Pas de débat, pas de cacahuètes, mais un Bennahmias affamé
Mercredi 05/03/2008 | Posté par Julien Vinzent
A défaut d'être écouté par la presse régionale et nationale, le tête de liste du MODEM est invité à débattre devant des apprentis journalistes de l'EJCM.
Après Bruno Gilles et Patrick Menucci (voir notre article du 13 février), l’Ecole de journalisme et de communication de Marseille accueillait, vendredi 29, Jean-Luc Bennahmias, le candidat à la mairie de la liste « Démocrate et écologiste ». Même principe : les étudiants l’ont soumis à une série d’ « épreuves ».
14h, armé d’un cookie de la taille d’un CD et d’une canette, Jean-Luc Bennahmias débarque dans l’amphi. Il n’a pas déjeuné alors tout le monde le regarde engloutir l’un comme l’autre. Une fois rassasié, le voilà prêt à entendre le portrait brossé par Florent Bouteiller. Ce dernier brise la glace, un brin ironique : « Jean-Luc Bennahmias c’est l’exemple parfait de l’homme sympa ! ». Il détaille : écolo, volontiers boute-en-train, avec une réputation de bon vivant, scout, bref, il l’imagine au coin du feu à chanter des chansons jusque tard dans la nuit…Il passe ensuite par le menu son parcours du journalisme et des Verts jusqu'au Modem et sa candidature à Marseille. Le décor est planté.
On peut passer aux réjouissances. Les thèmes de campagne sont tour à tour abordés sous forme de courtes interviews: les transports, le logement, la propreté et l’environnement, l’économie et l’emploi, et enfin la culture.
Première question sur la difficulté d’exister médiatiquement entre Jean-Claude Gaudin et Jean-Nöel Guérini. Touché ! Notre scout sort de son costume bonhomme pour dénoncer le silence radio dont il fait l’objet au niveau national : « on dit qu’on ne prête qu’aux riches, on ne prête aussi qu’aux Parisiens, il est difficile d’exister au niveau de la presse nationale ».
Mieux, il affirme que la Provence, subventionnée par le conseil général et la communauté urbaine (dont sont président respectivement MM. Guérini et Gaudin), les met en avant. « Il n’y a qu’à voir le nombre de unes qui leur sont consacrées », poursuit-il. Le quotidien appréciera. François Bayrou est venu le soutenir cette semaine à Marseille, on retrouve là ses envolées de la campagne présidentielle sur les médias.
Comme toujours avec le Modem, le sujet des alliances vient sur la table rapidement. Sur ce point, Jean-Luc Bennahmias est clair : « Je veux fusionner pour être au pouvoir dans cette ville ». Les discussions en cours ? Pas question avant d’avoir les résultats du premier tour. Patience donc. Mais il ne cache pas sa volonté de se « vendre chèrement », et même de « foutre le oaï » (traduisez obtenir la tête d’un maire d’arrondissement).
Une dominante : l’homme sait être là où on ne l’attend pas. Un exemple : sur la piétonnisation partielle du Vieux-Port, il dénonce « une hérésie ». Explication : les deux principaux candidats, qui ont promis cet aménagement, « veulent juste être dans l’air du temps ». Pour lui, une telle proposition relève de « l’intégrisme écologique » : que fait-on des tunnels, cher payés, qui débouchent sur le Vieux-Port ? Pas banal dans la bouche d’un ancien écolo…
Entre deux bouchées de Mars ponctuées de « je suis à vous tout de suite » qui ont le don de déstabiliser les intervieweur (décidemment l’absence de déjeuner le travaille), il répond à une autre question : «Sur le développement durable, les deux candidats suivent le sens du vent et l’intègrent à leur programme, n’avez-vous pas peur d’être phagocytés ? ».
Regard espiègle : « Même pas ». Il s’en félicite plutôt, mais précise que « si on n’était pas là, ils ne le feraient pas ». Et de se lancer dans une tirade sur la croissance : tout le monde se « focalise sur la croissance. Moi je suis pour la croissance dans certains secteurs. Mais dans certains, il nous faut une décroissance ». Il cite notamment ceux de l’énergie et des transports. Je suis rassuré : je n’ai pas rêvé, on a bien à faire à un ancien Vert, il a même placé au passage le rapport Stern (qui évaluait le coût futur du réchauffement climatique).
Nous l’écoutons donc discourir sur les transports, et là, c’est l’explosion. La LGV. « Vouloir la faire passer par Marseille, Toulon etc. c’est une aberration ! 40 km de tunnel à creuser, rendez-vous compte. Nous ne la verrons jamais parce que nous serons tous morts. » Finalement, le bonhomme a du panache.
Allez une dernière : au jeu du « j’aime/ j’aime pas » (sur le même principe que celui de Caroline Roux dans La Matinale), il se retrouve face à un piège bien plus vicieux que le « Gaudin ou Guérini ? » tendu un peu après. « Jean-Luc Bennahmias, la Logan Break, j’aime ou j’aime pas ? Parce que vous roulez avec, ce n’est pas très écologique comme voiture… ». Là, je jubile. Comment va-t-il s’en sortir ? « Mais elle est neuve ! Et puis vous savez le mieux est l’ennemi du bien : je suis d’ailleurs content que ce soit la voiture la plus vendue en France. Ca prouve que les Français ont enfin renoncé à vouloir toujours ce qu’on leur présente comme le mieux [ce qu’on appelle « l’effet Mercedes »]. Moi, je veux juste une voiture qui roule, qui me permette comme ce week-end d’aller au ski avec ma petite famille, les skis sur le toit ». Las, l’ancien Vert n’a pas vu rouge. Le voilà même transformé en skieur du dimanche, avec bonnet à pompon et le reste…il en deviendrait presque l'homme sympa !
Julien Vinzent
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Réactions des internautes
Mercredi 5 Mars 2008, 22:11
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Jean-Luc en guest star
Bon résumé, dommage que le typ soit antipathique aupossible en vrai. C'estce que je retiens de cette rencontre avec lui. M'enfin. Il m'a quand même dit que la Provence faisait des unes sur le PS et l'UMP parce qu'elle touche des subventions de la part du conseil général et de l'UMP. Sans sous-entendu.Répondre -