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La Commune de Marseille - Episode 1

Lundi 02/05/2011 | Posté par Jan Cyril Salemi

Maintenant que les mots révolte ou révolution retrouvent tout leur sens dans les pays du Maghreb ou du Proche-Orient, jetons un coup d’œil dans le rétroviseur. Il y a 140 ans, la Commune de Marseille fut la première à se mettre en place, entre août 1870 et avril 1871. Voici le premier épisode de ce récit historique par Jan Cyril.

Le 4 septembre, Gaston Crémieux, Clovis Hugues, Benoît Malon, Auguste Blanqui. Ces mots, ces noms, sont connus aujourd’hui pour être associés à des rues de Marseille. Mais combien de Marseillais savent encore vraiment à quoi font référence cette date et ces personnages ?

Au matin de son exécution, le 30 novembre 1871, Gaston Crémieux, héros et martyr de la Commune de Marseille déclarait, lucide : “On parlera un peu de moi, ce soir, dans les cafés ; mais demain, on n’y pensera plus.”

Hugues fut aussi un Communard marseillais. Malon et Blanqui animaient l’agitation sociale à Paris, qui s’amplifia d’autant plus après la proclamation de la République, le 4 septembre 1870. Pendant neuf mois, d’août 1870 à avril 1871, Marseille vécut en situation d’insurrection populaire. Pour comprendre comment un tel mouvement a pu naître, il faut remonter à la source.

En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte, auteur d’un coup d’état un an plus tôt, devient Napoléon III, empereur des Français. Pour s’imposer, le régime autoritaire qui en résulte s’appuie sur la puissance militaire et sur le capitalisme naissant. L’expansion coloniale, associée à l’essor du commerce et de l’industrie sont les recettes du Second Empire. A Marseille, de grands travaux sont entrepris. La construction de bâtiments (la Préfecture, le Pharo,..), et le percement de grandes avenues sont au programme.
Mais derrière ces apparences de prospérité, la situation sociale est bouillonnante partout dans le pays. Dans les milieux ouvriers, le ralliement aux idées de Marx ou Bakounine prend de l’ampleur. Les conflits sociaux et les grèves se multiplient.

Marseille, où les chantiers prévus exigent une main d’œuvre très nombreuse, n’y échappe pas. En février 1867, 200 ouvriers maçons et tailleurs de pierre, travaillant au percement de la rue Impériale (future rue de la République), se mettent en grève. Cette même année, en juillet, la section marseillaise de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) voit le jour. Cette organisation, née à Londres trois ans plus tôt, prône l’émancipation des travailleurs. A Marseille et dans sa région, où l’agitation sociale est de plus en plus vive, l’AIT apporte un soutien financier aux grévistes et coordonne des réseaux de solidarité entre les ouvriers. En 1869, la section marseillaise de l’Internationale compte environ 4500 membres. Marseille est devenue l’une des bases de la Révolution prolétaire mondiale à laquelle aspire l’organisation.

A l’été 1870, une nouvelle situation politique va précipiter les événements. Bakounine, qui plus tard tentera de mener l’insurrection à Lyon, déclare alors :”Si les ouvriers de Lyon et Marseille ne se lèvent pas immédiatement, la France et le socialisme européen sont perdus.”
Le 19 juillet 1870, Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse. Au-delà de l’aspect militaire, l’Empereur entend profiter du conflit pour retrouver du prestige auprès de la population. Les premiers jours, l’euphorie patriotique gagne le pays. A Marseille aussi, l’enthousiasme est de mise. Les soldats, rentrés d’Algérie, font route pour le front de l’est et sont acclamés dans les rues.

Mais bien vite, les revers de l’armée s’enchaînent, et à l’euphorie succèdent l’inquiétude et l’indignation. Le 7 août, au lendemain de la défaite de Forbach, une foule de 40 000 personnes se masse devant la Préfecture et manifeste sa colère.

(à suivre...)

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