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En Afrique, les chats et les chiens sont-ils menacés de disparition (1) ?

Mardi 14/04/2009 | Posté par Ange Niama (avec B.G.)

A Marseille, dès qu’on parle chats et chiens africains, d’Algérie au Congo, les gens évoquent de mystérieuses disparitions. Surtout si des Chinois sont installés dans le pays… Une savoureuse enquête d’Ange Niama dans les rues de Marseille.

Dans la plupart des grandes villes africaines, et au cœur même des bidonvilles, les chats et les chiens font partie du quotidien. Jusque-là, une forme d’autorégulation maintenait leur population à un niveau à peu près constant. Or, depuis quelques temps, leur nombre baisserait singulièrement. Notamment dans les pays africains où des Chinois sont durablement installés. D’Alger à Brazzaville, la rumeur publique explique la disparition des chats et des chiens par les habitudes culinaires de ces derniers. Même si rien ne vient accréditer cette thèse, la rumeur est tellement persistante qu’elle a traversé la Méditerranée.

Pour alimenter notre curiosité sur ce sujet, nous sommes allés au marché de Noailles, recueillir un certain nombre de savoureux propos. Nous avons croisé M.Keita, un docteur malien qui a justement une anecdote :

«En rentrant d’une mission de travail à Ségou ( à 200 Kilomètres de Bamako), mon père m’a fait savoir que mon chien avait été victime d’un kidnapping et par la suite consommé comme viande au cours d’un barbecue par les Chinois qui construisent les immeubles d’à côté. Irrité de colère, sans croire vraiment à cette histoire, je me suis dirigé vers ces Chinois pour chercher à rassembler les éléments concrets et étudier les possibilités d’une éventuelle traduction en justice franchement pour homicide volontaire exagéré sur chien errant en l’absence de son maître et violation des libres champs spatiaux d’action des chiens».

Monsieur Keita voit sortir un homme du chantier de construction à qu’il y demande des explications. Celui-ci lui répond : «Pardon monsieur, on n’avait pas trop le choix, car ça fait deux jours que nous ne mangeons presque pas et travaillons dur dans le bâtiment. La seule chose que nous avons mangé c’est du riz, et donc votre chien qui se promenait seul de poubelle en poubelle était une opportunité pour nous. On ne pouvait pas imaginer qu’il appartenait au docteur; on a pris les choses comme on a l’’habitude de le faire avec les chats et autres chiens».

Après cette histoire plutôt inédite, nous avons voulu vérifier si la rumeur répond à une géographie plus large sur le continent Pour ce faire, nous avons recueilli les commentaires d’un distributeur de prospectus d’origine camerounaise :

«Personnellement, je n’ai pas vécu d’histoire de disparition des chiens et chats errants, donc mon argumentaire ne vous créera pas un plaisir auditif particulier. Par contre, je sais qu’avec la crise économique qui ravage le Cameroun depuis déjà plusieurs dizaines d’années, de plus en plus de propriétaires perdent le contrôle sur leurs animaux domestiques, notamment les chiens et les chats. A un moment donné, ces animaux envahissaient les poubelles et se promenaient souvent en groupe autour d’un lac de mon quartier. Vous savez, en Afrique, et en particulier au Cameroun, dans la plupart des coins des grandes rues, il y a des commerçants des viandes prêtes à manger qui font des barbecues de viande de bœuf, de porc, de poulet et de poisson à la belle étoile».

Notre distributeur de prospectus fait une pause pour s’éclaircir la voix et reprend : «Depuis la généralisation de ce genre de commerce et l’arrivée des Chinois à la fois dans les grands travaux, les grosses affaires et le commerce de petits produits à même le sol, on assiste à une raréfaction des chiens et des chats errants».

De cette histoire très amusante,  naît ma curiosité de connaître la cause de cette disparition : est-ce dû aux habitudes culinaires des Chinois ? Ou peut-on inclure l’hypothèse de la mort de ces animaux pour des raisons de famine, surtout que leurs cadavres sont rarement signalés?

La suite au prochain épisode, pour savoir si la rumeur a touché d’autres pays africains représentés à Marseille.

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Ange Niama (avec B.G.) -