prix de l’amende que près d’une centaine de SDF ont été dans l’obligation de payer depuis l’instauration de l’arrêté anti-mendicité en octobre dernier. Loin d’en être au chapitre de l’abrogation, cet arrêté controversé a récemment vu son périmètre d’application modifié (il concerne toujours une grande partie du centre-ville mais les zones de Saint-Victor, du Pharo, des Carmes et de Saint-Lazare ont été remplacées par celles du Prado et de Turcat-Mery).

Objectif affiché de la municipalité : lutter contre la mendicité dite "agressive". Un an après donc, c’est le même argument qui est à nouveau servi pour justifier ce que certains ont eu tôt fait de qualifier d’ "arrêté de la honte". Ne pas entraver la libre circulation des personnes, la commodité du passage dans les voies et espaces publics, l'accès aux immeubles ou encore ne pas porter atteinte au bon ordre, à la tranquillité et à la sécurité publique, voici en quelques mots la substance de l’arrêté qui fait débat.

Parce qu’ils sont loin d’avoir oublié, la Ligue des Droits de l’Homme, la Fondation Abbé Pierre, les différentes communautés Emmaüs du département ou encore le réseau Médecins du Monde étaient présents mercredi dernier devant l’Hôtel de Ville pour manifester leur mécontentement. Au programme, un gâteau d’anniversaire au goût des plus amers et une lutte dont il est difficile d’apercevoir le bout. 


"On n’a pas oublié !" 

"C’est une honte." Comme Fabricio, membre régulier de la communauté Emmaüs de Cabriès depuis huit ans, ils sont plusieurs à le penser. "Ça paraît clair, en réaffirmant sa volonté de conserver cet arrêté, la municipalité veut évacuer les rues et les rendre lisses pour accueillir Marseille 2013 comme il se doit !", poursuit cet Italien d’origine qui a naturellement trouvé sa place chez Emmaüs il y a quelques années.

"J’ai connu la misère, je sais ce que c’est", affirme Fabricio, "on ne peut pas mentir et cacher la pauvreté qui existe à Marseille", s’insurge-t-il. Même son de cloche pour Claude Escoffier, président de la Communauté Emmaüs Pointe Rouge : "ça fait un an qu’on sort dans les rues pour le dire, on n’est pas d’accord avec cette mesure ! C’est simple, pour nous, c’est une véritable déclaration de guerre aux pauvres que l’on fait là !".

"C’est pas les mendiants qu’il faut chasser, c’est la misère !"
, renchérit Jean, bénévole à Réseau Education Sans Frontières venu soutenir ses compagnons d’infortune ce matin-là devant la mairie. En cause également, la difficulté d’accès à l’eau potable pour les sans-abris. 



Non à la mendicité interdite, oui à la fontaine d’eau gratuite !

C’est un des nouveaux chevaux de bataille des associations qui se battent depuis un an pour faire retirer l’arrêté : la difficulté d’accès à l’eau pour les personnes sans-abris. "Les fontaines sont pour la plupart cassées, ne reste souvent que l’eau des caniveaux !", constate avec colère Claude Escoffier d’Emmaüs Pointe Rouge. A quelques mètres de lui, un homme brandit une pancarte "Marseille, capitale européenne des fontaines à sec".


Et pour cause, malgré la récente reconnaissance par l’ONU du droit d’accès à une eau salubre pour tous, seules quelques fontaines sont encore dignes de ce nom aujourd’hui à Marseille. "Il est scandaleux que l’eau soit privatisée, c’est un bien qui doit rester public !", affirme Gérard, qui s’est arrêté par hasard sur le Quai du Port, récemment rebaptisé Quai de la Mendicité.

Comme lui, certaines personnes présentes ce jour-là ne font partie d’aucune association ni réseau mais ont tenu à venir partager leur sentiment d’insurrection en appellant à "faire la guerre à la pauvreté et non aux pauvres".

Même si la mairie n’a ce jour-là daigné entrouvrir une fenêtre, reste à espérer que le bruit des protestations lui sera tout de même parvenu aux oreilles. En attendant le résultat du dépôt d’un recours auprès du Tribunal Administratif de Marseille qui devrait intervenir début 2013, le combat continue et les communautés Emmaüs Saint-Marcel, Pointe Rouge et Cabriès organisait hier, 
mercredi 24 octobre, en association avec la Fondation Abbé Pierre, une distribution alimentaire à l’intention des plus démunis devant la mairie.

Leur message semble clair : à Marseille, la journée mondiale du refus de la misère ne se cantonne plus au 17 octobre, c’est tous les jours qu’elle a lieu. 





Crédit photos : Charlotte Lazarewicz



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Charlotte Lazarewicz -