Coup de Mistral : La blague de 2013
Lundi 11/10/2010 | Posté par Cécile Mery
« PEUT-ON ENCORE MISER SUR 2013 ? », le débat politique, organisé lundi dernier par le Ravi, était haut en couleur. Le MBB, partenaire de l'évènement, était sur place.
Les protagonistes du débat se sont installés devant l'écran de l'unique salle de l'Alhambra, cinéma de l'Estaque. On pouvait voir, assis de gauche à droite, Renaud Muselier (UMP) délégué municipal pour Marseille Provence 2013, Patrick Menucci (PS), délégué régional, et Michel Pezet (PS), délégué départemental. Cette réunion s’organisait dans une seule optique : expliquer ce qu'est concrètement ce projet et où il en est. Certains doutent que Marseille soit prête à temps à pour assumer le rôle de capitale européenne de la culture. Et les Marseillais, eux, voudraient trouver leur place dans tout ça. En tout cas, le MBB n'est pas le seul à se poser des questions. Nous étions plus de 300 à nous disputer les quelque 250 places de la salle afin d’assister à la séance exceptionnelle, que chacun espérait sans langue de bois !
Alors, où on en est ?
La première question a été celle des rôles respectifs de chacun des politiciens. C’est R.Muselier qui entame le débat, et répond aux nombreuses « critiques et turbulences » concernant la mise en place de MP2013. Le rôle des politiciens locaux était de faire en sorte que Marseille puisse accueillir la capitale de la culture européenne, par conséquent les chantiers entamés pour son aménagement doivent être terminés en temps et en heure. Les travaux importants engagent 37 sites de la région Marseille-Provence, et 500 000 euros, soit un gros dossier, et apparemment il y a beaucoup de monde sur le coup... Le débat est lancé.
L'ambiance générale est chargée d'inquiétudes. C'est vrai qu'en ce moment, il y a beaucoup de projets en cours et parfois, leur but final est suspect. Financièrement, ça suivrait pas si bien que prévu, et surtout, les acteurs culturels et artistiques de Marseille-Provence s'impatientent. Ils aimeraient savoir quels seront les projets retenus, tout simplement.
Tous se protègent derrière leur alibi : oui, c'est le Maire de Marseille qui a proposé la candidature de la ville pour la capitale européenne de la culture. Mais les seuls grands patrons, qui gèrent tout le côté culturel, sont Bernard Latarget et son équipe. Là dessus, tout le monde semble s’entendre. À la question « est-il normal que M. le maire de Marseille ne siège pas au C.A. ? » P. Menucci répond « Est-ce que ça peut choquer ? Oui. Est-ce que c'est gênant ? Non ! » Encore une fois, c'est Bernard Latarget le patron, pas M. Gaudin, puis le C.A. n'est pas une chambre de proposition, seulement une chambre d'enregistrement, normal. On comprend vite que toutes les questions et inquiétudes concernant l'avenir de Marseille en 2013 sont pour lui, qui n'est pas là...
Des problèmes en série
Donc tout semble aller pour le mieux, mais la tension est tout de même palpable. Il faut savoir que si Marseille a été choisie, c'est qu'elle en a besoin. L'objectif est de faire de la ville un phare culturel, et de booster le territoire artistique. Mais aujourd'hui, Marseille hésite pendant que les villes alentour ne cessent de créer et d'investir dans la culture. Il faut admettre qu'une ville d'une telle ampleur saurait faire mieux en matière culturelle, mais est-ce vraiment les villes autour qui freinent ce développement, alors qu'elles sont presque toutes engagées avec Marseille dans MP2013 ? Pour P. Menucci, ce qu'il manque à Marseille pour atteindre une cohérence avec les villes de Provence (en comparaison avec des villes comme Lyon, Bordeaux, Toulouse), c'est la métropolisation et la première étape, c'est le transport... Selon P.Menucci, « ces 50 ans de retard en métropolisation ne se rattraperont pas en 3 ans avec Marseille-Provence 2013. » Sûr de lui, il avait pourtant commencé par affirmer que « oui, il faut parier sur 2013, on a les moyens de faire quelque chose de bien, mais il serait dommage de vouloir faire 2013 en 2010 ».
Quant acteurs artistiques et culturels de la cité phocéenne ayant proposé leurs projets (il y en a 2313) c'est encore à B. Latarjet et son équipe de répondre. Ceux-ci feront leur choix dès janvier (initialement prévu pour la fin de l'année 2010). Mais bien sûr, qu'ils soient choisis ou non par le C.A., libre aux structures culturelles de Marseille de mettre en place leurs projets, et de prendre des initiatives, de s'autofinancer car comme chacun sait, c'est quand même pas l'argent qui manque dans ces associations ! Mais le MBB est bien placé pour savoir que la réalité financière des associations n'est pas aussi confortable, on pourrait même dire catastrophique, en revanche les politiciens de la région n'ont pas l'air d'être au courant ! Enfin quand même, les Marseillais peuvent bien y mettre du leur, et de leur bourse tant qu'à faire. C'est d'ailleurs une volonté bien affichée que de faire MP2013 avec et selon les Marseillais. Alors qui cherche encore sa place pour 2013 ?
Photo : Nathalie Crubézy / Collectif à-vif(s)
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