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Duval MC balance du lourd !

Vendredi 01/07/2011 | Posté par Leia Santacroce

Que faire à l’Estaque de bon matin ? Rencontrer Duval MC, pardi. 2011 est l’année de son nouvel opus : "Etat second", un album qui s’écoute petit à petit. SON en +

« Je n’ai pas encore bu le café » m’avoue-t-il. Direction la brasserie la plus proche pour savourer enfin le kawa salvateur. On surplombe la mer, on est bien. Tout en empilant ses sucres avec minutie, il répond posément à mes questions. « Le libre téléchargement, c’est d’abord et surtout pour faciliter le partage, m’explique-t-il. C’est également pour faire des économies. » Cette diffusion expérimentale est le fruit d’un gros travail : celui de son « équipe-promo ». « On n’est pas la quadrature du net, mais pas loin » : Duval MC a la déconne facile.

Le public pourra le voir sur scène dès l’automne prochain. En attendant, c’est au goutte à goutte que l’on découvre son nouvel album. A chaque fin de mois depuis le 31 janvier, un nouveau morceau est accessible en libre téléchargement sur son
site internet. Plus de 4200 clics en six mois : le score est plus qu’honorable. Le dernier titre en date : Je fais que mon boulot, un concentré de ras-le-bol, comme nombre de ses chansons.

Un indignado


Duval MC n’a pas attendu Stéphane Hessel pour s’indigner. Dès
Matières premières* en 2008, son credo était lancé, il est toujours d’actualité : « Je suis une balance et je le revendique - Je donne des noms des faits je suis un putain d’indic »**. D’ailleurs, il a encore un paquet de comptes à régler avec l’Etat français, d’où Etat second. « La chanson Quand j’entends le mot France, elle aurait pu durer des heures, j’ai dû faire de réels efforts de concision. » me confie-t-il.

Ce qui le met particulièrement en pétard, c’est la mélasse langagière. Il s’y attaque entre autres avec le morceau Bla-bla durable. Dans le même ordre idée, à peine ai-je prononcé les traîtres mots de « Marseille 2013 » qu’il s’exclame : « Un scandale ! De l’urbanisme mercantile. » Révulsé, il poursuit : « sur leur site, on peut lire tous ces mots qui ne veulent rien dire : mixité, diversité, développement culturel. Et le simple mot rap n’apparaît pas une seule fois. Il y a cinq cents milliards de MC à Marseille et le rap n’est même pas mentionné. » Le Marseillais a beau exagérer, là, il marque un point.

Un passeur

Outre la novlangue, Duval MC s’en prend à l’Etat policier. Les caméras de surveillance sur la pochette de l’album, ce n’est pas un hasard. De Londres à Marseille, big brother is watching you, petit frère. Petits frères, petites sœurs, il pense à eux Duval MC, surtout depuis qu’il est papa. Régulièrement, il anime des ateliers rap : « des rencontres autour de l’écriture » comme il les définit.

Aussi, la question de la transmission des savoirs le touche profondément, lui qui voue au système scolaire une haine viscérale. « Pour moi, il est important de dire que la France est le fruit d’une histoire. J’ai été traumatisé par mes lectures. Trau-ma-ti-sé » insiste-t-il à plusieurs reprises. En l’occurence, son bouquin du moment est plutôt costaud : Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique. « Ensuite dans mes textes, je fais le relais, je vulgarise. »

Une balance, un crieur, un passeur : en somme, un sacré rappeur que ce Duval MC.


ETAT SECOND by duvalmc

* Son premier album
** Extrait de Balance, issue de Matières premières


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Leia Santacroce -