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Après le sud : drame à la provençale

Vendredi 15/07/2011 | Posté par Maha Ahmed

LES SÉRIES DE L'ÉTÉ - BLOGGUEURS CINEFILES. APRÈS LE SUD. Maha nous parle du court-métrage sélectionné pour la Quizaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. Un drame social qui résonnait alors avec la triste actualité marseillaise.

3 mai 2011 au matin, un adolescent de 15 ans meurt, touché par les balles d’une carabine 22 Long Rifle d’un riverain. Triste réalité qui rejoint de nouveau la fiction, Après le Sud est adapté d’un fait divers : juillet 2004, un retraité avait tiré sur des jeunes qui jouaient au ballon dans son lotissement de Pernes-Les-Fontaines (Vaucluse). Anthony, 19 ans, avait été tué d'un coup de feu en pleine tête.

Construite en 3 temps, l’œuvre de Jean Jacques Jauffret nous plonge dans le quotidien on ne peut plus ordinaire de plusieurs personnages : Georges, ancien ouvrier à la retraite, Anne, Stéphane et Luigi, deux cousins tout juste sortis de l’adolescence et Amélie, petite amie de Luigi.

On se retrouve là, à revivre une journée d’été tout à fait comme les autres, tour à tour dans les yeux et la peau d’Amélie, adolescente, caissière pour la saison, en proie aux doutes d’une jeune femme ; d’Anne, mère de famille, à qui un choix appartient, de Luigi, adolescent tourmenté travaillant sur le chantier de son paternel et de Georges, retraité à la vie on ne peut plus calme. Journée rythmée par une réalité amère, voire âpre, où tout s’enchaine et s’accélère, le reflet d’une société qui déconsidère l’humain pour repenser l’utile, la fonction.

Les minutes s’enchainent, nous brossant une esquisse des héros d’une dimension criante de réalité où se succèdent scènes de la vie quotidienne. Comment ne pas s’identifier devant des situations qui parlent à tous ? La transposition des sentiments dans la sensation, évidente et quasi-intuitive, la comparaison n’est plus et devient un moyen d’expérimentation psychologique pour le spectateur. Entre rendez-vous manqués et suspicion de grossesse, les éléments déclencheurs s’enlacent au rythme d’un concerto classique pour former une mécanique bien ficelée, une toile de fond de la tragédie, l’action en elle-même tire le rideau final sur ce drame social. Au final, la clé réside dans tout ce qui précède.

Jean Jacques Jauffret signe ici une fiction intimiste, mélange entre puzzle et vision kaléidoscopique et fragmentée de destins liés par un même drame.

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Maha Ahmed -