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Rénovation de Vieux-Moulin (2) : les raisons du blocage

Mercredi 22/04/2009 | Posté par Benoît Gilles

En 2006, une convention donnait le point de départ d’une rénovation complète de la cité du Vieux Moulin, à Saint-Joseph (14e), financée par L’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU). Depuis, les habitants n’ont vu ni pioche, ni grue.

La cité du Vieux-Moulin doit disparaître pour mieux renaître. En tout cas, c’est sur ce projet que le logeur, Habitat Marseille Provence (HMP), a signé une convention avec l’Agence Nationale de rénovation urbaine (ANRU) en 2006. Mais, depuis, les habitants de la cité n’ont toujours pas vu le moindre casque de chantier. Pourtant la cité date de 1954, année de l’appel de l’Abbé Pierre en faveur des mal-logés.

Là, comme ailleurs, l’urgence dure encore. Et, même si une partie des logements a été détruite en 1995, la cité ressemble encore beaucoup à ce qu’elle était à l’origine. A l’issue de la rénovation annoncée, elle sera rebâtie sur deux sites : l’un en bas, proche du talus SNCF, accueillera des maisons de plain-pied. L’autre, tout en haut, accueillera de petits immeubles d’un ou deux étages. Entre les deux, une parcelle sera cédée à la Foncière pour y construire un lotissement privé sous le régime du 1% patronal, avec un objectif affiché de mixité sociale. Enfin la cité sera désenclavée et reliée au réseau de voies existant.
Sur le papier, le projet est bien avancé mais dans la réalité, rien n’a bougé. Pourtant les différents signataires de la convention ANRU du 1er décembre 2006 s’étaient engagés à respecter « l’échéancier » du projet. Alors qu’est-ce qui bloque la rénovation ?

Les habitants parlent d’un rejet du permis de construire déposé par HMP. Ce que confirme un responsable de l’office HLM municipal. «Nous n’avons pu obtenir le permis de construire initialement déposé, explique Gaëtan Lazarat d’HMP. Cela est dû aux atermoiements et difficultés de positionnement de l’Architecte des Bâtiments de France. Je pense qu’il a été associé et tenu informé avant le dépôt du permis de construire mais il a rendu un avis négatif sur le projet. Ces remarques touchent à l’aménagement d’ensemble du site. C’est avant tout un problème entre l’ABF et la Ville

Contactée à plusieurs reprises, la députée UMP et conseillère municipale déléguée à la Rénovation urbaine, Valérie Boyer n’a pas encore donnée suite à nos demandes d’interview. En mai 2008, à l’assemblée, elle avait posé une question à la ministre du logement, Christine Boutin, à propos de l’avancée des projets financés par l’Anru. La ministre avait alors annoncé que la cité de Saint-Joseph faisait partie des sites «en cours de travaux».

La vierge a bon dos
Mais, au Vieux-Moulin, on pointe une autre dame. Il s’agit de la statue d’une Vierge située non loin. «Elle tourne le dos à la cité», plaisantent les habitants. Cette statue sur son piédestal est la partie visible d’une bastide classée monument historique qui abrite un établissement scolaire privé, Tour Sainte. Or, en France, la loi Malraux prévoit que tout projet immobilier effectué dans un périmètre de 500 mètres autour d’un monument historique doive recevoir l’accord de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF). Est-ce la loi Malraux qui rendrait la cité si difficile à rénover ?

Contacté, l’Architecte des Bâtiments de France, Gilles Bouillon a une lecture radicalement différente de cette affaire. «Je ne peux pas admettre que l’on me rende responsable de ce retard, s’emporte l’architecte qui dépend du Ministère de la Culture. J’ai rendu mon avis 15 jours après que l’on m’ait remis le projet de permis de construire. Cela dit, les textes prévoient que l’Architecte des Bâtiments de France soit associé dès le début au projet, ce qui n’a pas été le cas

Loin de s’accrocher à la façon dont les futures constructions vont s’harmoniser avec le monument historique, Gilles Bouillon pointe des problèmes de fond : « Il s’agit d’une cité d’urgence de l’Abbé Pierre. A mon sens, il n’est pas raisonnable de refaire une opération de la même qualité qui, dans dix ans, aura vieillie de manière prématurée. D’autre part, mes interrogations portaient sur la construction d’habitations individuelles en pied de talus. A quoi sert-il de construire des maisons en rez-de-chaussée face à un talus SNCF ? D’autre part, le site est situé en zone inondable et cet emplacement en pied de talus expose ces habitations à un risque d’inondation. Je leur ai demandé de travailler sur ce point et je pense que le message est passé.»

Les esprits mal tournés pourraient penser que les maisons situées en contrebas sont en rez-de-chaussée pour ne pas gâcher la vue des futurs habitants des logements privés de la Foncière Logement, prévus juste au-dessus. Mais, ça, c’est vraiment du mauvais esprit.

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Benoît Gilles -