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Un printemps érable pour éviter une rentrée (mis)érable

Lundi 25/06/2012 | Posté par Pascaline

Depuis plus de trois mois, un mouvement de protestation étudiant agite le Québec. Pascaline a interrogé Isabelle, une étudiante de Montréal. Toutes les deux nous ont en disent plus sur les raisons de cette colère.

Printemps de jasmin, los indignados, printemps érable,… les mouvements sociaux aux noms poétiques ont le vent en poupe depuis quelques temps. Temps de crise, temps de rigueur, temps  d’inégalités… que les moins de vingt ans se doivent de connaitre ? 

Au Québec, cela fait plus de trois mois que le mouvement à commencé, avec une marche pacifique le 22 mars dernier réunissant 250 000 personnes à Montréal. Il est venu se faire entendre jusque chez nous, lointains cousins français qui pensions que nous avions le monopole des grèves, sit-in et autres formes de manifestations.

En cause ? La hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement de Jean Charest, premier ministre de la province du Québec. C’est peu dire que cette décision a provoqué un véritable tollé dans toute la classe estudiantine, mais aussi au-delà, tant cette décision et la gestion de la "crise" étudiante ont été le reflet d’une politique libérale.

Ce printemps érable est en train de devenir un ras-le-bol général contre un gouvernement qui reste campé sur ses positions et une accumulation de mauvaise gestion

Nous sommes allées interviewer Isabelle, étudiante en bac (équivalent de la licence) de géographie, à l’université de Montréal pour avoir son point de vue sur la question.


Carré rouge et carré noir 
Elle a tout d’abord tenu à nous préciser sa position, dans le conflit, mais aussi dans les associations étudiantes, puisque les deux sont liées.

Ainsi, chaque programme universitaire (géographie, lettres, économie…) a son association ; et celles-ci sont elles-mêmes regroupées en trois grandes associations, qui regroupent toutes les universités du Québec.

Il y a les Fédérations Etudiantes Collégiale (FECQ) et Universitaire (FEUQ) du Québec, plus modérées, et la Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Etudiante (CLASSE), plus radicale.

En étant affilié de fait à cette dernière, qui va jusqu’à demander la gratuité scolaire, notre correspondante se doit d’être avec eux, mais elle se dit plus modérée, considérant comme "normal" le fait de payer une partie des frais scolaires, comme c’est actuellement le cas au Québec.

Mais elle nous explique que les étudiants se serrent déjà la ceinture pour pouvoir rembourser leurs prêts* à la fin de leurs études, et que ce sera pire si les frais augmentent. Si les coûts sont similaires entre les filières, les salaires à la sortie sont parfois très différents (un médecin gagnera bien plus qu’un philosophe par exemple).

Le risque est donc, avec l’augmentation de ces frais de scolarité, que les étudiants choisissent d’avantage les filières qui paient le plus à la fin. Et comme nous le dit Isabelle, "il faut aussi des philosophe, des géographes…" 

Par ailleurs, elle souligne que si les frais sont moins élevés au Québec que dans le reste du Canada, c’est parce que les impôts sont beaucoup plus importants dans cette province, et donc le gouvernement veut les "faire payer deux fois."

Ces questions-là, d’après l’étudiante, n’ont jamais été abordées, puisque le débat à tourné sur la violence, les casseurs… Et elle ajoute que le gouvernement a tout fait pour imposer sa décision, dans une guerre d’usure où les discussions avec les représentants étudiants n’ont été entamées qu’un mois et demi après le début de la grève.

Les illustrations de ces positions "paternalistes et condescendantes" sont diverses. Le mouvement étudiant, symbolisé par le carré rouge, et les grèves de casseroles (chaque gréviste est descendu dans la rue à 20h taper sur sa casserole pendant 30 jours) a donné lieu à un mouvement plus large, lorsque le gouvernement à voté une loi spéciale (loi 78) qui restreint considérablement le droit de manifester : le mouvement des carrés noirs, qui signifie le deuil de la démocratie qu’engendre cette loi, critiquée même par Poutine !

Par ailleurs, en ce qui concerne l’année scolaire des étudiants, Isabelle nous explique qu’elle a été suspendue jusqu’au 27 août, et qu’un nouveau calendrier a été établi pour rattraper les cours. Mais l’étudiante à peur que ça continue en août, car "les vacances ne règleront rien", ni la hausse prévue pour septembre, ni le ras-le-bol. 


Stratégie et corruption
D’après elles, le gouvernement du Québec joue ici sa stratégie électorale, pour les élections à venir en automne. Stratégie qui consiste à négliger les savoirs et l’université pour privilégier la construction de routes pour les compagnies minières d’extractions de diamants au nord du Québec.

C’est ici que notre correspondante parle de mauvaise gestion, en ajoutant les problèmes de corruption dans la construction, alors même que je pensais que, jamais au grand jamais, la corruption ne pouvait exister au Québec : "il y en a partout !" m’a-t-elle répondu avec un amusement teinté de désespoir.

Le Québec ne serait-il pas aussi exemplaire que ce que l’on veut bien croire ici, nous petits  cousins français ?

Ma conclusion sera plutôt de dire, que le Québec est aussi en prises à des politiques néo-libérales qui mettent à mal ses acquis sociaux issus de la révolution tranquille des années 1960, qui sont encore aujourd’hui perçus comme exemplaires.

Mais le Québec peut aussi compter sur un fabuleux vivier de mouvements sociaux, de coopératives, d’organisations communautaires,  pour contrer ces politiques néo-libérales, en pallier les méfaits ou développer de nouveaux modèles économiques.  



: Le gouvernement accorde des prêts aux étudiants pour financer leurs études, qu’ils devront rembourser à la fin, au maximum un an après leur dernière année. Ces frais s’élèvent environ à 12 000 dollars (9300 euros) pour un bac, soit trois ans d’études supérieures.


A noter qu'hier, dimanche 24 juin, une
casserolade mondiale était organisée, en soutien au étudiants québécois.





Crédit photo : Pascaline



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Pascaline -