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Échelle 1:1, la cartographie pour tous

Vendredi 19/04/2013 | Posté par Philippe Schitter (EJCM)

Icitude, géomaticien, mappeur, oucarpo,... Késako ? Entrez dans l'univers des faiseurs de cartes.

Le feuilleton Échelle 1:1 est un événement qui associe en moyenne 200 visiteurs à la cartographie. Il s’organise autour de sept rendez-vous du 1er avril au 13 octobre 2013 sur le territoire de Marseille-Provence 2013.

Ces rendez-vous ont généralement lieu le dimanche, voire les jours fériés, de 14h00 à 18h00. Ce feuilleton se déroule dans une ambiance théâtrale afin de créer une carte participative.

"Un système pour gérer le territoire comme dans la réalité" et cet extrait du texte de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, sur la volonté d’un empereur imaginaire du XVIIème siècle, nous immerge directement dans le projet du géomaticien (cartographe) Thierry Kressmann et du philosophe Guillaume Monsaingeon.

Chaque rendez-vous s’organise en trois moments qui correspondent à trois cercles concentriques. Selon Thierry Kressmann, "on part de la coordonnée du "vous êtes ici", qui correspond à l’ "icitude" initiale, pour terminer ce rendez-vous vers un cercle de deux à trois kilomètres de diamètre".

Ces moments sont structurés de manière scénographique. Au sein du premier moment, une histoire est contée auprès de 200 personnes regroupées dans le premier cercle, car "le cercle est l’ennemi du rectangle et nous on veut prendre la vraie taille du monde par le cercle, d’où cette scénographie".


"Icitude", "Ifitude", et carte de mer
Matériellement ce premier moment dure trois quarts d’heure et ce premier cercle associé est un kiosque léger démontable, c’est-à-dire une structure de 12 mètres de diamètre, fermée et composée d’échelles, de poutres et de rideaux de cartes encerclant le public qui regarde le monde depuis cette icitude.

En prenant l’exemple du premier rendez-vous, l’histoire du château d’If nous est contée sur le thème de l’ "impossible carte de la mer".

Le deuxième moment voit son cercle associé s’agrandir avec un rayon d’une centaine de mètres autour du kiosque. C’est à ce moment qu’intervient l’artiste "pour faire participer, pendant une heure environ, les spectateurs à cet aller-retour entre l’espace naturel et sa représentation cartographique".

Il s’agit de raconter l’icitude des gens à travers les cartes qui descendent des poutres comme des rideaux manipulables au théâtre. Sur le thème de la "carte impossible de la mer", ce deuxième moment se concrétise en cherchant comment cartographier une surface lisse ?

Pour cela, on applique à l’île d’If toute une gamme de couleur, notamment lors de ce premier rendez-vous daté au poisson d’avril. L’utopie du bleu est mise à l’honneur par Nicolas Desplats, l’artiste plasticien encadrant ce moment.

Pour combler cette surface lisse de la mer, on affecte également à l’île toute une superposition de réseaux comme celui du métro où If est connectée au reste de la carte et donc du monde environnant notre icitude.

Le troisième moment est le plus participatif. Il correspond à transformer le visiteur en "mappeur", c’est-à-dire selon Thierry Kressmann en "rédacteur explorant les alentours de l’icitude, de deux à trois kilomètres." 

Ce jeu prolonge le travail artistique et révèle la dimension cartographique du territoire. Rédiger la carte, c’est à la fois effectuer un relevé des données et marquer l’espace en inscrivant des marques matérielles dans l’espace, par exemple pour matérialiser le récit du conteur, issu du premier moment.

Lors du rendez-vous du 1er avril, les visiteurs ont réalisé le rêve "impossible" d’écrire sur la mer avec le sillage des bateaux. À chaque rendez-vous, l’histoire et le lieu changent.

Le 29 juin à Istres, le thème choisi est "Le Pli de la carte" à l’échelle 1:1. La carte est trouée comme le point d’ "Origine" de chaque individu avec la métaphore de Thierry Kressmann sur une partie de l’anatomie féminine. Le monde réel est support à son interprétation.


De l’Oulipo à l’Oucarpo
Afin de concevoir le feuilleton cartographique Échelle 1:1, Thierry Kressmann et Guillaume Monsaingeon ont créé l’Oucarpo, l’ouvroir de cartographie potentielle, en référence à l’Oulipo, l’ouvroir de littérature potentielle.

L’Oulipo est un courant littéraire qui fait de la contrainte une technique de création. Georges Perec, par exemple, en faisait partie, il a rédigé tout un roman (La Disparition) en se passant de la lettre e.

Par déclinaison de l’Oulipo, on définit l’Oucarpo par la navigation dans un labyrinthe de contraintes qui génère la créativité. À échelle impossible, carte impossible !



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Crédit photo : Thierry Kressmann et Guillaume Monsaingeon





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Philippe Schitter (EJCM) -