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A 73 ans, Paulette risque l’expulsion

Jeudi 16/04/2009 | Posté par Benoît Gilles

Paulette Hardit a mis un panneau à chacune de ses fenêtres à l’adresse de Christine Boutin, la ministre du logement. Début mai, elle risque l’expulsion, faute de solution de relogement.

C’est une petite manifestation de fenêtres. Au premier étage de ce petit immeuble d’une rue calme de la Plaine, Paulette a décidé de décrire sa détresse en grosses lettres. On peut y lire «Active, valide, à 73 ans, j’ai le droit de vivre dans un logement privé.» Ou encore, «Madame Boutin, ministre du logement, je suis expulsée sans dette de logement et sans relogement. Délai 6 mai…»

Je me décide à sonner. Une petite dame aux yeux bleus et cheveux courts se met à la fenêtre et s’enquiert des raisons de ma visite. «Je vous ouvre», me dit-elle, en toute confiance.

A l’intérieur, son petit appartement est entièrement rempli de cartons sur lesquels elle a accroché des pense-bêtes écrit avec le même gros feutre. Depuis juin dernier, toutes ses affaires sont emballées, prêtes à être déménagées. Sur son lit, une autre pancarte détaille sa situation. «En ce moment, je m’amuse à me promener avec ça autour de cou», précise-t-elle, un brin de malice dans le regard.

Cela n’enlève rien à la violence de ce qu’elle vit. A 73 ans, c’est un vrai cauchemar. «L’an dernier, j’ai reçu une lettre de mon propriétaire qui m’indiquait qu’il mettait en vente mon appartement et que je devais le quitter à la fin de mon bail en septembre. J’ai donc commencé à chercher et je n’ai rien trouvé. Je suis donc passé devant le tribunal qui m’a donné un délai pour me retourner. Ce délai se termine le 6 mai prochain.»

Seul problème, Paulette ne trouve toujours pas de bailleur qui accepte de la loger malgré un organisme qui se porte garant. «Il considère qu’avec ma petite retraite de 720 euros plus les 137 euros de la caisse d’allocations familiales, il me faut un personne physique pour garantir le paiement de mon loyer
Or, Paulette n’a pas de garant physique à proposer. Sa seule famille vit en Normandie et «ce sont tous des gens simples qui n’ont pas les moyens de se porter garant.»

Quand ce n’est pas l’absence de garant qui bloque son dossier, c’est son statut de retraité. «Dans une agence, on m’a carrément dit qu’ils ne prenaient pas les dossiers de retraité. Je suis allé directement au commissariat porté plainte pour discrimination. Le jeune policier qui m’a reçue était d’origine maghrébine, il m’a dit "la discrimination, je sais ce que c’est", et il a enregistré ma plainte.»

Droit au logement
Car, depuis septembre, Paulette n’est pas restée les bras ballants. Elle a fait des demandes dans tous les organismes HLM et une demande de Droit au logement opposable (Dalo) sans réponse jusque-là. «Je sais bien que des T1, les HLM n’en ont pas.»
Elle a écrit au maire pour qu’il se saisisse du dossier. «Il a transmis à la Préfecture. Ils m’ont trouvé un HLM à Sainte-Marguerite. Mais il y avait un ascenseur.»
Or, depuis son enfance pendant la guerre, Paulette souffre de claustrophobie. «A force de nous mettre dans des tranchées à chaque alerte aérienne, j’en ai gardé une terreur des endroits confinés.»

Elle rêve juste d’un premier étage ou d’un rez-de-chaussée «sécurisé». «A 73 ans, je suis encore valide et je n’ai aucune envie d’aller en maison de retraite. Or, le Conseil général verse une somme aux personnes âgées qui ne peuvent pas payer la maison de retraite. Pourquoi il ne donne pas l’argent à mon futur propriétaire pour garantir mon loyer ?».
Car Paulette n’a aucune envie de finir sa vie dans une maison de retraite. «J’ai mes deux jambes et toute ma tête. Je n’ai pas envie d’être avec des vieux qui me racontent leurs petites misères. J’ai déjà assez avec mes copines. Je suis bien, ici, en centre-ville. Il y a de la vie.»
Avis aux propriétaires…

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Benoît Gilles -