« C’est beau d’avoir 20 ans en 2008 », tu parles !
Lundi 02/06/2008 | Posté par Isabelle Friboulet
Entre un accès au logement de plus en plus difficile à obtenir et un pouvoir d’achat qui ne cesse de baisser, l’avenir de la vie d’un jeune poursuivant ses études est plutôt sombre.
Il y a une phrase récurrente qui est prononcée sans cesse par les adultes « c’est beau d’avoir 20 ans ». Plus les mois passent et plus cette réflexion me parait incompréhensible. Lorsque l’on fait part de l’absurdité de ce propos, cela suscite chez nos interlocuteurs une sorte d’énervement mêlé à de l’indignation. Viens alors une autre phrase « à cet âge, on a la vie devant soi ! ». Mais quelle vie, quel avenir au vu des difficultés réelles et quotidiennes rencontrées par une très grande partie des étudiants aujourd’hui.
D’après un récent sondage, les étudiants français souffrent d’un désespoir plus prononcé que leurs voisins européens. Comment expliquer ce phénomène ? Sans doute, par les difficultés généralisées rencontrées de plus en plus fréquemment par les 18-25 ans, pourtant considéré comme l’avenir de la France.
Ces difficultés sont de tout ordre et s’attaquent à divers domaines (logement, santé, pouvoir d’achat). Elles ne cessent de s’empirer et les dernières réformes menées par Mme Pecresse, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche ne font qu'aggraver la situation. A titre d’exemple, la franchise médicale sera de 50 euros dés l’année prochaine.
Le pouvoir d’achat des étudiants baisse et il devient de plus en plus difficile de se nourrir comme le montre l’augmentation de 44% d’un produit de consommation courante pour les étudiants : les pâtes. Premier prix de comportement indécent pour la marque Barilla qui n’a pas hésité à répercuter l’augmentation des prix de produit tel que les œufs sur le dos de consommateurs et par la même à multiplier ses bénéfices.
Cette situation conduit de plus en plus d’étudiants à devoir aller au Resto du cœur afin de pouvoir obtenir des produits alimentaires. Dès l’année prochaine, suite à la réforme Pécresse, le montant des bourses universitaires sera réduit. Le critère de la famille monoparental ne sera plus pris en compte lors de l’évaluation de l’attribution d’une bourse.
Flashback : Université Paul Cézanne, site de La Canebière, les résultats du premier semestre de troisième année de Licence de droit tombent, il est 9 heures, nous sommes le lundi 11 février 2008. Sur les 350 étudiants de cette première fin de cycle universitaire, seul l’un d’entre eux a obtenu la mention très bien. C’est une jeune étudiante de 20 ans, Camille. Pourquoi cet événement qui peut paraître a priori insignifiant attire t-il mon attention ? Peut être parce que Camille est arrivé un matin, deux semaines auparavant, nous annoncer que le montant de sa bourse allait être amputé de 600 € sur environ 2500 € l’année prochaine. en raison de la suppression du critère de la famille mono parental dans le calcul du montant des bourses universitaires faisant suite à la réforme concernant les universités dit réforme Pécresse.
Camille descendra d’un échelon en 2008-2009. Les bourses universitaires seront désormais calculées sur trois critères exclusivement: les revenus des parents, le nombre de frères et sœurs et l’éloignement du lieu d’étude par rapport au domicile parental. Sandra, également étudiante en Licence Trois de droit se trouve confrontée à cette réforme, elle sera l’année prochaine à l’échelon zéro et ne bénéficiera que de l’exonération des droits d’inscription soit 340 euros, elle n’aura plus le droit à une chambre à la cité universitaire. Quelles seront les solutions qui s’offriront à elles?
Travailler en même temps, souscrire un prêt étudiant et partir avec des dettes à rembourser en étant un jeune actif, arrêter les études ou alors réduire le nombre d’années d’études alors que l’on possède les qualités et capacités pour réussir les diplômes successifs, c’est la solution que Camille a choisi, elle privilégiera un master professionnel au lieu d’un master recherche car le financement de 5 années d’études n’est pas possible pour elle.
La situation des étudiants se révèle réellement préoccupante. Les réformes instituées par les gouvernements successifs se sont et se révèlent aujourd’hui insuffisantes. Les étudiants français sont en train de s’enfermer dans un malaise et ne trouvent que peu de solution à leurs problèmes, les personnes pour les aider sont peu nombreuse et souvent mal formées aux problématiques très spécifiques de la population estudiantine. La présence d’un psychologue seulement deux après midi par semaine à l’université de Rouen dans la Seine Maritime pour environ 4500 étudiants n’est pas assez pour répondre avec efficacité aux demandes des étudiants.
Le syndicat étudiant : UNEF (union syndical des étudiants de France) a mené une action de grande envergure face à la problématique du logement et à celle du pouvoir d’achat à travers deux campagnes de publicités très marquantes mises en place ces dernières semaines. Dans la première, on voit un jeune couple faisant l’amour dans le lit de leurs géniteurs qui sont d’ailleurs présents à ce moment d’intimité.
La seconde compare la situation du président Nicolas Sarkozy dont le salaire a subi une augmentation de 140% et qui ne paye pas de loyer avec la situation de Léa qui quand a elle a du mal à joindre les deux bouts vu entre autre de l’augmentation de la nourriture, de l’existence de la franchise médicale et de son loyer. Cette campagne publicitaire est très réussie. Elle reflète avec un humour tragique ce que vivent les jeunes étudiants en France en 2008.
En mars dernier, se sont tenus des Etats Généraux et ce mouvement s’inscrit dans la volonté de trouver des solutions ce qui passe nécessairement par une coopération active avec le gouvernement actuel. L’UNEF a déjà obtenu de Mme Valérie Pécresse un plan de construction de logements étudiants ainsi que le déblocage de 620 millions d’euros pour les étudiants.
Il est plus que de temps de tirer la sonnette d’alarme.
Espérons que les étudiants des Universités de Marseille seront capables de se mobiliser pour leur avenir et celui des futurs étudiants.
Isabelle Friboulet
Photos : Pauline Legrand - Gagnante, avec ce reportage sur la vie étudiante, du concours photos de l'école de journalisme de Marseille
Ceux qui ont lu cet article ont aussi aimé :
- EJCM : Un partenariat à reconduire - 28/03/11
- Faluchards : sexe, alcool et études - 09/02/11
- Prisons : s’évader du quotidien - 09/02/12
- « Peindre pour que les gens se sentent concernés » - 07/04/11
- De l’introspection à l’exclusion - 19/01/12
Réactions des internautes
Lundi 2 Juin 2008, 09:17
Signaler un abus
Et qu'entre le studio qu'il me louait dans une "résidence" bon marché, 2.000FF (à l'époque, début années '90) et l'argent qu'il me filait tous les mois (500FF), c'était un bien grand sacrifice.
Je bossais l'été (castration de maïs) ou dans le déménagement, pour me faire de l'argent de poche. Et j'ai arrêté mes études, lorsque mes autres soeurs ont entrepris les leurs.
Je mangeais des pâtes, je n'allais pas souvent au RU (11 ou 12FF le ticket à l'époque) et faisait mes courses à ED.
Et ça, c'était dans les années '90 donc.
Alors bien sûr, je n'avais pas à dépenser 30€ d'internet mensuels, 40 à 50€ de forfait téléphonique etc etc. Pour ceux qui fumaient, le paquet de cigarettes était sûrement moins cher (aucune idée du prix).
La vie était sûrement moins chère; cela dit, avec 500FF/mois, je ne menais pas une grande vie.
Ce qui devrait être le plus inquiétant pour tous ces jeunes, c'est de pouvoir trouver un boulot malgré des années d'études. Combien de surdiplômés passant en désespoir de cause le plus de concours possibles dans l'espoir d'en décrocher un.. C'est qu'il y a un réel problème d'emploi en France, notamment un souci d'adéquation entre les diplômes et le marché du travail.
Sans compter que, plus ils feront d'années d'étude, plus ça retardera leur entrée dans le monde du travail. Et avec une retraite à 40 ans et quelques, il y a peut-être d'autres préoccupations que bouffer des pâtes quotidiennement..
Répondre -
Lundi 2 Juin 2008, 15:06
Signaler un abus
MEILLEURE REPARTITION
Hum il me semble que le changement dans l'attribution des bourses a été souhaité pour mieux répartir celles ci. Plus d'argent pour les plus démunis et moins pour ceux qui peuvent bénéficier de l'aide parentale. Cela me semble être un système plus juste.L'article ne dit pas quel revenu a le seul parent de Camille. Il arrive que le parent unique gagne plus que deux parents d'autres étudiants, il est juste de prendre en compte cette situation. D'ailleurs monoparentale ne rime pas forcément avec un seul parent. Le parent absent peut contribuer financièrement, et même doit d'après la loi. Certains étudiants n'hésitent pas à faire valloir leur droit en justice sur ce point.
Enfin l'ancien système de bourses était très criticable. J'ai connu un fils unique avec un père prof d'université et une mère prof de lycée qui avait, il y a longtemps il est vrai, obtenu une bourse. J'avais trouvé cela très choquant, car c'était autant d'argent en moins pour d'autres qui en avaient plus besoins que lui.
Pour le pouvoir d'achat en baisse, malheureusement les étudiants sont à la même enseigne que le reste des Français, certaines dépenses augmentent fortement alors que les salaires stagnent et que la Banque Centrale Européenne et la Commission Européenne font tout ce qu'ils peuvent pour brider les augmentations de salaires, et que sa lutte contre l'inflation se fait au détriment de la croissance et de l'emploi. Nous avons tout simplement les bureaucrates les plus bêtes du monde.
Répondre -
Mardi 3 Juin 2008, 21:28
Signaler un abus
la mome de bondy
et bien cet la faute a ce qui on voter sarko j'ai vue un reportage dune dame de lump dans un quartier a Marseille qui disais au jeune de voter pour nicola en échange je vous donne un taf ou un logement alors arrêter de pleurer les Marseille c'et en quelque sorte de votre faute alord arrêter de jouer les hypocrite quand vous voter pour un fils hongrois aller acheter des mouchoir bfffffRépondre -
Mercredi 4 Juin 2008, 14:13
Signaler un abus
Re: la mome de bondy
Ta réponse montre bien l'état d'urgence de l'éducation française..." et bien c'est la faute à ceux qui ont voté Sarko j'ai vu un reportage d'une dame de l'UMP dans un quartier a Marseille qui disait aux jeunes de voter pour Nicolas en échange je vous donne un travail ou un logement alors arrêtez de pleurer les Marseillais c'est en quelque sorte de votre faute alors arrêtez de jouer les hypocrites quand vous votez pour un fils hongrois, allez acheter des mouchoirs pfffff "
Traduction by Flamby
De plus, le fait que cette dame est fait de la propagande ne signifie pas que les gens ont voté dans son sens...
Enfin bref. J'insisterais pas.
Répondre -
Mercredi 4 Juin 2008, 14:06
Signaler un abus
Etudiants en déroute...
Il est vrai que beaucoup d'étudiants sont de plus en plus dans le besoin et ce phénomène ne fait qu'augmenter avec le rééchelonnement des bourses. Ce budget limité ne permet pas aux étudiants ayant les capacités et pas les moyens de poursuivre leurs études en école supérieur privée qui coûtent excessivement cher et les écoles publiques qui n'acceptent que les "têtes de liste"....Mais où va la France ???????
En tout cas, belle article qui nous montre bien l'état d'urgence des étudiants.
Répondre -