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La Commune de Marseille - Episode 4

Jeudi 04/08/2011 | Posté par Jan Cyril Salemi

LES SÉRIES DE L'ÉTÉ - LA COMMUNE DE MARSEILLE. A l’automne 1870, Marseille a pris ses distances avec le pouvoir central. Sous l’impulsion de la Ligue du Midi, fondée en septembre, une éphémère Commune Révolutionnaire voit le jour début novembre.

Depuis déjà plusieurs semaines, la situation est devenue explosive à Marseille. Le gouvernement, qui face à l’avancée des Prussiens, s’est replié à Tours, n’a plus la moindre prise sur les événements. La Ligue du Midi et les révolutionnaires s’opposent aux républicains modérés et la ville n’est pas loin de la guerre civile. Fin octobre, les révolutionnaires parviennent à faire voter par la municipalité un impôt de trois millions de francs sur les riches, destiné à la Ligue du Midi. Mais des membres modérés du conseil municipal n’entendent pas laisser la Révolution s’imposer. Ils craignent que la mairie soit envahie et en avertissent le commandant de la garde nationale. A la différence des gardes civiques, qui sont une sorte de milice révolutionnaire, les gardes nationaux sont les représentants légaux de l’autorité. Le 31 octobre, pour parer à tout mouvement, le commandant ordonne à la garde nationale d’encercler l’Hôtel de Ville.

Le 1er novembre, la colère gronde en ville. La population n’accepte pas cette intimidation de la garde nationale. La foule se rassemble et marche sur la mairie. Les gardes nationaux sont vite débordés, le barrage est facilement forcé, et dans l’enthousiasme, la Commune Révolutionnaire de Marseille est proclamée.
Elle annonce : “Citoyens du Midi, une Commune Révolutionnaire, acclamée par le peuple marseillais, vient de s’installer à l’Hôtel de Ville. (...) Son but, citoyens, le voici : le salut de la République française UNE ET INDIVISIBLE. Le peuple a cru la majorité du conseil municipal incapable d’accomplir cette grande et noble tâche, il a voulu le remplacer par une Commune Révolutionnaire agissant avec énergie et résolution.”

L’ambition de la Commune est d’être reconnue par le gouvernement de Tours et de rendre officielle la Ligue du Midi. Mais Gambetta n’entend pas céder et veut reprendre la main. Il lui faut pour cela écarter Esquiros. L’administrateur, qu’il a lui-même nommé en septembre, lui est désormais ouvertement opposé et il est plus populaire que jamais auprès des Marseillais. Gambetta désigne alors Alphonse Gent pour succéder à Esquiros. Le 2 novembre, Gent arrive à Marseille. Sitôt sur place, il se rend à la Préfecture. Il y rencontre les gardes civiques, qui occupent le bâtiment depuis deux mois, et quelques délégués de la Commune. Ils essayent de le convaincre de céder son pouvoir à Esquiros. Gent refuse.
S’ensuit une bousculade, un coup de feu part, Gent est atteint au ventre. Mais sa blessure est légère, et il parvient finalement à tirer profit de toute cette confusion. Il ne porte pas plainte contre l’auteur du coup de feu, et cette attitude lui attire la sympathie populaire. Le lendemain, la garde nationale reçoit l’ordre d’évacuer les gardes civiques de la Préfecture. La population, redoutant un bain de sang, se masse devant le bâtiment pour empêcher l’affrontement. Après plusieurs heures de tension, le 4 novembre, les civiques acceptent de quitter les lieux dans le calme. Gent vient de gagner sa première bataille. Le retrait des civiques entraîne de fait la chute de la Commune, qui n’aura duré que quatre jours. Les insurgés quittent la mairie, mais Gent refuse de les poursuivre, persuadé que le calme précaire repose sur cette indulgence. En quelques jours, l’ordre est effectivement rétabli. Le 8 novembre, Gent annonce la fusion de la garde civique et de la garde nationale. Le même jour, Gambetta déclare la Ligue du Midi illégale. Le 13, Gent adresse un télégramme à Gambetta, assurant que “l’ordre tout entier règne à Marseille.”
Mais sous ce calme apparent, l’instabilité et l’effervescence vont couver pendant tout l’hiver. Jusqu’au printemps 1871, où la ville va connaître sa seconde Commune Révolutionnaire et une sanglante répression.

(à suivre...)

Crédit photo : Collection des Archives Départementales des Bouches-du-Rhône

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