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Mimosa, maître voilier et un peu plus !

Samedi 31/12/2011 | Posté par Elina Baseilhac

SELECTION 2011 - JUIN -- Gilles Jarnot, dit « Mimosa », est maître voilier dans la rade de Toulon. Dès 8h30 le matin, il arpente son local du bout du port pour découper, coudre ou coller toutes sortes de matériaux. Avec vivacité, il enchaîne sans s’arrêter ses travaux de mise en forme.

« Mimo » ne trouve pas ce qu’il cherche « dans le bordel ». Il se déplace d’un coin à l’autre de la pièce avec des pas brefs et rapides qui font un bruit sourd sur les planches. A l’arrière de la voilerie, des rouleaux de toile de toutes les couleurs sont posés en vrac sur une étagère. En-dessous, des morceaux de voiles usagées sont amassés dans des cartons imbriqués les uns dans les autres.

D’un geste sec, l’homme déplie une immense voile blanche. « ‘Ya un crou ! », plaisante-t-il. Assis sur la table, il sort ses longs ciseaux et se met à découper des bandes de tissu pour couvrir la déchirure. Il chante à voix haute et fait siffler la voile en la tirant sans ménagement d’un côté ou de l’autre.

Dans l’atelier tout en longueur, les commandes s’entassent. L’entrée propre et refaite à neuf contraste avec le fouillis du fond. La façade et la porte en verre laissent passer un flot de lumière. Les trois machines à coudre rangées contre le mur attendent le tissu. Gilles Jarnot choisit la grosse verte toute rouillée. « Tu peux coudre du contreplaqué de six millimètres là-dessus », affirme-t-il. Sérieux et concentré, il fait retentir le « tac tac tac » de l’aiguille. Les bouts de fil jetés volent dans l’air aux senteurs de colle.

« Voilà. Ca, c’est fait », lance le maître voilier en replaçant dans sa housse la voile qu’il a terminé de réparer. Il s’agenouille sur le parquet et tire la fermeture éclair du sac étalé par terre. C’est encore à quatre pattes sur le sol qu’il prend les mesures d’un grand panneau de plastique souple. Ce sera la capote d’une cuisine extérieure. Le travail sur les voiles se fait rare pour Gilles Jarnot. « Si je faisais que ça, je pourrais pas », déplore-t-il.

Il prend une cigarette dans ses grandes mains brunes et l’allume avec le fer à chaud. Dehors, les rares passants déambulent dans le calme et jettent des regards curieux. Le cliquetis des mâts qui se balancent se mêle aux annonces du ferry pour la Corse qui résonnent. Dans la journée, il devra récupérer une voile à Marseille pour la livrer à La Seyne.

« Non, je vais manger du Gasoil », répond-il à sa mère qui lui propose de venir dejeuner à la maison. Elle est passée avec sa petite-fille admirer le local retapé. Il leur montre les changements et explique les projets : « j’enlève une table et là il y aura l’établi ». « Le résultat est parfait », assure la mère.

Mimosa s’assied devant l’ordinateur pour remplir les factures. Il lève ses yeux bleus de temps en temps pour regarder à l’extérieur. Le téléphone sonne : « allô ? allô ? Ca marche pas ma chérie ». La liaison est mauvaise. Son amie le rejoint un peu plus tard. Elle profite du matériel pour confectionner des sacs à main à base de chutes de voiles.

Le maître voilier attaque les devis. Au-dessus de ses cheveux bouclés, une étagère est remplie de coupes gagnées lors de régates. Ce week-end, il ne pourra pas participer à celle de la Société Nautique de Marseille, qui compte pour le championnat de France, il travaille.

Article réalisé en partenariat avec l’Atelier Journalisme de Marseille.

Crédit photo : Nanel4

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Elina Baseilhac -