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De l’introspection à l’exclusion

Jeudi 19/01/2012 | Posté par Charlotte Lazarewicz

Le 12 janvier, l’Alhambra programmait les réalisations d’étudiants en cinéma documentaire. L’occasion de découvrir l’implication de ces jeunes sur des sujets parfois intenses et graves. Charlotte nous mène à la rencontre de ces talents de demain.

La rue du cinéma s’est animée jeudi dernier à l’Estaque, avec un programme atypique : une projection de documentaires réalisés de toutes pièces par les étudiants du Master professionnel Métiers du film documentaire de l’Université de Provence. Rétrospective d’une soirée riche en émotions avec la présentation de trois films uniques en leur genre.


En quête d’identité

Il devait y en avoir quatre mais finalement, ce sont trois créations qui ont été révélées au grand jour dans la chaleureuse salle du petit cinéma estaquéen l’Alhambra. Le quatrième réalisateur, dont le projet n’était pas tout à fait finalisé, a tenu à jouer le jeu et était présent lors de la soirée de projection.

Quid du projet ? La réalisation d’un documentaire d’une durée approximative de trente minutes. Le thème ? Cent pour cent libre. Les douze étudiants du Master professionnel des Métiers du film documentaire se sont donc penchés des mois durant sur une thématique, une problématique et ont affronté maintes contraintes techniques.

Si Jean Boiron et Emmy Coulon se sont naturellement tournés vers l’introspection à travers des films très personnels ("La mémoire et la mer" et "Jean marmaille"), Lionel Langlade, lui, a choisi de suivre le parcours de deux sans-abris rencontrés au détour d’un chemin.

Tandis que les deux premiers réalisateurs nous parlent de quête d’identité, de retrouvailles familiales mais aussi de voyages et de mémoire, le troisième nous projette directement dans la vie d’Angelo et Katia, un couple d’une soixantaine d’années vivant tantôt sous les ponts, tantôt dans l’angoissant métro parisien.


Des émotions en pagaille
Tous ces films réalisés de A à Z par les étudiants dirigés par Pascal Cesaro, le responsable du Master, ont au moins un critère en commun : être générateurs d’émotions. "Les étudiants réfléchissent à leur thème dès la première année", précise ce dernier, ajoutant non sans fierté que "les films sont très ambitieux cette année".


Pour constater cela, de nombreux spectateurs avaient fait le déplacement dont Nicolas, un ancien du Master, qui à l’issue de la projection, se souvient du thème de son documentaire de l’an dernier. Une histoire d’êtres humains. Et de poissons.

Car à travers ces productions, c’est leur vision du cinéma qu’exposent ces jeunes, potentiels réalisateurs de demain. Nicolas lui, travaille aujourd’hui pour Lieux Fictifs, une association qui organise, entre autres, des ateliers cinématographiques aux Baumettes.

Un peu plus loin, c’est Lionel Langlade qui accepte volontiers de parler de son film coup de poing entre deux cigarettes. 

Ecorchés vifs
C’est vrai, l’histoire d’Angelo et Katia a été mille fois abordée au cinéma. C’est celle de sans-abris qui galèrent, de passants qui se n’arrêtent plus sur leur chemin, bref, c’est à la fois l’histoire de la quête de soi et de l’indifférence croissante si caractéristique de notre société.

Pourtant, l’histoire de ce couple d’une soixantaine d’années, rencontré au hasard des rues parisiennes, est ici traitée différemment. Et pour cause, Lionel Langlade y a mis tout son cœur. Il se souvient avec émotion de la première fois où il a abordé Angelo et Katia. "Je passais tous les jours à côté de leur tente et ça m'a intrigué, j'ai voulu savoir qui se cachait dessous."

Découvrir la façon dont vivait le couple, tel était donc l’objectif du jeune réalisateur. Sans jamais être intrusif, le documentaire suit le quotidien de ces deux écorchés vifs. Quand il quitte Paris, Lionel quitte aussi Angelo et Katia. Et quand il y revient quelques années plus tard, il ne retrouve qu’Angelo et apprend avec regrets que Katia n’est plus de ce monde.

Pour continuer à être leur porte-parole, Lionel va utiliser les images filmées quelques années en arrière et va de nouveau partager la galère d’Angelo, le suivant et l’aidant dans ses démarches administratives.

 



Si Lionel Langlade parle de son documentaire avec une émotion difficilement dissimulable, c’est parce qu’il est attaché à ses personnages. Angelo et Katia, ce ne sont pas les pièces d’un jeu mais bel et bien le reflet de la dure réalité de a vie. 

A la question de savoir pourquoi il a choisi ce thème, il n’a pas de réponse si ce n’est qu’il a ressenti le besoin impératif d’être le porte-parole de personnes isolées. Un peu comme si les deux protagonistes avaient choisi Lionel.

Pas besoin d’attendre la réaction d’Angelo avec qui il est toujours en contact pour savoir que le défi a été brillamment relevé tant le film nous bouleverse. En partant, le jeune homme nous glisse qu’il a terminé son documentaire le matin même et qu’il s’apprête désormais à prendre du recul sur son film.

Une chose est sûre donc, quand on est réalisateur, on ne s’en sort pas toujours indemne.


Crédit photo : Charlotte Lazarewicz


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Charlotte Lazarewicz -