L'Humeur de Charlotte
Jeudi 19/05/2011 | Posté par Charlotte Lazarewicz
Humeur ciné. Cette semaine, Charlotte avait envie d'aller au ciné, pour tester le dernier Woody Allen. Gros casting, grosse promo... et gros flop ?
J’avais l’intention de vous parler de l’art de parler l’English à Marseille cette semaine, mais pour être sincère, le dernier Woody Allen a bousculé mes plans. Non pas qu’il m’ait forcément éblouie, non en fait, il m’a plus intriguée qu’autre chose. Pire, me voilà dans l’incapacité de décider si oui ou non je l’ai aimé. L’occasion de me la jouer critique ciné d’un jour. Pour le meilleur… mais surtout pour le pire !
Minuit à Paris sonnait pourtant juste aux premiers abords. Surtout, le film réunissait des critères au top. Jugez plutôt : la plume du fantaisiste Woody Allen, un casting en béton, une bande-annonce du tonnerre et l’ouverture du 64ème Festival de Cannes. Vous vous en doutez, tout tourne autour de Paris. Paris la belle, Paris rêve de plus d’un Américain. Rêve aussi des provinciaux que nous sommes. Sans oublier Paris la nuit et Paris sous la pluie. Jusque-là, Woody Allen ne nous déçoit pas. Dès les premières images et les premières notes, il éveille nos sens et nous fait partager son amour pour la capitale. En fait, c’est quand les personnages arrivent que tout se corse.
Quand sonne minuit…
La version française expliquant peut-être cela, les dialogues sonnent franchement creux. Même le plus simple des bonjours semble laborieux pour le protagoniste joué par Owen Wilson. Problématique quand on occupe une si grande part dans le film. Car on le voit partout : dans le présent avec sa femme qu’il délaisse, dans le passé avec la femme qu’il idéalise, mais aussi aux côtés d’Hemingway, Picasso ou encore Toulouse-Lautrec. Vous avez bien lu : Gil, l’écrivain ambitieux, mais un brin peureux incarné par Owen Wilson va rencontrer tour à tour ces personnages emblématiques. Avec eux, c’est toute une époque parisienne qui est abordée. L’admiration sans bornes de Woody Allen pour la ville, et la France, ressort puissance mille quand Gil embarque en voiture tous les soirs à la même heure au même endroit pour rejoindre ces artistes loufoques.
So cliché !
Cet écrivain inspiré nous entraîne toutes les nuits dans le Paris d’antan, léger et déjanté, qu’on ne peut qu’aimer. Mais le problème, c’est que le récit du réalisateur de Match Point est un pur concentré de clichés. Tantôt culturels, tantôt géographiques, il y en a pour tous les goûts. Enfin surtout pour les Américains. Comme s’il fallait qu’ils aient (ou gardent) à tout prix une bonne image de Paris. De la sacro-sainte dégustation de vin aux danseuses du Moulin Rouge, en passant par les grands jardins et les guides intellos des musées les plus renommés (apparition furtive de Carla Bruni pour l’occasion), aucun lieu commun n’est épargné ! Comme si Paris se résumait à cela. En voulant n’aborder que les aspects positifs de la capitale, Woody Allen passe un peu à côté de son histoire. Il semble vouloir que l’on vibre pour la ville, et non pour les personnages. D’ailleurs, pour le coup, ils sont un peu énervants avec leurs rôles parfaits et leurs sourires figés.
Paris et sa magie
Pas d’empathie pour eux donc, tout juste de la sympathie pour saluer l’humour présent tout au long du film. Et puis ne nous mentons pas, les images sont belles, la musique au poil. Oui, beaucoup d’éléments sont réunis pour faire de Midnight in paris (c’est plus classe en anglais !) une jolie fable sans prétention et une agréable balade nocturne dans les rues parisiennes. On se surprend presque à penser que l’on pourrait faire le même genre de films dans d’autres villes pour s’amuser un peu. Franchement, n’imaginez-vous pas Gil l’écrivain maladroit grimper dans un taxi marseillais et rencontrer Cézanne ou Pagnol ? Vous avez raison, on s’y ennuierait sûrement. Comme si la seule chose qui nous empêchait de bâiller ostensiblement pendant la projection de Midnight in Paris était le fait que ça se passe dans une des plus belles villes du monde…
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