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Pourquoi pas un toit chez les prêtres ?

Vendredi 20/03/2009 | Posté par Rima Lmouaci (EJCM)

La crise du logement frappe durement, notamment les étudiants et les jeunes. Etudiant en médecine congolais, Désiré a trouvé un toit chez des prêtres, au sein d’une œuvre caritative catholique.

Médecin au Congo, Désiré est arrivé en France il y a quatre ans. Après avoir travaillé trois ans comme aide soignant-infirmier il a décidé de reprendre des études pour revaloriser son statut. En France, il ne peut pas travailler avec son diplôme de médecine obtenu dans son pays. Il a donc repris le chemin de la fac. Aujourd’hui il se trouve dans une situation précaire, vivant sur ses quelques économies. « J’ai de quoi vivre ce mois-ci, après cela je serai à la rue. Et je n’ai aucun droit social », s’indigne t-il.

Les galères de logement c’est une question qu’il connaît. Difficile en effet de trouver un appartement quand on a 32 ans et aucun revenu. « Je suis trop vieux pour les aides étudiantes, et les autres aides je n’y ai pas droit parce que je suis étudiant !». Ballotté d’une administration à l’autre, il se sent comme «une balle de tennis» qui rebondirait inlassablement entre deux camps.

Guidé par le bouche à oreille (ou la divine providence), Désiré a atterri au sein de l’œuvre Saint Jean Joseph Allemand, un toit «pas trop cher». Chaque année, cette œuvre caritative catholique accueille quelques étudiants dans ces locaux. Mais les règles de vie avec les prêtres ne sont pas faciles. «Les chambres sont un peu austères, ce n’est pas vraiment fait pour des étudiants. C’est une vie de couvent !». Il ajoute avec une pointe d’humour. «Pas d’Internet, pas de téléphone, pas de télévision, pas d’amis… pas de copine !». Et les portes du foyer ferment à 21 heures…

Parmi les camarades avec qui il partage sanitaires et cuisine, il y a un étudiant de confession musulmane. Preuve que l’accès à ces logements n’est pas réservé aux catholiques. Néanmoins, même si le but n’est pas clairement avoué, les résidents sont gentiment conviés à se tourner vers l’Eglise en échange d’un toit. «Les prêtres nous invitent à venir à la prière même si, bien sûr, ce n’est pas obligatoire.». Et les filles ? Désiré sait que des filles sont aussi hébergées dans les mêmes locaux, mais il dit n’en avoir jamais croisées. «Tout est fait pour que filles et garçons ne se voient jamais. On est un peu en isolement social. C’est pire que Guantanamo», ironise-t-il.

Mais Désiré se fait plus sérieux, il sait qu’occuper cette chambre est une chance. «Je suis prêt à tout accepter pourvu que j’ai un toit à Marseille» se résigne-t-il en imaginant le pire. «Bientôt je vais devoir dormir dans ma voiture. Je viendrai me brosser les dents dans les toilettes de la fac le matin avant les cours !». Pourtant, quand on le voit, on est loin d’imaginer la situation dans laquelle il se trouve. Souriant, bien habillé et travailleur, il a le profil d’un étudiant sans problèmes particuliers. Médecin brillant au Congo, il est pourtant loin d’avoir aujourd’hui la vie qu’il attendait. Et Désiré de s’inquiéter : «J’espère qu’on ne va pas me reconnaître au pays. Ils vont dire que je suis parti ici pour galérer, ça ne fait pas sérieux!».

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Rima Lmouaci (EJCM) -