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L'humeur de Charlotte : Débat fumeux autour du prix du tabac

Jeudi 20/10/2011 | Posté par Charlotte Lazarewicz

Charlotte a une bonne mémoire. Elle se souvient d’une époque où le paquet de cigarettes coûtait 12 francs. Il vient de passer la barre des 6 euros. Au nom de la santé publique, l’état encaisse la différence. Bilan : les ventes baissent, pas la consommation. Humeur fumeuse.

La nouvelle est tombée. Comme un couperet, une ultime menace formulée aux fumeurs invétérés : le paquet de cigarettes a augmenté de trente centimes lundi 17 octobre, obligeant ainsi la plupart des marques à passer au-dessus de la barre symbolique des six euros. Technique de l’Etat pour se mettre toujours plus d’argent dans les poches ou véritable démarche de santé publique ? La question reste en suspens.

Buralistes en mauvaise santé
66 000. C’est le nombre de décès liés à la cigarette en France. Ce n’est pas pour rien qu’est désormais affiché en lettres grasses sur tous les paquets : "Fumer tue", message le plus souvent accompagné d’une image d’un poumon noirci ou pire, d’un enfant malade. C’est indéniable, la clope est au fil du temps devenue un véritable problème de santé publique que l’Etat s’est mis en tête d’éradiquer. Le hic, c’est qu’en luttant contre la grande blonde, le risque de tuer à petits feux les buralistes est bel et bien présent.

Ce ne sont en effet ni la nicotine ni les nombreuses substances toxiques que contiennent ces petits bâtons maléfiques qui leur nuisent le plus mais bien la baisse des ventes consécutive à la hausse des tarifs. Oui mais voilà, avec ces nouvelles mesures, l’Etat prévoit d’empocher dans les 650 millions d’euros. L’argument officiel : combler le trou de la Sécu et soigner les cancers. L’officieux, si l’on se fie aux fumeurs sceptiques : s’en mettre plein les poches.

75% d’augmentation en 20 ans
Que l’on soit fumeur ou non, impossible de ne pas avoir constaté la hausse faramineuse que connaît le tabac. Il est loin le temps où on avait vingt cigarettes d’avance pour douze francs (soit l’équivalent de deux euros environ). Loin la douce époque où s’en griller une était un geste anodin et ne laissait aucunement place à la sacro-sainte question "m’en restera-t-il pour ce soir ?". Les professionnels de la santé disent que c’est tant mieux, les malades du poumon et de la gorge sont bien obligés de l’admettre : fumer, c’est dangereux.

Mais le problème ici, ce n’est pas tant cela. C’est plus la réelle intention qui se cache derrière ce flot de bons sentiments. Car cet Etat, qui taxe les cigarettes, taxe aussi désormais les boissons sucrées et l’alcool, toujours dans cette démarche affichée de défense de la santé publique. Bonne conscience ou vaste hypocrisie, le débat fait rage depuis des années. Enfermés dans leur bulle, certains fumeurs restent cependant complètement indifférents à ces hausses de prix et ne consentent pas à rechigner à ce plaisir malsain. Qui plus est, d’autres solutions pour se fournir à un prix plus bas ont explosé ces dernières années et, en la matière, Marseille n’est pas en reste.

Marché parallèle et nouvelles consommations
On ne présente plus la vente à la sauvette, l’achat à l’étranger (l’harmonisation européenne du prix du tabac ne semble pas près de se concrétiser) ou encore, génération 2.0 oblige, les commandes sur internet. Ces moyens dérivés permettent à l’incorrigible consommateur de tabac de s’en sortir à un moindre coût.

A Noailles, il n’est pas rare de croiser des vendeurs, de jour comme de nuit. Celui que j’aborde dit vendre son paquet 4,50€, ce qui n’est pas forcément donné. "C’est français", insiste-t-il, "c’est moins cher que chez le marchand de tabac". Il le reconnaît, ils se font parfois attraper mais avec la hausse du tabac de ces derniers jours, impensable de ne pas être sur le front. "Le fait que certains paquets soient maintenant à six euros, c’est bon pour le commerce", ajoute-t-il, tout sourire.

Ceux qui refusent de contribuer à ce marché noir en pleine expansion pourront toujours se consoler sur le tabac à rouler, sans oublier d’ajouter cinquante centimes à leur porte-monnaie. Doit-on interdire définitivement la cigarette ? Tendre vers une réglementation à l’américaine (dans certains Etats, on ne peut fumer qu’à une certaine distance des bâtiments) ? Tandis que l’on cherche désespérément des solutions et des compromis, les volutes de fumée emportent avec elles nos derniers deniers.


crédit photo : Charlotte Lazarewicz

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Charlotte Lazarewicz -


Réactions des internautes

Romuald
Jeudi 20 Octobre 2011, 13:30
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Je suis non-fumeur et n'ai même jamais essayé - à part le tabagisme passif   - donc je ne sais pas si mon avis aura une grande valeur...

D'après moi, l'augmentation du tabac permet probablement de dissuader les non-fumeurs, de « tomber » dans cette drogue (légalisée), notamment les mineurs qui hélas semblent de plus en plus nombreux à fumer.


En revanche, il est clair que ces augmentations impactent de façon cruciale les budgets, déjà maigres, des populations qui fument le plus, càd les populations dites précaires...

Malgré tous les débats, on ne peut tout de même pas nier que le tabagisme provoque des dizaines de milliers de morts par an (morts dites évitables; 100.000 avec l'alcoolisme)....


PS : attention quand même avec les clopes vendues à la sauvette par certains réseaux; ce sont des cigarettes dites de contrefaçon, fabriquées généralement en Chine, et dont les ingrédients ne sont pas spécialement recommandables : sciure, insectes, ciment etc............

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