La deuxième vie des déchets
Lundi 18/07/2011 | Posté par Pierre Corbinais (EJCM)
LES SÉRIES DE L'ÉTÉ - ÉCOLOGIE RESPONSABLE. DANS UNE VILLE OÙ LES DÉCHETS sont un sujet épineux, Cyrille et Mathieu ont créé un lieu dans lequel ils peuvent leur offrir une cure de jouvence. Pierre est allé questionner ces magiciens de la récup'.
Alors que la mode verte est au tri sélectif et au recyclage industriel, Cyrille Berge (à gauche) et Mathieu Reus (à droite) proposent aux déchets un cycle de vie intermédiaire. « Pourquoi transformer une planche de chêne en aggloméré, alors qu'on peut tout simplement la recycler...en meuble en chêne? » Cette question, soulevée par Cyrille, pourrait bien être la devise du Recyclodrome.
Cette association, fondée par les deux compères, vise à collecter des déchets, par un système de dons notamment, et à leur offrir une nouvelle vie. Une initiative écologique de lutte contre le gaspillage, qui prend une dimension sociale par des prix de revente extrêmement bas.
Cyrille et Mathieu se sont rencontrés durant leurs études, un IUP de Génie de l'Environnement, qui dans leur cas, porte plutôt bien son nom. Puis Cyrille est parti deux ans au Sénégal « mettre en place des projets de récupération des déchets avec la population. C'est là où j'ai eu le déclic ». Pendant ce temps, Mathieu continuait d'étudier ce matériau pluriel qu'est le déchet, et s'exerçait à la récupération pour son propre plaisir.
Le projet de Recyclodrome s'imposa lors de leurs retrouvailles. Il ne savaient pas alors que de telles initiatives existaient déjà, sous le nom de ressourceries, et que ce réseau leur serait d'une grande assistance. Cyrille gérant la partie administrative, et Mathieu la technique, ils se complétèrent pour donner vie au projet.
Aujourd'hui le Recyclodrome accueille aussi bien les gens du quartiers que les brocanteurs et les militants alternatifs. Ils viennent y dénicher toutes sortes de trésors, comme l'atteste la vidéo :
Recyclodrome
envoyé par redactionmarseilleblog.
« Nous avions la volonté de bosser sur Marseille », me dit Cyrille, « dans le centre ville : un lieu de rencontre et de mixité sociale ». Mathieu y voit un autre avantage : « À Strasbourg par exemple, on ne trouve rien dans les rues. Mais comment les déchets sont-il traités par la suite ? Marseille est une ville qui certes, fait peu d'effort vis à vis de ce problème, mais ses poubelles à ciel ouvert permettent au circuit de la récup' de s'instaurer. » Sales pour certains, les rues de Marseille sont pour d'autres la plus grande des brocantes.
Pourquoi laisser ce matériau se perdre ? Les déchets ont pourtant tellement de choses à nous enseigner. Mathieu lui-même s'en étonne : « Je fais de la récup' depuis plus de dix ans, mais j'apprends encore chaque jour. Chaque objet doit être traité de manière plurielle, économiquement et écologiquement, et nécessite donc un savoir-faire multiple ». Mais les déchets nous parlent aussi de notre société : « On observe sur le terrain un appauvrissement visible. Les objets aujourd'hui sont moins solides, plus difficile à réparer. Si bien qu'on se retrouve souvent à jeter le plus récent, et à conserver le plus ancien. »
Le Recyclodrome compte actuellement quatre salariés, et un cinquième va bientôt s'y greffer. L'objectif pour Cyrille et Mathieu est aujourd'hui de pérenniser ces postes, et de poursuivre cette activité qui demeure avant tout de « bon sens ».
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