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Prisons : s’évader du quotidien

Jeudi 09/02/2012 | Posté par Charlotte Lazarewicz

Le Genepi est un groupement d’étudiants qui tente de faire passer la connaissance à travers les murs des prisons. Charlotte a rencontré Mickaël, le responsable local de l’association. Fin mars, Marseille accueillera les Assises Nationales du Genepi. D’ici là, voici déjà une présentation du collectif et des actions qu’il mène.

Quand on pense association étudiante, on imagine volontiers une bande de joyeux lurons trouvant prétexte à se réunir autour d’une cause plus ou moins précise. Le Genepi pour Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées n’est pas de cette veine et implique un engagement sérieux et régulier de la part de ses adhérents. Zoom sur une asso pas comme les autres.


"On fait bien plus que donner des cours"
1300. C’est le nombre de bénévoles du Genepi en France. Qu’ils aient un rapport à la prison ou non, ces centaines d’étudiants ont choisi de consacrer au moins une demi-journée par semaine à donner des cours aux prisonniers demandeurs. Ces derniers profitent de ces quelques instants de répit hebdomadaires pour échapper à la réalité de l’incarcération.

Comme l’explique Mickaël Achard, trésorier et responsable du groupe Marseille, "donner des cours en prison, c’est avant tout un échange". Lui l’a fait pendant deux ans, à la maison d’arrêt de Luynes. Incollable sur le sujet, il peut aujourd’hui former les jeunes qui débarquent dans l’asso avec la farouche envie d’aider. "Etre motivé(e), c’est la condition première", explique Mickaël, "d’ailleurs, avant d’adhérer à l’asso, il faut détailler ses attentes et motivations".




Entre son DU, l’association pour laquelle il travaille (Les Francas 13, une association en faveur de l’éducation populaire), Mickaël n’a plus forcément le temps de se rendre dans les prisons et préfère se concentrer sur l’organisation des évènements et gérer la trésorerie du Genepi Marseille.

Responsable, il explique que "les prisonniers comptent sur les étudiants. Annuler une après-midi de cours, c’est leur enlever une des rares bouffées d’oxygène auxquelles ils ont droit". Car, on s’en doute, la vie derrière les barreaux n’est pas rose tous les jours.


Flash mob marseillaise
C’est en partie pour cela qu’ont lieu chaque année les Assises Nationales du Genepi. Pour cette 32ème édition, l’événement élira domicile dans la cité phocéenne. Les 31 mars et 1er avril prochains auront donc lieu quantité de débats autour de la thématique carcérale. La dangerosité, l’éducation populaire ou encore les luttes carcérales seront évoquées.

Avec en prime une réflexion qui tombe à pic à l’approche des élections présidentielles : l’accès au droit de vote pour les détenus. Car le Genepi ne s’en cache pas : "l’un des objectifs de la rencontre cette année, c’est bien sûr d’alerter les politiques sur les problématiques liées à l’incarcération", précise Mickaël, ajoutant fièrement que "l’asso a eu l’autorisation d’organiser une flash mob géante, samedi 31 mars à 19h, sur la place d’Estienne d’Orves".

Ouvertes à tous les adhérents, ces Assisses réunissent chaque année près de quatre cents bénévoles venus des quatre coins de la France. Riche d’une centaine de membres, la région PACA reste en constante recherche de volontaires pour venir égayer le triste visage de la prison.

Pas besoin de compétences particulières si ce n’est l’envie d’aider. Les cours restent généralistes et des ateliers sont parfois organisés (jeux de société, etc.). Pour tous les angoissés de la prison, Mickaël dédramatise : "l’asso Genepi m’aura véritablement servi à oublier les idées reçues que je me faisais de la vie derrière les barreaux". "Les prisonniers ne sont pas tous des gros bras aux mille tatouages", ajoute-t-il en riant.

Soudain plus grave, il se souvient des moments où les plus tristes confient leur trop-plein de soucis : "Nous sommes aussi là pour les écouter s’ils le souhaitent, même si nous ne sommes pas psychologues". Bien que l’Education Nationale mandate des profs pour enseigner en prison, les interventions des bénévoles du Genepi apparaissent comme une véritable porte de sortie pour les prisonniers ayant perdu espoir.

Aucun doute : l’association Genepi décoiffe au moins autant que la liqueur extraite de la plante du même nom.


Si vous souhaitez aller plus loin sur ce sujet, voici d’autres associations également en rapport avec la thématique carcérale : Lieux Fictifs et Association Nationale des Visiteurs de Prisons



Crédit photos :
Genepi



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Charlotte Lazarewicz -