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Le cinéma de quartier : un truc de bobo ?

Lundi 30/01/2012 | Posté par Marie-Catherine Beretti (EJCM)

Des projections de cinéma ont souvent lieu dans les quartiers de Marseille. Mais d’où vient le public qui y assiste ? Marie-Catherine prend l’exemple d’une séance organisée fin janvier au Polygone Etoilé pour poser la question.

Le week-end dernier, Peuple et Culture, une association nationale d'éducation populaire, a organisé une projection d'oeuvres cinématographiques africaines au Polygone Etoilé. Le titre de l'opération : "Afrique, en toutes indépendances". L'entrée est gratuite, mais est-ce pour autant accessible à tous ?

Les 20 et 21 janvier, les amateurs de septième art avaient rendez-vous au Polygone Etoilé pour assister à la projection de courts et de longs métrages qui avaient pour particularité d'être tous produits et réalisés par des auteurs africains.

A l'origine de cette initiative, l'association Peuple et Culture, qui existe au niveau national depuis 1945 et à Marseille depuis 2003.

Elle regroupe environ quatre-vingts adhérents qui collaborent activement à plusieurs actions : formation, ateliers, lectures, projections. L'association intervient parfois dans les collèges pour faire découvrir les arts qu'elle entend promouvoir : la littérature et le cinéma.

Cinq adhérents ont collaboré au projet, visionné, trié puis sélectionné quatre oeuvres : le premier court-métrage, le premier long métrage, le premier western et le premier road-movie africains.

On pourrait croire, au vu du nom de l'événement que les réalisations vont aborder le thème de l'indépendance des anciennes colonies, mais non.

L'une des organisatrices nous explique justement qu'il s'agit d'indépendance au niveau des moyens de réalisation et de production cinématographiques.

Le titre exact, d'ailleurs, est "Afrique, en toutes indépendances II". Pourquoi II ? A l'origine, c'est l'association Lectures du Monde qui avait organisé, elle, un événement culturel autour de l'indépendance des pays africains l'année dernière.

Elle avait sollicité Peuple et Culture pour y apporter sa contribution et c'est ainsi que le petit groupe s'est mis en tête d'explorer le cinéma africain en donnant à voir des oeuvres qui ont marqué son histoire.

Dans la salle de soixante places, la quarantaine de spectateurs semble aguerrie à l'exercice de critique cinématographique. Le niveau du débat est assez élevé pour un événement organisé par une association d'éducation populaire.

Une des organisatrices l’admet, le public qui assiste à ces manifestations est un public cultivé, des professeurs, des amateurs éclairés, bref, des gens qui s'intéressent à la culture. Le samedi soir c'est avec Catherine Ruelle, journaliste à Radio France International, qu'ils pourront échanger autour du cinéma.

Vérification faite auprès d'une spectatrice, c'est effectivement un public avisé. J'entame la conversation avec une femme qui travaille dans le social et anime des ateliers d'écriture. Elle vient ici pour se "nourrir".

L'organisatrice me l'avait prédit "Faut pas se mentir, c'est essentiellement un public qui a un certain niveau d'éducation". L'association a beau multiplier les actions pour amener la culture à tous et essayer d'attirer le plus grand nombre à ses manifestations, son public reste le même.

Le Polygone Etoilé se trouve juste en face d'un bloc de béton. On n'est pas dans un quartier de "riches". Des habitants de cet immeuble sont-ils venus assister à la projection ? Rien n’est moins sûr.

Même l'odeur irrésistible de soupe aux lentilles préparée pour l'occasion et servie au premier étage n'y fait rien. Dommage.




Crédit photos : Peuple et Culture Marseille



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Marie-Catherine Beretti (EJCM) -