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Noailles (2) - « Avicenne », un homme hospitalier

Lundi 21/04/2008 | Posté par Samia Ouari

UN MATIN A NOAILLES. Qu’il est bon et reposant de parler avec le propriétaire de cette librairie, endroit paisible, à l’écart des fureurs…

Lors de notre visite dans le célèbre quartier de Noailles pour l’école du blog, nous avons découvert un quartier bien particulier. Nous avons tout de suite été frappées par une librairie plutôt isolée mais originale et attirante. Cette librairie nommée Avicenne est spécialisée dans la littérature religieuse musulmane, mais nous y avons trouvé aussi de nombreux livres de cuisine orientale, des ouvrages relatant la culture du Maghreb, des cartes postales, des kamis, des chapelets, des bâtons de senteur, des babouches...

Ce samedi matin, le propriétaire – qui ne souhaite pas qu’on communique son nom, par pudeur ou par souci de tranquillité – nous accueille avec un grand sourire et beaucoup de chaleur humaine. A l’intérieur de la librairie, le dépaysement est total. Le propriétaire nous met tout de suite à l’aise. Il possède la boutique depuis plus de huit ans. Cet homme semble avoir une grande érudition sur l’islam. « Mon père était un grand imam en Algérie, il m’a fait aimer la culture et les livres. Tous les jours, je lis un nouveau livre en attendant les clients », confie-t-il. Il dit aimer son métier plus que tout et même s’il affirme que son commerce ne l’enrichit pas, il enrichit son savoir et cela suffit à son épanouissement…

Le propriétaire de la librairie Avicenne a 68 ans. Il nous raconte qu’il est diplômé en littérature et ancien professeur de lettres. Il nous parle également de son quartier, Noailles. « L’ambiance n’est plus aussi chaleureuse qu’à ses débuts, dit-il, les gens s’individualisent de plus en plus, ce qui casse le coté souk du quartier. Néanmoins, Noailles reste un carrefour culturel ou l’on parle aussi bien arabe, sénégalais que français. » Les prix y sont plus attractifs qu’en grande surface, on y trouve de tout et on s’y sent bien ! Cela reste tout de même un endroit marginal où l’on a le reflexe de serrer son sac à main.

« Depuis un certain temps, les contrôles de police se multiplient et les clients fuient le quartier », indique le propriétaire. Nous lui demandons par ailleurs ce qu’il pense du projet de la Grande Mosquée de Marseille. « L’imam, répond-il, c’est le plus important pour moi, si l’imam est bien, j’irai, sinon je garderai mes habitudes. »

Cette petite excursion matinale à Noailles nous a fait littéralement voyager. Le libraire nous a dévoilé son grand projet : agrandir sa boutique. Le moment passé avec cet homme hospitalier fut très agréable, chose assez rare de nos jours dans un commerce. La réputation de Noailles, à tort ou à raison, n’étant pas des meilleures, nous avons trouvé là un havre de paix.

Samia Ouari et Eva Soncin

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