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Pour faire du ciné, Kamel Saleh a un plan B

Mardi 28/04/2009 | Posté par Benoît Gilles

Réalisateur de Comme un aimant avec Akhenaton en l’an 2000, Kamel Saleh prépare un nouveau long métrage, le Plan B. Pour le financer, il a lancé un site de production participative, macontribution.com.

En 2000, avec 380 000 entrées en salle, le premier film de Kamel Saleh, Comme un aimant, a fait un carton. La bande originale, concoctée par Akhenaton et Bruno Coulais, a suivi la même courbe ascendante. L’aventure ayant démarrée avec sa bande de potes du centre ville et de Félix Pyat, la cité d’où Kamel Saleh est originaire, le pari était plutôt réussi. Monter un deuxième projet n’a pas été aussi simple. Les portes du cinéma français se sont vite refermées. Mais Kamel Saleh n’a pas lâché l’affaire. Patiemment, entre deux plans télé et un documentaire sur Akhenaton, il a peaufiné le scénario du Plan B. Et faute de production extérieure, il a aussi conçu un dispositif pour se passer des gros sous du cinéma français. Il nous explique le plan.

Marseille Bondy Blog : Que raconte le Plan B, votre prochain film ?

Kamel Saleh : "C’est une histoire d’amour qui se déroule dans le centre populaire de Marseille. Plus précisément dans le triangle, Panier, Joliette Belsunce. Là où les populations immigrées ont toutes commencé par habiter avant d’être repoussées en périphérie de la ville. Et justement, l’un des personnages principaux est un jeune étudiant, un peu militant qui s’oppose à un projet de réhabilitation qui chasse les habitants du centre ville. Il va croiser une jeune fille qui vit sur les toits, à la limite de l’éther. C’est aussi un film choral où les histoires et les personnages se croisent. Il y a des équipes du Milieu qui s’affrontent. Moussa Maaskri joue un commerçant favorable à la réhabilitation.

Vous avez mis au point un dispositif original pour le financer. Quel est-il ?

J’ai lancé un site internet, macontribution.com, grâce auquel ceux qui le souhaitent peuvent devenir producteur du film en souscrivant 30 euros par an où en faisant un don du montant qu’ils souhaitent. C’est une forme de production participative qui permet aux gens d’être des acteurs du cinéma plutôt que d’en être les simples spectateurs. Au départ, on avait tablé sur un objectif de 150 000 euros mais on n’est pas condamné à atteindre cette somme. La majeure partie du film est tournée. Il reste la dernière demi-heure. J’espère bien le faire cet été et sortir le film au milieu de l’année prochaine.

Comme un aimant n’a pas été une bonne rampe de lancement ?

Cela a été compliqué. Très vite, c’est devenu difficile de rencontrer des producteurs. Je n’avais plus le nom d’Akhenaton à côté du mien et, du coup, c’était un peu David contre Goliath. Au final, avoir son nom au générique a fini par me desservir. Avec les producteurs, j’avais l’impression qu’on ne parlait pas la même langue, et surtout qu’on ne parlait pas du même cinéma. Le scénario n’était jamais celui qu’ils voulaient produire. On parle beaucoup de diversité dans ce pays, mais la diversité populaire, celle du peuple, elle n’a pas de place dans le cinéma français. Moi, mes références, c’est le cinéma néo-réaliste italien, cette vie là, ces personnages, ces histoires, tu ne les retrouves pas dans le cinéma français. Les gens ont tous des scénarios préconçus dans la tête. C’est très conservateur. Mais je suis désolé mais je ne suis pas un réalisateur de comédie de quartier. C’est comme ça, ce n’est pas mon cinéma.  Alors, du coup, je me suis dit qu’il fallait que je devienne producteur. Et grâce au site, les spectateurs peuvent l’être aussi.

La recherche de financement est aussi la raison de votre exil à Paris ?

On vit dans un pays centraliste, tout se passe là-bas. Du coup, on y rencontre des gens intéressants. Mais je continue à faire des allers et retours à Marseille. C’est comme ça que tu t’aperçois qu’il reste un énorme chemin à parcourir pour que Marseille soit une ville de cinéma. C’est une ville où l’ont fait du cinéma, mais ce n’est qu’un décor. Quand les gens en auront marre ou s’ils trouvent mieux et moins cher ailleurs, ils partiront. Les gros financeurs comme la Région et les autres collectivités locales devraient prendre garde à ça. Ils auront dépensé de l’argent et ils n’auront rien développé. Marseille ne sera toujours pas une ville de cinéma.

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Benoît Gilles -