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Le tennis à Marseille, c’est (presque) d’la balle pour tous

Mardi 23/06/2009 | Posté par Moufida Boudehane (Atelier de journalisme de Marseille)

Sport bourgeois ou sport pour tous? A l'heure de Wimbledon, Moufida Boudehane de l'Atelier de journalisme de Marseille a mené l'enquête de chaque côté du filet.

Le deuxième sport le plus pratiqué à Marseille est le tennis. Il s’est  « démocratisé » au cours de la dernière décennie et est désormais présent dans divers endroits de la ville. Du côté des plages, sa zone d’implantation traditionnelle, mais aussi dans des cités dites « sensibles » des quartiers nord. Tous les clubs reçoivent des subventions mais les moyens mobilisables ne sont pas partout les mêmes. Ni les débouchés qui s’offrent aux jeunes.

C’est la fin de l’après-midi et l’air marin souffle sur les terrains en terre battue. Un couple de personnes âgées, assis paisiblement sur des chaises blanches, regarde du haut de la terrasse. La couleur ocre qui prédomine donne des petits airs de Roland Garros aux enfants qui s’entraînent sur les courts. C’est non loin de la plage du Prado que se trouve le plus ancien club de tennis de Provence, le Tennis Club de Marseille (TCM), créé en 1894.

Car si à Marseille, le foot, ce sport collectif et festif, est sacré, pour aller “droit au but” il faut bien constater que d’autres sports sont eux aussi présents dans la ville. En 2008, Dans les Bouches du Rhône, la ligue de la Méditerranée de football comptait 44 139 licenciés, talonnée par le comité 13 de tennis qui en revendiquait 38 334. Avec ses 19 599 licenciés dans toute la région, selon le Comité de Provence de rugby, le rugby arrive en troisième place, mais loin derrière.


« Ce n’est plus un sport de riche»
Présidente du TCM, Nathalie Benveniste explique l’évolution du tennis dans son club: «Il y a eu une évolution des mœurs depuis 10 ans. Les gens veulent et pratiquent plus de sport. Avant, les adhérents étaient inscrits seulement pour être membre d’un club, maintenant ils jouent. » Selon elle, la question de l’accessibilité à ce sport a changé: « Au niveau de la proximité et financièrement, ce n’est plus un sport de riche: le tennis s’est démocratisé. »

Le tennis vraiment plus un sport de riche ? Le sujet porte à discorde lorsque l’on évoque le milieu aisé fréquentant le TCM : « D’un point de vue financier, un jeune des quartiers nord peut très bien venir jouer au tennis ici, assure-t-elle. Mais c’est socialement que cela pose des problèmes… Mais contrairement à ce que l’on croit, il y a des initiatives à ce sujet

Au TCM, le tennis est donc ouvert à tous… sauf à ceux qui viennent du bas des HLM. Certes, il y a des initiatives. Aidé par le Conseil Général et Fête le Mur (association créée par l’ex-tennisman Yannick Noah pour promouvoir et rendre accessible le tennis à tous), le TCM organise chaque année à la mi-juin, un tournoi féminin à entrée libre. A cette occasion, une dizaine de jeunes filles issues d’autres structures moins favorisées déjeunent et échangent leurs impressions avec des joueuses professionnelles classées pour la plupart d’entre elles entre la 75ème et la 500ème place mondiale. Nathalie Benveniste explique son objectif : «On va faire en sorte qu’elles s’intègrent et elles vont s’intégrer ». Le leitmotiv de la fameuse « intégration »… Si les mœurs ont fait évoluer le tennis, certaines mentalités, elles, tardent à bouger.


« Démocratisation oui, intégration, nuance… »
 Le vent souffle encore sur les terrains en dur. Des mères assises sur des blocs en pierre contemplent leurs enfants qui galopent sur les cours. Autre lieu, autre Tennis club. Pas de plage aux alentours, que du bitume. Dans les quartiers nord du 15ème arrondissement se trouve l’Association Tennis Busserine (ATB) depuis plus de 20 ans. Pour Mohamed, 23 ans, responsable et professeur de tennis, la question de l’argent reste cruciale dans ce sport. «Les gens des quartiers n’ont pas les moyens financiers. Pour faire tourner ce club, nous sommes aidés par l’Association de Yannick Noah et par le Conseil Général. Grâce à ça, l’ATB peut fournir le matériel (raquettes et balles) aux jeunes adhérents, et même les donner aux plus assidus. On est dans le social», raconte-t-il avant de souligner un désaccord avec la directrice du TCM. «Je pense qu’avec tout cela, il y a bien une démocratisation du tennis. Mais une intégration? Je serais beaucoup plus nuancé. Tout le monde est intégré dans la société, quel que soit le lieu ou l’on vit. »

Selon le site de la jeunesse et des sports en région PACA, «le développement de nouveaux freins culturels d’ordre communautaire dans les quartiers sensibles entraîne une lente exclusion des jeunes filles dans ces quartiers ». Pourtant, à l’ATB on compte bien plus de jeunes filles que de garçons. Et, chose impensable il y a 20 ans, la plupart ont été inscrites par leur mère.

Phénomène de mode ? En tout cas, confirmation du fait que dans le tennis les moeurs ont évolué et que sa pratique s’est ouverte à de nouvelles catégories sociales.

Reste le sujet de l’accès au haut niveau. Sur ce point, Mohamed est mitigé :« Les portes sont ouvertes mais j’ai envie de dire que cela reste une question de moyens. Largardère s’est associé il y a 2 ans à Fête le Mur pour essayer de déceler des jeunes joueurs. Mais on sait bien qu’ensuite, il faut surtout de l’investissement personnel, du joueur et de sa famille

« Le tennis un sport réservé à tous », tel est le slogan de La Fédération Française de tennis. Mais reflète-t-il bien la réalité ? A Marseille, le tennis touche aujourd’hui un plus large public qu’il y a 20 ans. Mais pour ce qui est de voir percer au plus haut niveau des jeunes des quartiers, Yannick et les autres ont encore du boulot sur la planche.

M.B.


Reportage et photos de Moufida Boudehane, réalisé dans le cadre de l'Atelier de Journalisme de Marseille. Vous pouvez retrouver les autres articles de l'AJM sur leur blog "C'est quoi l'histoire?"

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Moufida Boudehane (Atelier de journalisme de Marseille) -


Réactions des internautes

Romuald
Mercredi 24 Juin 2009, 14:52
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Etant Aixois de coeur mon avis sur Marseille ne compte peut-être pas, mais je trouve dommage que nombre de Marseillais ne jurent que par le foot.


J'ignorais en tout cas qu'il y avait autant de licenciés en tennis que ça, talonnant de près le nombre de lincenciés en foot !
Cet article me fait en tout cas penser à un autre du BondyBlog, dans lequel une BBLogueuse y parle des railleries entourant ces jeunes d'origine maghrébine aimant non pas la culture rap, mais le rock.

Pour le tennis, ça me semble pareil, c'est comme s'il était aberrant de ne pas aimer le foot et d'au contraire pratiquer un sport traditionnellement réservé aux "élites "(et aux Blancs?..)..


Que le tennis perce dans les Quartiers Nord est donc une très bonne chose, d'autant plus que les licenciés sont majoritairement des licenciées.
Casser les ghettos sociaux, ethniques, psychologiques, et c'est par les femmes que ça se passe(ra).
Même si ça prendra du temps, et malgré des moyens bien plus faibles.....


Parenthèse: je suis en train de regarder Wimbledon, avec du tennis féminin.
Je repense aussi aux filles de l'Equipe de France de basket qui ont gagné à Riga l'Euro 2009 et sont donc championnes d'Europe. Travaillant au terminal par lequel elles sont arrivées et habitant juste à côté, je m'étais rendu, dimanche aprèm, pour les applaudir.
Certes, le basket a en France bien moins de succès que le foot, le rugby ou le tennis, mais j'ai trouvé dommage qu'elles ne soient pas mieux accueillies.

Le sport féminin est très peu considéré, car la femme est bien moins considérée (suffit de voir la couverture médiatique et les bien moindres récompenses financières)..
Y a du progrès à faire... Espérons qu'avec Rama Yade aux Sports, ça change un peu?

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