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Quelle est l’image des Roms dans les médias ?

Mardi 10/04/2012 | Posté par Clara Martinez

Le Festival Latcho Divano s'est terminé dimanche. Dédiée aux cultures tsiganes, cette manifestation mêlait expositions, spectacles et débats. Samedi 31 mars, le thème de la discussion portait sur l'image des Roms dans les médias. Clara était présente.

Samedi 31 mars, dans le cadre du Festival Latcho Divano, se tenait une conférence-débat sur le thème "L’image des Roms dans les médias". Proposée par l’association Eurocircle, la soirée était modérée par Hervé Vaudoit, journaliste à La Provence, et comptait aussi quatre autres journalistes, venus raconter leurs expériences.

Dans les locaux de 
La Bo[a]te, qui accueillait la discussion, un petit buffet donnait la bienvenue avant d’entamer la conférence. Dans la salle du débat, il ne restait même pas la place pour une aiguille !

Différentes questions se sont posées dès le début : comment doit-on parler des Roms dans les médias ? Quand faut-il parler des Roms ? Seulement dans les cas de "crise" ? Pourquoi n’y-a-t-il pas plus souvent de témoignages des Roms dans les journaux ? Quelle est la place des associations ? 

Le premier intervenant, Pierre Coronas, journaliste à TourMaG, a travaillé sur cette question pour son mémoire de fin d’études. Il a énuméré quelques points importants retenus lors de son projet : les Roms n’ont quasiment jamais la parole dans les articles, "c’est toujours l’association qui les soutient qui parle en leur nom." 

Il a remarqué aussi le manque de spécialistes sur le sujet, ce qui amène souvent à la confusion avec la terminologie utilisée dans les médias. Dans le même ton critique, il a noté que, chaque fois que les Roms apparaissent dans la presse, c’est pour parler de l’illégalité. Pour Pierre Coronas, la solution est d’implanter un spécialiste dans chaque rédaction. Mais sera-t-il possible de mettre en place cette idée ?

Marjolaine Dihl, de La Marseillaise, a mis en question le fait d’avoir une "thématique Roms" dans les médias : "Pourquoi ? Il n’y a pas la même chose pour les noirs ou les arabes, par exemple." Elle a également mentionné l’obstacle de la langue, mais aussi le problème de défiance de la part des Roms.

La troisième participante, Ursula Nagy-Duplantier, journaliste allemande racontait que la seule fois où elle s’est trouvée face à des Roms, son intention était de parler aux gens. Quand l’association qui faisait de médiateur l’a amenée au camp de Roms, elle est arrivée, par hasard, au moment de l’expulsion de ce lieu.

"Les gens étaient tristes, mais ils avaient envie de raconter, même dans un mauvais français." Elle a suivi leurs mouvements et dans le nouveau campement, elle a trouvé une personne qui parlait très bien français et il lui a raconté sa vie. "Mais, ajoute-t-elle, ils croyaient que j’aillais les aider." 

Pour Anne-Aurélie Morell, de Med’In Marseille, le problème vient du fait qu’il y a peu de Roms qui s’expriment, mais aussi du manque de connaissances, et de relations. "Après, une fois qu’ils te connaissent ils viennent te parler", a expliqué la journaliste. Elle s’est interrogée aussi sur le fait d’aller voir les Roms uniquement quand il y a des problèmes. Le reste du temps, "on ne s’inquiète pas pour eux", relève-t-elle.

Une autre réflexion intéressante qu’elle a soulevée est la liberté des journalistes de faire leur travail, notamment ceux de la Presse Quotidienne Régionale (PQR).

Dans le dernier tour de parole du côté professionnel, Hervé Vaudoit, de La Provence, a différencié le travail de "crise" du travail d’ "initiative". Il a affirmé que pour faire un bon reportage, il doit y avoir la parole de toutes les personnes concernées. C’est-à-dire, que, dans ce cas concret, doivent y apparaitre les Roms, les associations et les institutions ; mais il a reconnu qu’il est difficile de recueillir la parole des trois parties dans un même article.

Le public a été réactif avec des interventions très enrichissantes. Alain Fourest, fondateur de l’association Rencontres Tsiganes a remercié la PQR pour son bon travail en général, mais il a remarqué que, parfois, "il y a de gros dérapages."  Il a valorisé aussi le rôle des associations : "le travail des médias est bon parce que les associations sont là pour les amener dans le bon sens." 

Un autre participant a signalé la stigmatisation des mots à force d'en faire une mauvaise utilisation. Par exemple, employer les mots "gitans", "Roms" ou "gens de voyage" d’une façon généralisée, sans savoir qui cela désigne précisément, est l’un des défauts dans le traitement de l’information.

Romain Donda, de SOS Homophobie, a conseillé aux journalistes de continuer à faire appel aux associations en tant que médiateurs, parce qu’elles savent qui seront les personnes plus pertinentes.
Il a aussi invité les journalistes à enquêter avant de lancer une information car, parfois, les premiers papiers peuvent être discriminatoires, et le contenu n’est souvent pas assez fourni pour bien comprendre la situation.

Pour finir, une autre journaliste allemande, qui faisait partie du public, a fait une remarque pertinente : "On dit qu’il faut donner la parole à ceux qui sont concernés, mais pourquoi n’y a-t-il pas de Roms ce soir non plus ?"



Crédit photo : dumplife (Mihai Romanciuc)



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Clara Martinez -