Les multiples visages de Noailles
Mercredi 04/04/2012 | Posté par Emilie Delrieu (EJCM)
QUARTIERS DVERS - Zoom sur le quartier Noailles, situé dans le 1er arrondissement de Marseille, à deux pas de la Canebière. Visite guidée, en compagnie d’Emilie.
Installée non loin du Cours Julien depuis presque deux ans, j’ai souvent eu l’occasion d’arpenter les rues de ce quartier, populaire et bouillonnant, où se côtoient différentes populations et cultures, notamment magrébines, africaines ou comoriennes. Quartier multiethnique, Noailles abrite également différents espaces urbains : des rues marchandes, des petits immeubles de ville ou encore des hôtels particuliers.
Plaisir des yeux et des papilles
Quartier au carrefour des cultures, Noailles est aussi l’endroit où l’on retrouve les cuisines du monde : petit tour d’horizon d’adresses qui ont retenu mon attention.
Une envie de pizza ? Rendez-vous en bas du marché des Capucins, à l’angle de la rue des Feuillants, devant l’une des trois pizzerias mitoyennes, spécialisées dans les pizzas "à emporter", à des prix défiant toute concurrence. Face aux vitrines semi-ouvertes, difficile de résister à l'odeur et à la vue appétissantes des pizzas tout juste sorties du four, que l’on peut choisir demie ou entière, selon l’envie.
Il suffit de faire son choix parmi la carte des royales, napolitaines ou siciliennes, agrémentées aux oignons, fromages, champignons, et autres ingrédients. Il y en a donc pour tous les goûts et pour tous les styles de gourmands, qu’ils soient amateurs de viande ou végétariens.
Egalement en lien avec la gastronomie, Noailles est aussi réputé pour son marché de fruits et légumes, place des Capucins.
Véritable "centre commercial" grandeur nature, Noailles comprend également de nombreux commerces d'alimentation, qui proposent un large choix de produits à des prix bas, reflétant aussi les différentes appartenances culturelles de la population environnante.
Cette fois encore, un large choix s’offre à nous : viandes, poissons, fruits secs, épices orientales ou autres produits d’origine africaine, antillaise ou encore turque.
Outre ses nombreux délices, ce quartier commerçant accueille également la Maison Empereur, rue des Recolettes, une quincaillerie ancienne, que j'ai découverte un peu par hasard et qui s'est révélée être une vraie caverne d'Ali Baba culinaire.
On y trouve des cocottes, des ustensiles de cuisine, des poêles, un rayon consacré aux couteaux de toute sorte, des vieux moulins à café ou encore des théières "vintage". Le petit plus : les vendeurs, très à l'écoute, nous dénichent toujours ce que l'on cherche et pour un prix tout à fait abordable.
Singularités marseillaises
Dans un tout autre registre, les rues de Noailles sont aussi connues pour leurs soucis de propreté (ordures jetées à même le sol, déchets issus des marchés, etc.). Mais c’est sans compter sur l’action de certaines structures de quartier qui proposent de remédier à ce problème, disons majeur.
Parmi les associations culturelles et éducatives qui existent à Noailles, il y a le Recyclodrome, véritable ressourcerie et nouveau concept écolo à la mode. L’association qui s'en occupe a la volonté de lutter contre l'insalubrité en s’attaquant au gaspillage et en agissant pour le réemploi des objets, qu'ils aient une fonction utilitaire ou décorative.
Par le biais d'ateliers et d'animations dans les écoles du quartier, l'association essaie de sensibiliser les habitants afin qu'ils accordent une seconde vie à la leurs objets du quotidien.
Donc, avis aux Marseillais qui s’empressent de tout jeter : si vous passez dans le quartier, n’hésitez pas à vous arrêter au Recyclodrome, rue Chateauredon, pour y déposer vos objets afin qu’ils soient revalorisés et relookés, et/ou pour y trouver des objets qui ont une histoire.
Malgré ces efforts, le quartier reste en grande partie réduit à ses commerces principalement alimentaires et semble se paupériser de plus en plus selon ses habitants. Mais cela n’a pas toujours été le cas.
Loin d’être une experte de l’histoire du quartier, il y a tout de même un édifice sur lequel je souhaiterais m’arrêter. A proximité de la station de métro, il est difficile de ne pas remarquer l'immeuble imposant, de type haussmannien, posté à l'angle de La Canebière.
Vous voyez ? Cet édifice qui comporte en haut de sa façade frontale l’inscription "Grand Hôtel". En faisant quelques recherches, j’ai récemment appris que ce fameux Grand Hôtel, situé entre la gare et le Vieux-Port, a, autrefois (fin XIXe - début XXe), fait les beaux jours de Marseille, en accueillant voyageurs et artistes de passage, tels Charlie Chaplin et Charles Trenet, pour n’en citer que quelques-uns.
Mais après des années d'abandon, l'immeuble a été racheté par l'Etat qui en fait aujourd'hui un commissariat. Une métamorphose qui vient un peu entacher le décor… mais qui montre bien, à mon sens, le paradoxe de Noailles. Un quartier accueillant le jour, qui attire nombre de Marseillais, mais qui, le soir venu, change de visage : l’on y croise alors plus de policiers que d’habitants.
Cependant, malgré la présence policière et celles des caméras de vidéosurveillance, on ne parvient pas à se sentir en sécurité dans ses rues où les ventes illicites et autres agressions sont malheureusement encore trop courantes.
Crédit photos : Emilie Delrieu
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