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« Peindre pour que les gens se sentent concernés »

Jeudi 07/04/2011 | Posté par Michael Couvret

À KALLISTE, SEPT JEUNES ARTISTES des Beaux Arts ont commencé à peindre des fresques pour décorer les entrées des bâtiments B et H, promis à la démolition. Rencontre.

Hadrien a un look d'artiste. Des cheveux punk en bataille, le regard dans le vide, il pèse ses mots avec autant d'application qu'il peint ses toiles. Avec ses six camarades, Victoire, Nicolas, Stéphanie, Juliette, Aldric et Elsa, il vient au moins une fois par semaine pour élaborer une fresque de plus de deux mètres de long. Ces sept oeuvres seront ensuite accrochées dans les halls d'entrée des bâtiments B et H. À leur destruction, dans trois ans, seuls les tableaux resteront.

Pour Stéphanie, bandeau blanc dans les cheveux et peinture bleue sur les doigts, « c'est intéressant de travailler sur une oeuvre comme celle-là, pour laisser une trace après ». Les jeunes artistes ont chacun élaboré une fresque différente, chacun dans son style. « On est tous dans la continuité de notre boulot, on est tous dans la figuration, mais on traite de la nature, de l'architecture, du sport » explique Hadrien, avant de préciser, « on n'a pas eu de limites, seulement, il fallait que le résultat soit fédérateur. Il faut que ça parle aux gens qui habitent ici ».
C'est sans doute l'exercice le plus difficile pour les artistes en herbe, car ils ne connaissaient pas les quartiers nord de Marseille avant ce projet. Il leur a fallu s'imprégner de l'ambiance du Parc Kallisté avant de commencer à peindre. Nicolas, avec sa barbe brune hirsute et son jogging « old school », s'est laissé guidé par la nature qui entoure ce lieu, « moi, je suis dans le paysage, ici, il y a des couleurs et des thèmes qui sont ressortis. Du coup, j'ai décidé de peindre un paysage de montagne ».
Au-delà de l'aspect artistique de ce projet, il espère que les gens vont participer ou au moins comprendre la démarche, « le top ce serait que les gens se sentent concernés. Pour l'instant il y a de tout, des gens curieux qui viennent nous parler ou nous féliciter et d'autres qui passent sans rien dire ».

La volonté de faire venir des étudiants des Beaux Arts à Kallisté a germé dans l'esprit de Jean-Baptiste Audat, de l'association Art-Cade. Il a voulu créer des passerelles entre des artistes dont la voie est toute tracée et les jeunes du quartier qui n'ont jamais mis les pieds aux Beaux Arts. Il a tenu à ce que cette participation des étudiants se fasse hors cadre. Les étudiants viennent donc sur leur temps libre et sont payés pour la réalisation de leur oeuvre.
Pour les étudiants, l'intérêt est multiple, non seulement ils travaillent sur un projet professionnel, et sur un plan plus humain, l'aventure est riche. Selon Hadrien, « on ne serait jamais venus ici, s'il n'y avait pas eu ce projet, c'est une agréable surprise de se retrouver là », avant d'aller plus loin, « on parle tellement des banlieues, il y a beaucoup de fantasmes autour de l'insécurité notamment. C'est bien de voir sur place comment ça se passe. En ce qui nous concerne, nous avons été très bien accueillis ».
Malgré ce tableau idyllique, certains habitants ne cachent pas leurs désillusions, les peintures toutes fraîches ne vont rien changer à leur quotidien, leurs préoccupations sont ailleurs. L'art a ses limites et Hadrien le reconnaît, « on ne peint pas pour changer les choses ».

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Michael Couvret -