Israël, un état d'apartheid ?
Lundi 12/03/2012 | Posté par Patricia Noun (EJCM)
Le 7 mars s'est ouvert la Semaine annuelle contre l'Apartheid Israélien. Un peu en avance sur ce calendrier, une conférence intitulée "Israël, un état d'apartheid ?" avait lieu à Marseille fin février. Patricia y assistait.
"Israël, un état d'apartheid ?" C'est un débat au titre provocateur qui avait lieu vendredi 24 février à l’Équitable Café. Une quarantaine de personnes s'étaient rassemblées pour débattre autour de cette thématique.
De nombreux colloques universitaires sur le même sujet ont été organisés dernièrement un peu partout en France. Mais ils se sont heurtés à une réticence, voire à une interdiction de la part des présidents des universités, comme à Paris VIII-Saint-Denis, par exemple, ou à l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon, comme le relève cet article du Lyon Bondy Blog.
Parmi les présents dans le café du cours Julien, des membres de Génération Palestine, co-organisateurs de la soirée avec la Plateforme Associative des Géographes Etudiants (PLAGE).
La soirée était programmée dans le cadre de l'Israël Apartheid Week, la Semaine annuelle contre l'Apartheid Israélien, en solidarité avec la Palestine, et de la Semaine Anti-Coloniale, une manifestation consacrée aux luttes anti-coloniales d'hier et d'aujourd'hui.
Le co-président de l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Pierre Stambul, un juif Français et Yasser Qous, un Palestinien représentant de la Communauté Africaine en Israël et fondateur de l'African Community Society ont animé la conférence-débat.
Ce soir-là, à l'Equitable Café, Pierre Stambul insiste sur les conditions de vie des populations minoritaires en Israël et parle d'immigration et d'intégration difficile. On parle ce soir d'apartheid, mais il n'y a pas que des discriminations au regard des Palestiniens. Des discriminations au sein des minorités juives subsistent également.
Pierre Stambul parle de "véritable racisme interne". Les populations minoritaires tels que les juifs noirs d’Éthiopie, mais aussi les réfugiés de Gaza sont discriminées. Certains, comme les Bédouins du désert du Néguev, vivent dans des villages, déclarés illégaux par l'état d'Israël, qui n'apparaissent pas sur les cartes. Ils savent que leur territoire sera inévitablement détruit dans un futur proche. Les juifs Israéliens ont l'obsession de la majorité démographique.
Les Palestiniens sont discriminés de la fonction publique, de l'enseignement, et sont beaucoup plus touchés par le chômage. En Israël, l'absence de Constitution est un moyen de continuer sur le chemin de la discrimination. L'UJFP se bat en solidarité avec la Palestine, refuse les violences de l'armée israélienne et sa politique de colonialisme.
L'UJFP a été fondée en 1994 dans un souci d'existence d'une composante juive à la cause palestinienne. Pour Pierre Stambul, qui en est le co-président, le conflit israélo-palestinien porte sur le refus du colonialisme. "Cette guerre n'est ni une guerrre raciale, ni une guerre communautaire, ni une guerre religieuse", affirme-t-il, en aspirant à "une paix basée sur l'égalité des droits et de la justice."
C'est au tour de Yasser Qous de parler de son ressenti sur la situation en tant qu'homme issu de la communauté afro-palestinienne de Jérusalem. Pour lui, Israël est un État d'occupation expansionniste, de colonisation. C'est un système d'apartheid qui a été mis en place dès la création de l’État, et qui a séparé la Palestine en trois zones : l’État d'Israël, la Cisjordanie, et la Bande de Gaza, chacune d'entre elles avec une identité précise, qui va définir ou chacun peut être présent.
Aujourd'hui, à Jérusalem, les Palestiniens essaient de lutter pour améliorer leurs conditions de vie. Mais il est difficile de combattre au sein d'un État d'occupation et les Palestiniens perdent leur identité. Le système Israélien est très bien conçu, et il est difficile pour eux de le combattre, malgré les tentatives de "Creative Resistance" : une résistance nouvelle, tels que des mouvements de solidarité pour défier les chars Israéliens. Mais cela a-t-il véritablement un impact ?
Pour l'UJFP, on ne doit plus défendre l'idée de deux Etats. C'est un projet raciste de séparation. On peut vivre ensemble, et de toute façon quel peuple pourrait bien accepter le partage de son propre pays ? "Il ne peut pas y avoir de paix avec le racisme, sans un vivre ensemble".
Mais après 60 ans de conflit, la paix est-elle encore possible ?
Crédit photos : mar is sea Y, delayed gratification et Wall in Palestine
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Réactions des internautes
Lundi 12 Mars 2012, 10:07
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Cette préférence ethnique est, je suppose, étroitement lié à l'histoire des juifs désormais Israéliens - en tout cas pour ceux résidant en Israël et qui en ont donc la nationalité - puisque, il y a encore quelques décennies, les Etats arabes tentaient de jeter à la mer les juifs, alors majoritairement issus de l'immigration (les « aliya », à peu près équivalentes de l'hijra chez les musulmans, ont été menées à partir de la fin du XIXème siècle).
Si un jour un Etat israélo-palestinien voyait le jour, il est évident que, par la vigueur démographique des Palestiniens, les juifs deviendraient minoritaires et leurs droits ne seraient plus garantis - c'est ce qu'il se passe pour les chrétiens d'Orient, minoritaires face aux musulmans.
Bizarrement en tout cas, personne à gauche ne semble ni s'offusquer, ni organiser de conférence pour débattre de l'appartheid existant en Algérie et frappant les non « arabo-musulmans », à commencer par les kabyles, ou les Algériens refusant de suivre le ramadan, par exemple.
Exemple non exhaustif, on peut aussi citer les autres pays arabes, la Turquie, ou que sais-je encore.
Indignation sélective ? ou nous racontera-t-on, encore, que ces braves humanistes ne peuvent pas être partout à la fois ?
En revanche, les Israéliens juifs ne sont pas cohérents et là réside le véritable appartheid, c'est que s'ils privilégient la préférence ethnique fondée sur la « judéité », alors les falasha d'Ethiopie ne devraient pas être discriminés...
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Lundi 12 Mars 2012, 10:08
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Re:
* étroitement liéERépondre -