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Le G-RIEN se paye le G7

Vendredi 09/09/2011 | Posté par Samir Akacha

Marseille est une ville d’affaires. La politique locale y est dominée par les affaires et la politique internationale s’y retrouve pour parler affaires. En réaction au G7 de la finance, réuni aujourd’hui et demain au Pharo, le collectif G-RIEN vient rappeler que la politique est avant tout l’affaire des peuples. Hier, à l’initiative d’Emmaüs, se tenait un premier rassemblement sur le Vieux-Port. Samir y était.

Une ambiance bon enfant s'est installée sur le Vieux-Port. Un pirate de bric et de broc scrute les passants, tandis qu'une distribution de pain s'organise sous l'oeil des caméras, dans l'esprit de la manifestation : "On n’a pas de blé mais on donne du pain". Sur la place, Christophe Deltombe répond aux questions des journalistes. Une petite foule se masse pour écouter le président d'Emmaüs France, l'interpellant sur le RSA, la précarité des jeunes ou encore le difficile accès au logement. Il s'explique sur les raisons de la manifestation : "Nous ne sommes pas là pour gérer la misère, on est là pour la combattre, pour dénoncer ce qui ne marche pas".

Sergania, la soixantaine et minerve au cou, écoute avec attention. Elle a fait le chemin de son quartier jusqu'au Vieux-Port à pied : "Je touche une petite retraite de misère, j'ai eu le malheur d'avoir un accident de travail, j'ai des crises d'épilepsie, la tension, le diabète, j'habite au 5ème étage et je suis tombée de vingt-deux escaliers. Depuis 2004 j'ai fait une demande pour un logement social, je ne l'ai jamais eu". Elle tape le sol de sa canne avec énergie : "Un jour je vais aller devant l'Evêché avec mon matelas, et je resterai là-bas jusqu'à ce qu'ils me donnent un appartement. Pourquoi l'Etat attend que je passe les 65 ans pour m'offrir les transports ? Je ne vais peut-être pas vivre jusque là. Je paye déjà mon loyer, mes charges, mon électricité, et ce qu'il me reste de ma petite misère de reraite, c'est pour manger".

Bardés de T-shirts aux slogans de la manifestation, les compagnons d'Emmaüs expliquent inlassablement le but de l'action aux curieux de passage. Ils distribuent des tracts, qui feront office de pétition à remettre auprès de Georges, de la communauté de Cabriès :"On fait cette manifestation pour les gens qui n'ont pas de quoi se loger, pas de quoi se nourrir. Aujourd'hui on donne du pain à tout le monde, mais on fait des actions toute l'année. On aide en ce moment des Roumains à Aix-en-Provence, on leur donne des vêtements, de quoi faire la cuisine, des meubles... On fait cette manif pour montrer qu'Emmaüs n'est pas là que pour faire de la vente".

Une fanfare entame des classiques, aux sons des clarinettes et trompettes. Mélanie, militante auprès de plusieurs associations à Marseille, comme Attac, Les Amis de la Terre ou encore Amnesty, se réjouit de la mobilisation. Ce qu'elle espère, c'est que le message du G-RIEN soit entendu : "Le G7 doit comprendre qu'il faut arrêter de prendre des décisions simplement entre dirigeants des pays riches. Il faut prendre plus en compte l'intérêt des citoyens que celui des entreprises. Au lieu de l'austérité imposée aux peuples, on devrait plutôt taxer les transactions financières, les multinationales qui payent un impôt ridicule par rapport à ce que payent une PME ou des citoyens. On demande à ce que l'effort face à la crise soit mis sur ceux qui ont le plus de moyens et pas sur les plus pauvres".

Il est désormais 12h30. Une coupure d'électricité retarde l'intervention de Christophe Deltombe et de Jean Rousseau, président d'Emmaüs International. Quand la scène est fin prête, Christophe Deltombe prend la parole sous les applaudissements nourris d'une assemblée réduite mais attentive. Sergania a les mains jointes comme en signe de prière, les oreilles dirigées vers la scène : "La crise de 2007/2008 est le résultat de la plus profonde immoralité, celle de la spéculation autorisée depuis des années. Cela a conduit d'abord aux Etats-Unis à l'expulsion de millions de personnes de leurs logements, et dans le reste du monde au chômage, à l'exclusion et à la misère de toute sorte. Les banques ont oublié l'économie réelle. On a annoncé à l'époque des mesures fortes. Trois ans plus tard, rien. Le G7 va se réunir, et ce ne sera pas pour interdire les paradis fiscaux ou mettre en place plus de régulation, mais pour conforter les politiques d'austérité. Les plus pauvres vont payer le prix d'une crise qui a été créée par les plus riches".
Les discours prennent fin. Dans l'assemblée, chacun se promet de revenir manifester samedi, en repartant avec sa baguette de pain sous le bras.


Rassemblement de protestation : Samedi 10 septembre, 15h - Vieux-Port


crédit photo : Samir Akacha

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Samir Akacha -


Réactions des internautes

Samir Akacha
Vendredi 9 Septembre 2011, 14:34
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Photos
 Les photos de la manifestation : http://www.flickr.com/photos/saminthemoon/sets/72157627626836964/

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