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Rois et reines de la fripe

Jeudi 29/12/2011 | Posté par Cécile de Ronde

SELECTION 2011 - AVRIL -- A Marseille, sur la Plaine, mardi, jeudi et samedi matin, on vend de tout, du matériel de bricolage au vêtement d’occasion. Sur la grande place transformée en marché, le coin le plus pittoresque est le stand des fripiers.

Poussettes, mères de famille surchargées, passants somnolents. Les gens se bousculent ou vont leur train, sans se presser. Des grappes de gosses zigzaguent au milieu de la cohue. Passé 8h30, se frayer un passage dans le goulot qui ouvre le marché tient du combat. On progresse lentement, certains à coups de hanche ou de coude, dans des effluves de pælla, d’orange coupée et d’odeurs corporelles.

Il suffit d’obliquer à droite pour soudain respirer. Les étals de fripes croulent sous une profusion de marchandise mais les allées sont larges. Edwige, visage usé, cheveux noir corbeau, ordonne son petit point de vente avec un faux air renfrogné.
Trois ou quatre de ses copines, au teint basané de gitane ou cheveux décolorés, s’interpellent pardessus les têtes. Derrière, des camions bâillent, portes ouvertes. Un type essaie de se regarder en veste dans le rétroviseur. Un camelot mange distraitement sa portion de pizza. Partout des gens et encore des gens.

Des dizaines de mains, des milliers de doigts qui brassent des amoncellements de vêtements dans le mouvement de flux et de reflux de la foule. Les chiffonniers plongent les bras dans le tas remontant d’un grand geste les pièces inaccessibles. « 1 € 1 € les 2, 1€ 1 € 1 € les 2 », dit l’un. « 2 € la pièce et 5€ les 3
 », dit un autre, du haut de son tabouret.

Quelques hommes fouillent sans un mot, à la recherche de l’aubaine. Les acheteurs sont surtout des femmes. De tous les âges et de toutes les classes sociales. Patientes, méticuleuses, elles prennent leur temps. L’article est inspecté sous toutes les coutures. On compare, on discute. Parfois il voyage de main en main. De la dame à la retraite à la femme voilée. Le voisin, la voisine, donne volontiers son avis.
« Vous n’aurez pas besoin de raccourcir, voyez ! » On se conseille, on rit, on fraternise. Le vêtement finit souvent son périple englouti par le brassage incessant.

Billets, pièces jaunes. L’argent passe et repasse dans un ballet de mains multiples. Les porte-monnaie s’ouvrent et se ferment. « 3 billets : 2 pour moi, 1 pour toi ! » plaisante un revendeur. De grands rires et des exclamations traversent l’air un peu frais, le ciel gris bordé d’immeubles cossus et d’arbres sans feuilles.

A la fin du marché, on ne voit plus que sacs poubelle et des sacs de plastique en goguette que le vent balade pour se distraire.

En partenariat avec l'Atelier journalisme de Marseille

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Cécile de Ronde -