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S’engager pour la Palestine ne concerne-t-il que les musulmans ?

Lundi 06/02/2012 | Posté par Marie-Catherine Beretti (EJCM)

Ce week-end, le Théâtre Mazenod accueillait une conférence consacrée à la question palestinienne et à l’engagement de la jeunesse pour cette cause. Les débats étaient animés, entre autres, par Tariq Ramadan. Marie-Catherine était présente.

Le thème de la question palestinienne, très polémique, me touche, comme tout citoyen. Samedi, au Théâtre Mazenod avait lieu une conférence menée par Génération Palestine, une association de soutien aux Palestiniens, en présence, notamment de Tariq Ramadan. Le sujet, "Palestine – Quel engagement pour la jeunesse ?", sonne un peu comme un sujet de philo et, en cette matinée glaciale, je décide d’aller d’assister à la conférence.

Le premier intervenant, Vincent Mazurek, confie qu’il avait d’autres engagements politiques, sans préciser lesquels, avant de s’engager pour la Palestine. Ce qui l’a décidé ? Il a vu des "jeunes de quartier se mobiliser" en 2008-2009 lors des bombardements à Gaza. Il est révulsé par les expérimentations menées en Palestine et par les souffrances et l’humiliation subies par les Palestiniens.

Selon lui, la situation "n’est pas si compliqué que ça, on comprend vite les enjeux". Son discours est un réquisitoire contre l’impunité dont bénéficient les puissants par opposition aux faibles.

Le deuxième intervenant, Julien Rivoire, est le porte-parole de la campagne "Un bateau français pour Gaza". Il rappelle que l’opinion publique est largement favorable aux Palestiniens et que "peu importe qu’on aime ou qu’on n’aime pas tel ou tel représentant, la question n’est pas là", il faut agir "parce que c’est juste". Faisait-il référence au Hamas à ce moment-là ?

Il décrit ensuite concrètement les formes que peut revêtir un engagement pour la Palestine, notamment l’initiative "Boycott Désinvestissement Sanction". "Collectivement, on est capable de renverser des montagnes", dit-il, en faisant allusion aux révolutions arabes.

Mais au fait, qui est Génération Palestine ? L’association a ses bureaux répartis dans trois pays, la Belgique, la France et la Suisse. Tariq Ramadan, lui-même de nationalité suisse, ne fait pas mystère de sa participation active à la création de cette association lorsqu’il prend la parole. Voilà qui explique sa présence dans ce petit théâtre de la rue d’Aubagne.

Selon lui, la question du sort des Palestiniens doit être reliée à celle de la citoyenneté des musulmans dans les pays européens. Pour lui, s’indigner du sort des Palestiniens, c’est "le minimum de la foi". L’intellectuel est là pour motiver les troupes car le sujet lui tient à cœur. Il est engagé et pense qu’il est possible de changer les choses.

A la fin de la rencontre, je vais poser quelques questions à Vincent. Selon lui, c’est un sujet qui devrait tous nous toucher. Je lui fais remarquer que la diversité était plutôt mal représentée dans la salle. Il pense que c’est normal qu’il y ait plus de musulmans et de personnes d’origine arabe, évoquant la proximité culturelle.

Quelle est la proximité culturelle entre des personnes qui vivent depuis 20 ou 40 ans en France et des Palestiniens ? La religion ? Dans ce cas, est-ce bien de ne s’intéresser à eux que parce qu’on a la même religion que la majorité des Palestiniens ?

Quant à lui, si c’est le rejet de l’injustice qui le motive, pourquoi ne s’engage-t-il pas également pour une autre cause ? "C’est la grande question, on ne peut pas être partout", répond-il.

Une fille de ma génération intervient dans la discussion. Elle est tunisienne et est arrivée en France à l’âge de 18 ans. Elle m’explique que la cause palestinienne est un thème souvent abordé dans les discussions au pays.
Peut-on reprocher aux gens de se sentir concernés par le sort de leurs coreligionnaires ? Peut-on reprocher à Tariq Ramadan de s’engager sur cette question, lorsque des citoyens français comme Bernard-Henri Levy ou Alain Finkielkraut donnent leur avis sur la question, délivrant parfois dans les médias des informations tronquées ou inexactes ?

Pour les trois intervenants présents samedi, l’objectif est de recruter des bras pour mener à bien des actions en faveur des Palestiniens. Un point ne manque pas de m’interpeller. Ils sont en faveur d’un seul état. Comment ? Ils ne veulent pas d’un état palestinien ?

Non, leur idée est de créer un seul état où "tout le monde vivrait en paix", rassemblant israéliens et palestiniens. Dans ces conditions, "Israël ne serait plus un “état juif”, puisque la majorité de sa population ne serait pas juive", explique Vincent.

Cette configuration impliquerait la disparition d’Israël. Aussi critiquable que soit la politique de cet état, est-ce souhaitable ? Le débat est ouvert.



Crédit photo : Marie-Catherine Beretti



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