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C’est le printemps au jardin des Dènes

Dimanche 22/03/2009 | Posté par Martine Besseteaux (EJCM)

A la Belle de Mai, un ancien jardin ouvrier, le jardin des Dènes accueille les personnes en contrat d’insertion avec un double objectif convivial et solidaire. Reportage de saison.

J’ai rendez-vous avec Robert ce matin pour aller visiter le jardin collectif dont il est responsable. Ce jardin est un des projets de la Fraternité Belle de Mai, une antenne du réseau des oeuvres sociales de la mission populaire évangélique de France. A l’entrée de la Fraternité, Corinne me reçoit et m’offre gentiment un café tout en me parlant des différents ateliers que le centre propose au 150 RMIstes qu’ils reçoivent.

«On est ouvert à tous ceux qui ont besoin d’aide, en tout plus de 250 personnes de toutes nationalités et religions, explique Corinne.
Les ateliers vont de l’alphabétisation à l’informatique, en passant par la cuisine, le théâtre mais aussi le jardin des Dènes, pour
Denrées pour une Economie Nouvelle Solidaire». Ce jardin a vu le jour au printemps 1998. Il s’agit d’un potager collectif et biologique qui fonctionne comme un espace de convivialité et de solidarité pour et avec les personnes en situation d’exclusion sociale et économique. Il est ouvert à tous.
 
Robert arrive, il est le responsable bénévole du jardin. Pour le moment, ils sont quatre ou cinq personnes à travailler tous les matins, du lundi au samedi, sur les parcelles d’un ensemble de jardins ouvriers que la Ville de Marseille loue à la Fraternité. «Il y a deux parcelles à cultiver, alors notre équipe peut compter jusqu’à dix personnes», m’explique Robert. Il s’occupe du jardin depuis 3 ans, c’est une assistante sociale qui l’a dirigé vers la Fraternité. Le jardin reprend doucement après un hiver pluvieux. Ils ont commencé à semer.

«-Il y a une différence entre semer et planter ?».
«-On sème les salades mais on plante les oignons et l’ail», me dit Robert. Les graines sont récoltées ou achetées. Les jardiniers font pousser des légumes : salades, haricots verts, fèves, navets, ail et oignons… Mais ils ont aussi des arbres fruitiers, un abricotier, des oliviers, un peu de vigne et des figuiers. «L’année dernière, la récolte a été très bonne se souvient Robert. On s’est régalé». Avec tout ça, vous pouvez imaginer les pique-niques que les gars vont pouvoir organiser pour la Fraternité et les copains. Car c’est là le premier objectif du jardin : alimenter des repas conviviaux. Le reste, ils se le partagent et fournissent la cuisine de la Fraternité.

Jean-Max arrive. C’est la première fois qu’il vient au jardin. Il est de Picardie. La vie l’a malmené. Depuis novembre il a trouvé refuge à l’Armée du Salut. Ensemble, on va à pied de la Fraternité au jardin. On prend une petite rue qui monte. Puis sur le chemin on délaisse à notre gauche une grande maison bourgeoise du XIXe siècle. Nous passons une barrière escamotée puis nous arrivons sur une butte en hauteur avec vue sur la tour de la CMA-CGM.

Il fait bon, il y a un petit air frais. Nous voilà au paradis, au jardin d’Eden. Les parcelles de la Fraternité font partie d’un groupe plus important d’une quinzaine de parcelles divisée en jardins. La parcelle est assez grand plus de 55mX 35 m. Robert me dit dès qu’il va faire chaud, ils vont changer les horaires. Ils viendront tôt le matin jusqu’à 10h puis en fin d’après-midi pour arroser. Ils ont plusieurs points d’eau et recueillent de l’eau de pluie.

Robert me montre les petit pois. «L’année dernière, nous avons attendu trop longtemps pour les ramasser et quelqu’un d’autre est passé et a tout pris». Donc cette année, il fera attention à récolter à temps. Il veut ramasser le fruit de son travail.
Je fais la connaissance de Séraphin. Il vient de Guyane et travaille au jardin depuis un mois. «En Guyane, je cultivais des de fruits et légumes exotiques comme le yam violet ainsi que des plantes médicinales comme la mélisse et la citronnelle». En 2005, il est arrivé en France, car il a été débauché de l’armée où il était cuisinier.

Robert m’explique les règles de fonctionnement du jardin, elles sont très simples : «Il n’y a pas de contrainte. On vient quant on veut». Le jardin doit avant tout être un plaisir. Johnny arrive ainsi à son heure. Il vient donner un coup de main à son copain Robert de temps en temps. Johnny est le plus grand du groupe, alors il s’occupe de la taille des arbres. Il va avoir aussi son coin à cultiver. Il veut faire pousser des géraniums et il veut une fontaine avec des poissons. Mercredi dernier, ils ont fait une grillade avec un colombo, un plat créole que Séraphin a cuisiné. «C’était délicieux
», avoue-t-il sans fausse modestie.

A son initiative, ils ont planté du piment, plusieurs sortes de piments. Cela lui donne l’occasion de discuter des différences cuisines créoles. Notamment avec Gilbert qui vient de la Réunion. Lui est en France depuis les années 60. Il retourne à la Réunion de temps en temps pour voir de la famille.

Quand le temps le permet, ils tirent des tables à tréteaux et peuvent accueillir jusqu’à 50 personnes pour des repas conviviaux. Le but de ce travail fait en commun est là : en cultivant la terre ensemble, ils font naître de la relation, de la parole, des amitiés. C’est de ce jardin, le fruit le plus précieux.

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Martine Besseteaux (EJCM) -