Le bonheur est dans le bidonville
Mercredi 04/03/2009 | Posté par Elise Ferret (EJCM)
Youssef est propriétaire d’une rôtisserie à Notre-Dame-du-Mont. Enfant il n’avait rien à lui. C’est justement cet esprit de partage et de débrouille dans son bidonville qui l’a construit.
«Ce qui m’a marqué dans le bidonville, c’est que toutes les portes étaient toujours ouvertes. Y’avait une grande solidarité». Youssef a 43 ans, mais la porte de son restaurant reste toujours ouverte comme dans son enfance. De la Cayolle, qu’il a quitté à l’âge de sept ans, il garde des souvenirs enchantés. Au milieu du linge étendu sur le même fil pour tout le monde : «Y’avait une sorte de bassin tout boueux avec des grenouilles. Nous, on se disait qu’on avait une piscine. On se baignait dedans». Il repense avec tendresse à cette mamie qui échangeait des bonbons contre quelques centimes. «Elle avait une vielle armoire en bois et elle les vendait chez elle. Il suffisait de monter trois petites marches avec des sous dans la main pour repartir avec !»
Partis de Fès au Maroc, ses parents sont arrivés à la Cayolle dans les années 60. Un père maçon puis épicier, une mère femme au foyer. Elle donnait le bain à ses cinq enfants dans des bassines en fer. «Quand on est arrivés dans notre HLM des Chartreux, on était surpris de voir une baignoire et un ascenseur !»
En pleine campagne isolée, près des calanques, Youssef a un sentiment ambivalent : il vit à l’air libre mais reste surveillé par les adultes. «C’est comme un clan, un ghetto ! Comme être en liberté dans une prison».
Des images ensoleillées d’une enfance pas dorée du tout. Et le souvenir d’une sensation désagréable. «A cinq ans tu traînes dehors la nuit, tu vois des voitures brûlées. Pendant ton sommeil t’entends des coups de feu. Je pense qu’inconsciemment t’es choqué et t’as toujours peur».
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Par Tony Off