Adieu ma concubine... version marseillaise
Mercredi 11/03/2009 | Posté par Chen Yu (EJCM)
VIDEO EN +. Vous avez vu "Adieu ma concubine" ? Et bien il existe à Marseille, une véritable spécialiste de l’Opéra de Pékin. Danseuse, Cyrielle Périlhon revient tout juste de 3 ans d’études en Chine. Chen Yu est allé la rencontrer.
La maison de Cyrielle ressemble à la fois à une petite boutique de souvenirs de Pékin et à l’appartement d’une étudiante chinoise. D’un côté, les étagères sont remplies de livres en chinois… De l’autre, le mur est décoré d’éventails en papier et de calligraphies. Dans son armoire, sont suspendus les costumes des différents personnages féminins de l’Opéra de Pékin.
Cyrielle Perilhon, tout sourire, entre dans la pièce. Elle salue en Chinois. Cette danseuse de 27 ans vient juste de finir trois ans d’études en Chine consacrés à cet art de spectacle vieux de 200 ans. En Chine, cette forme d’opéra appartient au patrimoine culturel. Longtemps, il a été l’un des arts les plus appréciés en Chine. Mais, aujourd’hui, rares sont les Chinois à s’y intéresser. Ainsi, dans la classe de Cyrielle, sur près de 30 élèves qui suivaient ce cursus, une vingtaine ont abandonné. Cyrielle, elle, s’est accrochée. Elle a confié à Chen Yu, reporter du Marseille Bondy Blog, les détails de son aventure.
Quand as-tu commencé à t’intéresser à l’Opéra de Pékin ?
Cyrielle Perilhon : "J’ai commencé par suivre des cours d’acrobatie dans un club à Marseille. J’y ai acquis une base physique indispensable à l’apprentissage de la danse. Passionnée de culture chinoise, j’ai passé un diplôme de Chinois à l’université Paris VII. Parallèlement, j’ai poursuivi des études de danse contemporaine dans la même Université avec l’espoir d’être danseuse. Au cours de la formation, en 2003, il y avait un programme d’échange des étudiants entre mon université et une école d’arts du spectacle à Taibei, capitale de Taïwan, le Taïwan Junior College of Performing Arts. J’avais là, une opportunité de pratiquer la danse et de découvrir mieux encore la culture chinoise. Je suis tout de suite partie à Taïwan.
Vous y êtes restée pendant combien de temps ?
C.P. : Le programme ne durait qu'un mois… Et j’y suis restée pendant 2 ans ! En fait, en découvrant l’Opéra de Pékin, je n’ai plus eu envie de repartir ! J’ai adressé une requête à l’école pour entrer dans cette spécialité. C’était difficile au niveau administratif parce qu’il n’y avait pas de précédent. Mais, après des formalités complexes, je suis devenue la première étudiante étrangère de cette école d’Arts du spectacle.
En 2006, j’ai obtenu un diplôme d’actrice de l’Opéra de Pékin. Mais le terme «Opéra de Pékin» est une mauvaise interprétation. Cet art est un spectacle complexe, à la fois sonore et visuel, qui repose sur quatre compétences de base : chanter, danser, dialoguer et combattre. Tout cela est très différent de l’opéra. Une fois que j’avais découvert tout cela, il m’a fallu rentrer à Marseille… Mais la Chine me manquait. En fait, je ne me suis pas réhabituée à la vie en France. Alors, début 2007, je suis repartie en Chine. Je me suis inscrite pour un an dans l’école de spectacle de la ville de ChenDu, capitale de la province de SiChuan au sud-ouest de la Chine. En plus de l’Opéra de Pékin, j’y ai appris un style de danse qui mélange les Arts martiaux, l’Opéra et les mouvements de la danse contemporaine.
Dans le passé, les maîtres de l’opéra de Pékin étaient très sévères, parfois même violents. Est-ce toujours le cas?
C.P. : (rires) Non, non, la sécurité des étudiants est garantie... Mais notre maître était vraiment strict avec nous. Pendant la première année, à l’école de Taïwan, tous les jours, on apprenait les techniques de base. A la moindre erreur, la professeure nous blâmait. Cela m’arrivait souvent mais cela ne l’a pas empêché de me trouver un étudiant de haut niveau pour m’aider après les cours.
La deuxième année, on devait choisir un personnage. Il y a quatre rôles types dans l'Opéra de Pékin : le «Sheng» qui représente les personnages masculins, le «Dan» pour les féminins, le «Jing» pour les guerriers, et le «Chou» pour faire rire. Moi, je joue une sorte de «Dan», le «Qing Yi», la robe verte en français, qui représente les femmes élégantes, comme la reine ou la demoiselle d’une famille noble. Cette année-là, j’ai appris à jouer l’héroïne de la pièce Adieu ma concubine, une pièce classique d’après une vraie histoire d’amour célèbre en Chine.
Finalement, vous connaissez cet art mieux que les Chinois de votre âge. En Chine, on considère qu’il est en crise. Pensez-vous en faire votre métier ?
C. P. : Oui, je vais essayer. Quand je suis revenue en France, j’ai participé à une association "Tétraèdre" qui forme les formateurs en danses, d’ici et d’ailleurs. J’ai donné des cours de danse contemporaine et un peu d’arts martiaux chinois. Le problème c’est qu’il y n’a pas beaucoup d’opportunité de donner de cours d’Opéra de Pékin ni même des représentations. Il faut bien connaître l’histoire de la Chine. Désormais, le gouvernement chinois a rendu obligatoire son apprentissage dans les écoles primaires. Pour ma part, je vais essayer de faire connaître cet art un peu partout en France".
Voir la Vidéo réalisée par Mehdi Meziane Bat13-tv.org (Média2-Méditerranée).
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Par Tony Off