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Rencontres au Pharo

Vendredi 21/10/2011 | Posté par Gaëlle Cloarec

Vendredi et samedi passés, pendant les Rencontres Capitales, au Pharo, de nombreux débateurs s’étaient rassemblés pour essayer de refaire le monde. Gaëlle est allée les écouter, elle nous propose sa sélection de morceaux choisis. VIDEO ET SONS EN +

Les 14 et 15 octobre se tenaient au Palais du Pharo les Rencontres Capitales. Le thème central (rien moins que "Un autre monde est-il possible ?") était ambitieux, les sujets variés. On peut reprocher aux organisateurs d'avoir choisi bien souvent un angle d'attaque un peu timide et favorisé la présence d'humanistes tièdes (voire de circonstance), là où la parole de personnalités plus novatrices aurait été bienvenue.

Il n'en reste pas moins que ces rencontres ont occasionné deux jours de débats très suivis, qui avaient le mérite de poser quelques questions d'importance. Sur les différents plateaux, historiens, scientifiques, politiques, artistes, religieux et philosophes de premier plan tentaient de répondre à la vive curiosité des marseillais de tous âges venus se pencher sur l'avenir de l'humanité. On aurait aimé assister à toutes les tables rondes, ce qui n'a malheureusement pas été possible.

Pour ceux qui n'ont pas pu se déplacer, nous avons quand même voulu donner un aperçu de ces débats, à travers quelques citations significatives, prises de son et vidéo.

Eric de Montgolfier :
"Notre comportement face à la justice doit changer. Auparavant, la justice était le dernier recours. On y faisait appel quand tout le reste avait échoué. Aujourd’hui, c’est devenu le premier réflexe. Quand les gens ont des problèmes de voisinage, ils n’essaient plus de s’arranger entre eux. Ils appellent la police ou ils portent plainte. Le procureur ne peut pourtant pas être celui qui est derrière chacun."

Najat Vallaud Belkacem :
"La laïcité, c’est une quantité de choses. Ce n’est pas que les prières de rue ou la hauteur des minarets. Ces points-là sont d’ailleurs réglés par des lois qui existent déjà. La question de la laïcité se pose aussi avec des prises de position du pouvoir : celle de Nicolas Sarkozy, par exemple, quand il invite les religieux à débattre de bio-éthique, ou quand on augmente les fonds publics accordés à l’école privée." (grognements dans la salle : “ça n’a rien à voir, vous mélangez tout, madame !”)

Pierre Rabhi :
"Parler de la pauvreté en Afrique qui serait responsable des famines est une aberration. Le continent n'est pas pauvre, ni en ressources vitales, ni en choses inutiles comme le diamant. L'Afrique fait 10 fois la superficie de l'Inde, pour même pas un milliard d'individus, le ratio est donc favorable. Les raisons de sa vulnérabilité et de sa dépendance alimentaire ne sont pas là. Il faut que les populations africaines puissent survivre par leurs propres moyens en retrouvant une agriculture digne de ce nom. D'ailleurs nous n'avons plus assez de paysans en Europe non plus, alors qu'ils sont les garants de la survie d'une nation."

Corinne Lepage :
"Un document extrêmement important vient de paraître, qui évalue le coût de dépollution des eaux souterraines en France. Il serait compris entre 522 et 847 milliards d’euros (hors frais d’énergie du pompage avant traitement). Nous connaissons les conséquences en terme de santé publique d'une eau polluée par les nitrates, le PCB que l'on retrouve absolument partout. Pour le moment, nous n'agissons qu'en aval, alors que la dépollution coûte très cher. Il faut à présent réfléchir à la prévention, et cela implique de nouveaux modèles économiques." 

Question du public à Robert Chaouad :
"Marseille accueillera bientôt le Forum Mondial de l'Eau, vous en attendez des réponses concrètes ?"
Réponse : "Non, je n'en attends pas de résultats politiques concrets. Cela ne servira qu'à mettre en relation les scientifiques, politiques et acteurs issus de pays différents, il y aura des divergences à lisser, mais il ne faut rien en attendre de fondamental." 

Alain Guillemain :
"En tant que directeur général de Terrena, première coopérative agricole française, je suis heureux de vous annoncer que nous avons lancé une véritable révolution. Sur nos 2 millions d'hectares, nous avons réduit de 30 % l'utilisation de pesticides. Mieux encore, la partie variable du salaire de nos commerciaux n'est plus liée à la vente de produits phyto-sanitaires, mais à celle d'outils de changement des pratiques. Le tout, sans affecter les rendements !" 

Valérie David :
"Construire des éco-quartiers, c'est très bien, mais il ne faut pas les ériger en modèles absolus. Ils courent le risque de la gentrification - de la boboïsation pour le dire à la française - lorsqu'il n'y a pas d'hétérogénéité de la population, pas de mixité. A Fribourg, l'un des plus grands éco-quartiers d'Europe (45 hectares pour 5 500 habitants), il y a eu une enquête sur le sentiment de bien-être. La grande majorité des résidents ont répondu "On est bien ici parce qu'on est entre nous". Y aura-t-il encore longtemps des no man's lands désertés par le beau et l'agréable ?" 

Vous trouverez ici un concentré en 10 minutes du débat qui a eu lieu entre Pierre Rabhi et Jean-Christophe Rufin, très révélateur du vaste fossé séparant les réformateurs des partisans d'un changement radical :

Extraits : 

Autre grand moment de ces Rencontres, la table-ronde réunissant Jean-Marc Aveline (Vicaire général du diocèse de Marseille), Marcel Rufo (le pedo-psychiatre que l'on ne présente plus), Odon Vallet (historien spécialiste des religions) et Thuan Trinh Xuan (astrophysicien) autour du thème du bonheur :

Extraits :

La musique que l'on peut entendre au début et à la fin de ce montage son est celle du groupe Zoudj.

Et enfin ci-dessous, la messe en latin, qui est venue cueillir le public à la sortie des conférences. Il s'agit d'une parodie du collectif La Choucroute, destinée à mettre face à leurs contradictions certains invités convertis à "l'humanisme" pour l'occasion :



crédit photo : Gaëlle Cloarec

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