L’ascenseur discrimine
Vendredi 11/04/2008 | Posté par Sofiane Majeri
Dans les cités, il n’y a pas que les ascenseurs des tours d’immeuble qui débloquent. Le secteur de l'animation vit avec un ascenseur qui ne monte pas au dernier étage.
L'animateur de prévention, dans un centre social, est chargé de prévenir la marginalisation et de faciliter l’insertion et la promotion sociale des jeunes et des familles. Ces postes sont financés par le Conseil Général dans le cadre de ses missions de prévention de la délinquance.
Jeudi 13 mars à 18h dans les locaux d’une association du 3ème arrondissement s’est déroulée la première rencontre qui a réuni une vingtaine de travailleurs sociaux ou militants associatifs. Ce groupe de réflexion se fait appeler « collectif de travailleurs sociaux ». Ils sont animateurs ou directeurs d’association et se réunissent aujourd’hui pour parler de « l’ethnicisation » des postes à responsabilités dans le social. Pour Hakim « il y a énormément de travailleur sociaux qui sont réorientés parce qu’ils ont eu l’impression d’être discriminés dans le cadre de leur profession », « dans des structures où l’on combat les discriminations on retrouve de la discrimination », laissant entendre les centres sociaux.
Lyes un ancien animateur « chaque fois j’arrive en phase finale de recrutement et je ne suis pas pris, je n’ai jamais brulé d’étape, j’ai passé tous mes diplômes et enchaîné les postes au sein des centres sociaux ». Mais jamais, sa candidature n'a été retenu en tant que directeur. « Ecœuré », il tenta une carrière à La Poste mais il compte démissionner car dit-il « je veux me lever le matin, aller au boulot avec le sourire, moi j’ai vraiment envie de faire du social ».
« Les gens qu'ils recrutent sont toujours les mêmes » s’exclame Rachid, lui aussi dans une situation identique, et cette pensée semble faire l’unanimité dans la salle. Rachid a enchaîné les démarches de recherche d’emploi, en vain. Pour lui, « quand la cellule de recrutement à décider que vous ne travaillerez pas sur Marseille, vous ne travaillerez plus ». Il poursuit : « moi, je ne demande pas à être favorisé, je demande juste à ce que ma candidature ait la même chance que les autres à accéder au poste pour lequel je possède les qualifications et l’expérience nécessaire ».
Remontés et soutenus par d’autres collègues travailleurs sociaux, les animateurs entendent faire savoir leur mécontentement sur cette « discrimination avérée ». Pour Abderrhamane, l’un des protagonistes de cette action, « cette rencontre met en avant des problématiques émergentes, nous souhaitons mettre en place un observatoire sur les discriminations. Pour ce faire d’autres rencontres seront à prévoir ».
Selon le listing de l’Union des Centres Sociaux, il y aurait 3,2% de directeurs issus de l’immigration sur les Bouches du Rhône et un intriguant 1.8% sur Marseille. Alors même que les animateurs sont à l'image des habitants de ces quartiers, ils dépassent largement les 50% des effectifs de ces structures.
Selon Monsieur DENEU, l’un des responsables de l’Union des centres sociaux: « nous ne faisons pas de pourcentage, on n’a pas le droit d’en faire », mais devant ces chiffres inquiétants : « nous ne revendiquons pas le communautarisme », néanmoins, il admet « on n’a du mal à trouver des directeurs ». Effectivement on recense de plus en plus de recrutement de directeur venant d’autre département.
Qui sont ces recruteurs qui ont « écœuré » les travailleurs sociaux présents ? Les postes de cadre dans les centres sociaux sont financés par la Caisse d’Allocation Familiale, la Ville de Marseille, le Conseil Général et le Conseil Régional. La CAF et la ville sont les plus gros financeurs de ces postes. Ils jouent donc un rôle prépondérant dans le recrutement. Ces deux institutions n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Alors, l’ascenseur est-il discriminant ?
Sofiane Majeri
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Réactions des internautes
Vendredi 11 Avril 2008, 09:32
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discimination freine la promotion
Je suis de tout coeur avec l'article de Soufiane, qui me fait découvrir une nouvelle face des centres sociaux que j'ignorais mais dont je pouvais bien me douter, tellement le constat est visible.
Le seul accès à la promotion reste les escaliers, dans mon cas j'ai pris les escaliers de secours, et j'ai pu construire mon projet de promotion moi même dans une structure dont j'ai participé à la création et en créant mon propre poste de directeur à la force de ma passion et de compétences approuvées. Et là, malheureusement et de nouveau, on se confronte à un nouveau type de frein, la promotion des projets par la financement. En effet, pourvu que les projets d'action que nous proposons s'adressent à des publics de la même nature éthnique que le directeur, sinon il ont très peu de chances d'aboutir.
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Vendredi 11 Avril 2008, 13:19
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Re: discimination freine la promotion
Je suis d'accord mais je ne pense pas que l'unique raison du manque de postes dans les centres sociaux soit un problème de discrimination.Il faut savoir que la CAF exige 5 années d'expérience de direction d'un équipement de type centre social pour... pour être recruté comme directeur ! Malgré mon DEFA et mon expérience d'une quinzaine d'années dans le social et l'animation, à chaque entretien d'embauche pour un poste de direction, la CAF remet sur le tapis cette exigeance.
Si on ne donne jamais la possibilité à des jeunes diplômés comme moi d'avoir accès à de tels postes, comment voulez-vous que je puisse acquérir ces 5 ans ?
De plus c'est la face visible de l'iceberg... la plupart des postes proposés aux Defasiens sont des directions adjointes de centres sociaux, appelées "coordination" pour nous payer à moindre tarif alors que bien souvent nous faisons un gros boulot d'anticipation, de coordination, de recrutement, de mise en réseau et de partenariat, de travail de terrain...
Que reste-t-il comme solution ? Actuellement le secteur éducatif semble s'ouvrir peu à peu à l'animation, considérent que la seule prise en charge individualisée et personnalisée, ne suffit plus, et qu'il faut également penser la place des jeunes dans un groupe social et dans des actions collectives.
Bravo pour ce blog que je lis souvent...
Si vous avez besoin de rédacteurs faites-moi signe !
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Vendredi 11 Avril 2008, 16:12
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Rédacteurs
Bonjour, eh bien Nicolas nous avons toujours besoin de rédacteurs! D'une manière générale nous sommes prêt à accueillir tous ceux qui souhaitent nous rejoindre. J'ajoute que (si tu lis souvent le blog tu a du t'en rendre compte), on fonctionne en ce moment en effectif un peu réduit (beaucoup de blogueur sont en stage un peu partout). Donc ta contribution sera d'autant plus bienvenue!A bientôt
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Vendredi 11 Avril 2008, 16:13
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Rédacteurs
Bonjour, eh bien Nicolas nous avons toujours besoin de rédacteurs! D'une manière générale nous sommes prêt à accueillir tous ceux qui souhaitent nous rejoindre. J'ajoute que (si tu lis souvent le blog tu a du t'en rendre compte), on fonctionne en ce moment en effectif un peu réduit (beaucoup de blogueur sont en stage un peu partout). Donc ta contribution sera d'autant plus bienvenue!A bientôt
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Samedi 12 Avril 2008, 14:18
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le seul fait que les arabes ne representent que 1.8 % des directeurs au lieu de 3,2 % n'est pas une preuve d'une dsicrimination
ce pourcentage laise d'ailleurs penser que l'assiette du pourcentage est tres faible et il est ridicule de faire des pourcentages sur tres peu de gens. à la limite, c'est juste que y'en a qu'un à marseille là ou y'en a deux dans les autres regions ? c'est une question de personne aussi .
savez vous que les concours de la fonction publique sont écrits pour la plupart . hé bien , les arabes n'y reussissent pas à proportion de leur presence . pourquoi ? je n'en sais rien, mais c'est ecrit et y'a peu de chance que y'ait discrimination. les candidats presentés sont en pourcentage moins bons . point .
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Vendredi 30 Janvier 2009, 21:29
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Vous aussi, tentez La Poste
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