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Visite en catimini du Président de l’Union des Comores

Lundi 16/02/2009 | Posté par Benoît Gilles

VIDEO EN +. La visite à Marseille du Président Sambi, chef d’Etat de l’Union des Comores, n’a pas été couverte par la presse locale, ce dimanche 15 février. Pourtant les membres de la Diaspora étaient nombreux à venir l’accueillir. Reportage.

La rumeur courait parmi les Comoriens de Marseille. Mais, en dehors des plus actifs membres de la communauté (80 000 membres, chiffre invérifiable), personne ne semblait être au courant. Pourtant, ils étaient fort nombreux en cet après-midi de dimanche, à venir accueillir Ahmed Abdallah Sambi, chef d’État de cette petite union de trois îles de l'Océan Indien.

Comme à l’accoutumée, pour chaque rendez-vous communautaire, les notables et dignitaires coutumiers, occupaient les premiers rangs des Salons de Magalon, près du métro Bougainville. Avec force bonnets et écharpes brodés, symboles de leur statut, ils disputaient les honneurs de l'accueil aux rares élus locaux issus de la communauté, Elisabeth Saïd, conseillère municipale socialiste et Nassurdine Haidari, conseiller d’arrondissement également socialiste. Les femmes, reléguées en fond de salle avaient également revêtu leurs plus beaux chiromanis, le pagne comorien devenu avec les années une vêture commune des rue de Marseille.

Si le chef d’Etat a choisi un dimanche pour venir rendre visite à la diaspora comorienne de Marseille, première communauté comorienne en France métropolitaine, c’est que son week-end était passablement chargé. En effet, dès vendredi, à Paris, il inaugurait les locaux du premier bureau de la Banque postale comorienne en France. La même raison l’amenait à Marseille, un dimanche (sic!) où une telle institution doit ouvrir ses portes à la fin du mois.

La création de ce bureau est destinée à formaliser les transferts d’argent effectués par la diaspora en direction de leur famille, village ou quartier. Une décision cruciale pour l’avenir des Comores, tant l’aide monétaire des Comoriens de France est essentielle à la survie et au développement de la population restée au pays. Le ministre de la Poste et des Télécommunications, Abdoulrahim Saïd Bacar estimait même à 24 milliards de Francs comoriens, le montant de ces transferts. «C’est un évènement inédit car il permet de rompre avec les transferts de la main à la main et l’informel. Désormais cet apport essentiel à l’économie du pays se fera de manière plus visible et plus rentable pour tout le monde», déclarait-il en tribune. Créé en partenariat avec la Compagnie de Banque internationales de Paris (CBIP) déjà présente sur des marchés similaires en Afrique de l’ouest, cette nouvelle institution est destinée à formaliser et sécuriser les échanges pour un coût annoncé comme «modeste».

En effet, chaque mois, les Comoriens de Marseille envoient de quoi tenir à leur famille restée au pays. Ces fonds permettent également la construction de logements, et la mise en œuvre de projets collectifs à l’échelle d’un quartier ou d’un village. Dépourvues de la moindre ressource, les trois îles de l’Archipel ne peuvent se passer de cette manne.

Des billets low cost !
Mais ce n’est pas sur le plan financier que les Comoriens attendent un geste de la part de leur Etat d’origine. Depuis des années, ils protestent contre la cherté des billets d’avion en direction des Comores qui grèvent lourdement le budget des familles. Et la nomination récente d’un consul des Comores à Marseille, Stéphane Salord, ancien élu UMP de la ville d’Aix, n’a pas permis de retrouver une solution à ce problème. Le nouveau consul a été d’ailleurs plutôt chahuté à sa montée sur le podium.

Les uns après les autres, chacun des hauts personnages appelés à la tribune, a dû faire des promesses sur la fin prochaine de ces tarifs prohibitifs. « 1400 euros le billet ? Mais comment voulez-vous que l’on se rende en famille aux Comores, se plaignait l’un des participants des premiers rangs. Sans compter que si on part avec Yemenia Airlines, on ne sait jamais quand on arrive, ni dans quel état. Leurs avions sont de vrais poubelles ».

Le chef de l’Etat lui-même est revenu sur ce sujet crucial pour la diaspora dans un discours en comorien qu’un aimable participant a bien voulu nous traduire. « Moi-même, chef d’Etat, je vais arriver à Moroni à 3 heures du matin, croyez-vous que cela soit normal ? Nous avons fait le tour des capitales régionales pour trouver une compagnie qui assure cette desserte à un prix correct. Et je vous promets que la prochaine fois que je viendrais ici, c’est sur une ligne régulière Marseille-Moroni». L’assemblée présente applaudit à tout rompre. «Chez nous, il n’y a pas de Saint Thomas, on croit ce qui est dit et non pas ce que l’on voit… », se désole un participant, visiblement peu convaincu.

Il n’empêche, maniant volontiers l’humour et la séduction au cours d’un discours fleuve, le chef de l’Etat a continué à exhorter les ressortissants comoriens à œuvrer pour le développement de leur pays d’origine. Il faut dire que le Chef de l’Etat a également besoin du soutien de la diaspora s’il veut gagner le prochain référendum constitutionnel, prévu en mars, qui lui permettra peut-être de disputer un nouveau mandat.

Benoît Gilles

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Benoît Gilles -


Réactions des internautes

tintin
Vendredi 27 Février 2009, 11:49
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mais si, la presse locale était là !
Radio Galère s'est fait, en direct, l'écho de cette visite*

* sauf à considérer que les radios associatives ne font pas partie de la presse locale !!!!

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Benoît Gilles
Vendredi 27 Février 2009, 21:01
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Re: mais si, la presse locale était là !
Désolé, je n'avais pas repéré le reporter de Radio Galère. Ce n'était nullement un jugement de valeur, on est tout autant associatif que Radio Galère et on fait l'un et l'autre partie de la presse locale. J'aurais dû écrire, les grands médias locaux : la Provence, La Marseillaise, France Bleue...

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