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La Commune de Marseille - Episode 3

Mercredi 03/08/2011 | Posté par Jan Cyril Salemi

LES SÉRIES DE L'ÉTÉ - LA COMMUNE DE MARSEILLE. JAN CYRIL POURSUIT SON VOYAGE DANS LE TEMPS, en septembre 1870, Napoléon III a été capturé par les Prussiens, la République est proclamée en France. A Marseille règne un climat révolutionnaire. De cette confusion va naître la Ligue du Midi, véritable gouvernement autonome !

Au matin du 5 septembre 1870, le peuple de Marseille a pris possession de la Préfecture. Pour tenter de maîtriser la situation, Léon Gambetta, ministre de l’intérieur dans le tout récent gouvernement de la défense nationale, nomme Alphonse Esquiros comme administrateur supérieur des Bouches-du-Rhône. Celui-ci est connu pour ses idées socialistes et anticléricales, et le 7 septembre, il est accueilli à Marseille avec enthousiasme. Il règne alors une grande excitation populaire, encouragée par les gardes civiques. Cette sorte de milice citoyenne, qui regroupe essentiellement des ouvriers, s’est constituée de fait lors de l’occupation de la Préfecture.

Les républicains modérés, un peu débordés, ont laissé se former cette garde civique révolutionnaire, qui fait autorité dans les rues. Elle procède à des arrestations expéditives et se montre intransigeante envers tous les opposants à la Révolution. Avec la bienveillance d’Esquiros, les gardes civiques accentuent leurs actions et s’en prennent violemment aux notables et à l’Eglise. A son arrivée, Esquiros, avait constaté que la dictature à Marseille était “celle de l’opinion publique”, et il décida de lui accorder quelques “sages concessions.”

Mais l’administrateur se trouva rapidement pris entre deux feux : d’un côté, maintenir l’ordre et d’un autre, laisser s’exprimer la révolution. La mission est complexe, elle l’est d’autant plus que le gouvernement central est sous la menace. Les Prussiens s’approchent de Paris, et la France semble incapable de résister à l’avancée. La nation est proche de l’implosion. Pour défendre la souveraineté du territoire, Esquiros accepte les propositions d’un comité qui réclame la création d’un gouvernement du Midi.
Le 14 septembre, Esquiros adresse un véritable ultimatum à Paris. Il demande sous trois jours l’autorisation pour les départements du Midi de s’organiser militairement. La réponse ne vient pas, et le 18 septembre, Esquiros annonce la constitution de la Ligue du Midi, qui aura “la liberté d’action entière pour l’organisation de la défense nationale.”

Treize départements s’unissent pour essayer de “sauver le nord” : Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Var, Vaucluse, Alpes Maritimes, Basse-Alpes, Hautes-Alpes, Drôme, Ardèche, Haute-Loire, Rhône et Isère. Marseille est désignée capitale de cette Fédération, qui forme un véritable gouvernement, avec Esquiros à sa tête. Mais au-delà du programme militaire, l’ambition de la Ligue est aussi d’imposer des décisions politiques et révolutionnaires : confiscation des biens du Clergé, séparation de l’Eglise et de l’Etat, application d’un impôt sur la fortune, liberté de la presse, etc.
Le gouvernement central ne veut pas céder à cette agitation, mais il est déjà est dépassé par son ampleur. Début octobre, la Ligue du Midi annonce : “Nous sommes résolus à tous les sacrifices, (...) et nous ferons appel à la Révolution implacable et inexorable, avec toutes ses haines, ses colères et ses fureurs patriotiques.”

Gambetta tente de destituer Esquiros. Mais le soutien de la population, qui a juré “de brûler la ville plutôt que de laisser partir Esquiros”, est tel qu’il reste en poste. Durant tout le mois d’octobre, l’opposition au pouvoir central ne cesse de s’amplifier. La ville vit désormais en situation de rébellion. Toutes les conditions sont réunies pour que soit proclamée officiellement la Commune Révolutionnaire de Marseille. (à suivre...)

Crédit photo : Collection des Archives Départementales des Bouches-du-Rhône

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Jan Cyril Salemi -