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Nassurdine Haidari : Moi, un noir - 1e partie : L'enfant du Panier

Mercredi 11/04/2012 | Posté par Christine Gorce et Jean-Philippe Hierso

QUARTIERS DIVERS - A l'approche des élections présidentielles, le MBB vous propose de mieux connaître Nassurdine Haidari, jeune élu marseillais. Christine et Jean-Philippe sont allés à sa rencontre. 1ère partie : L'enfant du Panier

Imam à 11 ans, vice-président du CRAN (le Conseil Représentatif des Associations Noires de France), doctorant de l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix et aujourd'hui élu socialiste à Marseille, Nassurdine Haidari a lancé aux candidats à la présidentielle un appel remarqué, "Nous ne marcherons plus", que le Bondy Blog et le Marseille Bondy Blog ont déjà relayé.

But de l’initiative : mettre en application concrète, dans une France plurielle, le principe constitutionnel d’égalité. À l'heure où l'instrumentalisation de la “menace” migratoire tente de s'inviter dans la campagne présidentielle, nous revenons sur le parcours de ce jeune élu, inscrit dans l'histoire marseillaise.

I. L'ENFANT DU PANIER

Nous lui avons donné rendez-vous au Panier, fief guérinien et quartier de son enfance ; il vient à nous en s'appuyant sur une béquille : “L'agression ? -Oui, confirme-t-il, l'agression...”


“Je ne suis pas un élu comorien, je suis un élu républicain”
Nassurdine Haidari a été roué de coups dans la cité Félix-Pyat (3ème arrondissement), lors d'une tournée de campagne où il accompagnait Patrick Mennucci, maire PS du premier secteur. Les agresseurs, qui se sont déclarés au nom de “Ici, c'est à Guérini”, ont été depuis retrouvés et entendus.

Quelles que soient les conclusions de l'enquête, les faits sont là, témoins de ces “traditions” microlocales persistantes qui étouffent la vie politique marseillaise.

Pendant les primaires socialistes, Haidari s'était vu interdire l'accès aux Comoriens de Félix-Pyat. Touche pas à mon fief ? On ne la fait pas à Nassurdine Haidari : “Mon père en arrivant ici n'avait rien, et il a tout construit. Je veux assainir les méthodes politiques, tourner la page du defferrisme et en finir avec ce système véreux. Et c'est bien ce qu'iIs ont compris...”

Retour au Panier, où tout en causant, nous descendons de la rue des Cartiers vers la rue du Poirier. Haidari s'arrête devant une bâtisse aux fenêtres murées. Un vasistas plonge dans le sous-sol : première mosquée de son enfance. Sur la façade, un permis de démolir jouxte un permis de construire. Nous sommes aux pieds de l'îlot Sanchez, ce quartier d'habitations insalubres dévolu aux migrants comoriens dans les années 70.


“L'islam des caves”
“On avait peur quand on rentrait là-dedans. Vous ne voyez pas la maison ? Ça pouvait très bien s'écrouler”. Nous voici penchés sur cet “islam des caves” qui répand dans la société française une crainte diffuse, simple reflet de la vie pauvre où des existences déracinées tentent de refaire communauté.

C'est là que le jeune Nassurdine trouve la sensation de refuge et de protection susceptibles de faire tampon aux dangers de la rue (livrée aux trafics de drogue) et aux difficultés du quotidien.

C'est aussi là qu'il se souvient avoir rencontré son premier homme politique (“un homme politique blanc, en costume, je n'avais jamais vu ça...”) : Robert Vigouroux, alors en campagne pour succéder à Gaston Defferre, était venu porter aux membres de la communauté comorienne les bulletins de vote qu'ils devaient glisser dans l'urne (“pour qu'on ne se trompe pas”, rajoute malicieusement Haidari...)

Clé du contrat ? La nouvelle salle de prière, un peu plus haut rue des Cartiers, en rez-de-chaussée cette fois-ci. “Le plus beau, observe Haidari, c'est qu'on était nostalgique en quittant l'ancienne !” Toute mémoire a ses temps chéris, ses temps héroïques.


“On ne guérit pas de l'enfance...”
Corses, Italiens, Comoriens,... le jeune Nassurdine grandit au cœur d'une mosaïque de communautés qui ont délimité leur territoire. En montrant la partie haute (près de la place des Moulins), il se demande si un noir a jamais habité ici. “On vivait côte à côte, mais chacun devait se tenir à sa place... Surtout nous, qui étions les derniers arrivés.”

La communauté comorienne vit cachée, repliée dans l'“entre soi”. On ne se mélange pas, “enfin si, corrige-t-il, les enfants se parlaient”, ce qui était beaucoup plus difficile pour les parents comoriens, isolés par la barrière linguistique.

Haidari ne parle jamais d'enfance malheureuse mais il a l'enfance grave. Une enfance partagée entre l'école publique, les petits boulots et l'école coranique (les mercredis, samedis et dimanches), qui ne laisse pas beaucoup de place à l'insouciance. Il fait les courses, le ménage des vieilles dames, il travaille dans une bonbonnerie chinoise où la température s'élève à 40 degrés, quand il ne s'isole pas dans son couloir pour se protéger du quartier.

Un de ses rares plaisirs, il le puise dans les bonbons, les gâteaux, confessant aujourd'hui encore une certaine tendance à la boulimie : “séquelle du droit à l'enfance que je n'ai pas eu...”

Pour sa mère, élevée dans une famille aisée issue d'une lignée de sultans, c'est l'expérience du déclassement. Engagée comme femme de ménage à ONET, elle le restera jusqu'à ce que sa santé l'en empêche. Une mère qui gère les deniers, conformément à la tradition matriarcale comorienne, une figure pacificatrice et aimante. “Mais, ajoute-t-il, on ne dit pas je t'aime chez les Comoriens...”





Crédit photos : Christine Gorce 



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Christine Gorce et Jean-Philippe Hierso -


Réactions des internautes

Romuald
Dimanche 15 Avril 2012, 11:07
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Re:
Trop fort : « Je ne suis pas un élu comorien, je suis un élu républicain ».

Ah ?

Pourquoi ce monsieur est-il alors président du Conseil répresentatif des Français d'origine comorienne; outre sa qualité de vice-président du CRAN - assoc qui ne défend que les noirs, donc ?...


Attention, qu'on ne s'y méprenne pas : je n'ai rien contre ce monsieur, ou contre sa communauté en particulier.
Non, j'en ai après tous les communautarismes en général.
Moi-même d'origine asiatique, je méprise cette initiative prise par l'UMP, que de draguer l'électorat asiatique en créant un Conseil représentatifs des asiatiques de France (CRAF), avec à sa tête le Franco-Chinois, et UMP, Chenva Tieu.

Tous ces gens-là pleurnichent de ne pas être considérés comme Français à part entière (cf la 2ème partie, lorsque cet imam relate les moqueries subies par les enfants d'immigrés italiens), mais se comportent finalement comme des éternels étrangers, de nationalité française.
Bonjour l'incohérence, la schizophrénie !

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