Shadi Abdel Salam, patrimoine du cinéma égyptien
Jeudi 01/11/2012 | Posté par Pascaline
Pascaline, l'une des bloggeuses émérites du MBB, vit désormais en Egypte. Régulièrement, elle nous fera partager une chronique de sa vie sur la rive Sud de la Méditerranée.
Comment vous décrire la culture de l'Egypte ? Comment mettre des mots sur la vie d'Alexandrie ? Comment comprendre et retranscrire l'identité, la culture, l'ambiance des rues ? Bien des questions qui se posent à moi et auxquelles il serait difficile de répondre en quelques lignes. Voici donc une première esquisse. Celle-ci commencera par la présentation de grands Hommes qui ont participé à la construction de ce pays. En voici un...
Lundi 8 octobre avait lieu à la Bibliotheca Alexandrina la diffusion du dernier film inachevé du cinéaste Shadi Abdel Salam (1930-1986). La trilogie "The road to God" combine trois courts métrages : "The fortress... El Dendrawya... Tragedy of the great House", dont les deux premiers sont issus d'un projet gigantesque qui devait décrire l'Egypte des années 1970 par le cinéma.
Ces films reviennent sur différentes époques historiques du pays à travers ses monuments, ses dieux et les mythes qui les accompagnent. Elles se sont succédé en Egypte (époque pharaonique, gréco-romaine, copte et islamique) et ont contribué à construire sa culture.
Cette diffusion est l'occasion de revenir sur l’œuvre de l' artiste complet qu'était Shadi Abdel Salam. Il était "un scénariste, un metteur en scène et un designer créatif qui s’illustre dans le domaine de la décoration et des costumes".
Si cet Alexandrin était connu dans son pays en Egypte dans lequel il s'est beaucoup impliqué, il a aussi participé à des projets internationaux reconnus tels que le film "Cléopatre" de Joseph Mankiewicz avec Elisabeth Taylor.
Son unique long métrage "La momie" a été restauré et présenté au festival de Cannes par Martin Scorsese, en 2009. Ce film est considéré comme l'un des plus importants films de l'histoire du cinéma, en Egypte et ailleurs.
Les travaux de Shadi Abdel Salam "traduisent une vision originale de l’ancienne culture égyptienne, ainsi que du patrimoine islamique et copte."
Où est l'héritage de la civilisation des pharaons dans l'Egypte des années 1970 ? Est-il seulement dans les gigantesques monuments figés sur les photos des livres d'histoire ?
Après avoir vu les films, il nous semblerait qu'il aille bien au delà. Shadi Abdel Salam a réussi grâce à la beauté des images dans ces décors naturels où l'on voit des scènes de la vie quotidienne dans les années 1970, à faire coexister ces deux mondes.
L'Egypte n'est pas faite que de pyramides en papier glacé et de hiéroglyphes qui seront reproduits sur des colliers et autres cartes postales à l'usage des touristes. Ces chefs- d’œuvres monumentaux semblent ancrés dans une culture qui est beaucoup plus complexe et vivante, et dont nous avons réussi à capter une infime partie, dans les images du cinéaste.
Des prémices du Zikr (rassemblement des soufis qui expriment leur dévotion à travers le chant et la danse) en passant par des bribes de vie des marchands ambulants, et les cours d'école des enfants, nous avons eu un premier aperçu de ce qu'était la vie de ces héros du quotidien : les gens que vous voyez dans les rues, dans les maisons, dans les fermes et dans les usines, comme le disait le cinéaste ; il les a inscrits dans leurs propres rôles afin de montrer qu'avec leur histoire et la vie qu'ils créaient, ils enrichissaient l'humanité.
Connecter les Hommes d'aujourd'hui avec les Hommes d'hier, afin de chercher l'Homme de demain, telle était sa cause. Et n'est-ce pas le fondement de toute l'humanité de rechercher d'où l'on vient afin de savoir où l'on va ? Voici donc une raison de nous pencher plus en détail encore, sur l’œuvre de cet artiste.
A noter que de nombreuses images sont disponibles, esquisses de costumes, scenarios, etc. à la Bibliotheca Alexandrina, dans le cadre de l'exposition permanente "Le monde de Shadi Abdel Salam" pour se faire une idée plus précise de qui il était.
Pascaline fait aussi partie des bloggeurs du Mondoblog, de Radio France Internationale. Vous pourrez retrouver ses articles sur cette page.
Crédit photo : Bibliotheca Alexandrina
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