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"Tous au Larzac" : Pot de terre 1 - Pot de fer 0

Vendredi 02/12/2011 | Posté par Adeline Raynal

A l’heure où l’indignation s’empare des peuples un peu partout, petit flash-back sur les années 70. "Tous au Larzac", un documentaire sorti il y a quelques jours, revient sur la mobilisation de paysans qui avaient contraint l’état à renoncer à étendre une base militaire sur leurs terres. Adeline nous en parle.

"Privilégier ce qui est légitime plutôt que ce qui est légal ?" Telle fut l’une des questions qui animait les nombreux débats qui se tenaient sur le plateau du Larzac dans les années 1970. A cette époque, l’Etat français, par la voix de Michel Debré, alors ministre de la Défense, décide l’extension d’une base militaire, celle de La Cavalerie. 14 000 hectares de ce coin de l'Aveyron, risquent d’être réquisitionnés. Prêts à payer de peines de prison ferme, les paysans concernés ont décidé de se battre pacifiquement contre cet état de fait afin d’éviter l’expropriation. Aujourd’hui, en 2011, Christian Rouaud, un réalisateur, est allé à la rencontre de quelques leaders de jadis. Un documentaire, en salles depuis le 23 novembre, a ainsi vu le jour : "Tous au Larzac".

Une détermination à toute épreuve
Ce film, présenté hors compétition au festival de Cannes, retrace le combat qui souda toute une communauté, à vie. "J’ai fait mon mai 68 après", lance Léon Maillé dès le début du documentaire, 26 ans en 1971, aujourd’hui les cheveux blanchis mais la conviction inchangée.

Après s’être promis de rester unies, les 103 familles ont mené des actions pendant dix ans. Manifester à Millau, Rodez, puis Paris, édifier une grande bergerie à l’ancienne, toute de pierres du Causse bâtie, occuper des fermes à l’abandon rachetées par l’Etat, voler des documents militaires,… ils n’ont reculé devant rien malgré un combat inégal. L’important était d’occuper le terrain physiquement tout en menant des actions symboliques pour attirer l’attention des médias.

A l’été 1973, une marée humaine composée de 60 000 personnes se déverse sur le plateau du Larzac. Marie-Rose Guiraud prend alors la parole et d’une voix combative résume leur combat en une phrase : "L’argent, l’argent, ils n’ont que ce mot à la bouche". En deux ans, de plus en plus de Français se sont ralliés à la cause du Larzac.

Des mouvements de soutien se sont formés dans tout le pays au travers des Comités Larzac. La diversité du groupe de rebelles, composé de personnes de tous âges, de tous horizons, hommes comme femmes, participa à en faire un mouvement original, unique.

En 1978, la lutte n’est pas terminée. Après l’annonce officielle des expropriations, une grande marche est organisée, réunissant au total près de 80 000 personnes. Elle reliera les champs du Larzac au Champ-de-Mars. "Faites labour pas la guerre", "Le blé fait vivre, les armes font mourir", tels étaient les slogans alors scandés. L’année suivante, certains iront même jusqu’à camper devant la tour Eiffel pour tenter, encore une fois, de faire entendre leur cause.

En écho à l’actualité
Un journal mensuel, "Gardarem lo Larzac", ("Nous garderons le Larzac", en occitan) verra aussi le jour. Diffusé à l’époque à 10 000 exemplaires, il existe toujours. "La force du Larzac, ça a été des nuits de palabres qui ont fait que tout le monde s’entendait sur un point", explique l’une des personnes qui témoigne dans ce documentaire aux allures de western. C’est en effet cette cohésion qui permit d’aboutir à une annulation du projet par François Mitterrand en 1981, et la mise en place d’une gestion collective de la terre agricole du Larzac, un cas unique en France.

Aujourd’hui, cette lutte des années 1970 pour maintenir l’emploi et un savoir-faire local rappellera peut être aux spectateurs celle menée par les Fralib de Gémenos. Sauf que désormais, la lutte se fait contre une multinationale, Unilever, tandis qu’à l’époque, c’était l’Etat par le biais de l’armée, qui tentait d’imposer ses choix.

Plus largement, le film se fait l’écho des mouvements actuels qui, refusant la fatalité, donnent de la voix pour s’indigner face au système financier. Dans les Bouches-du-Rhône, "Tous au Larzac" est programmé au Variétés de Marseille, au Cinémazarin d’Aix-en-Provence ainsi qu’au Cinéma Actes Sud le Méjan d’Arles.

Voir ici la bande annonce du film.


Crédit photo : Tous au Larzac

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Adeline Raynal -