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Le métro passe à l’est, pas les fauteuils roulants

Mercredi 12/05/2010 | Posté par Jan Cyril Salemi

Le 5 mai 2010, le prolongement de la ligne 1 du métro était inauguré. Ce nouveau tronçon compte quatre nouvelles stations et relie La Timone à La Fourragère. Une extension qui a nécessité cinq ans de travaux et un coût de 417,5 M€, pour des quais encore trop bas pour les personnes handicapés… VIDÉOS EN +.

10h, hall d’accueil du métro Blancarde. Une nuée de photographes et de cameramen jouent des coudes pour saisir l’instant. Face à eux, les élus rayonnants, dans une fière “unité républicaine”, viennent de couper le ruban bleu blanc rouge. L’ouverture au public est prévue le lendemain, mais quelques habitants du quartier ont réussi à se faufiler pour découvrir ce nouvel équipement. Située à la jonction des deux lignes de tramway et aux portes de la gare SNCF Marseille-Blancarde, cette station a été conçue pour devenir un axe essentiel de la ville. Et la Régie des Transports de Marseille (R.T.M) a vu les choses en grand : espace élargi, plafonds relevés, teintes claires, éclairage adouci, le contraste est saisissant avec les anciennes stations. L’accès aux voies se fait par une passerelle vitrée, le sol est beige, les parois blanches, aucune décoration, une impression de netteté qui amplifie les volumes et la luminosité.

L’arrivée des personnalités sur le quai provoque un autre épisode d’effervescence médiatique, puis chacun prend place dans les wagons. Le premier voyage vers le nouveau terminus peut commencer. Au milieu des passagers, un homme semble un peu plus ému. Christian Taltavull, jeune retraité, conduisait la toute première rame lors de l’ouverture de la ligne 1, en novembre 1977.



Son successeur aux commandes, Pascal Bof, apprécie les nouvelles dimensions :



Passées les deux stations intermédiaires, Louis Armand et Saint-Barnabé, c’est l’arrivée à La Fourragère. Là, Clair de Lune Trio égrène quelques notes de jazz manouche et les discours officiels se succèdent au pupitre devant quelques centaines de personnes. Le Maire, Jean-Claude Gaudin, déclame avec lyrisme : « Le coeur de la France bat aujourd’hui à Marseille. »

Un buffet est dressé au pied des escaliers pharaoniques qui mènent à la surface. En haut, un groupe de collégiens, surexcités à la vue des caméras, parasite le direct de France 3. Nadir habite Air-Bel, le tramway passe déjà devant chez lui, mais il prendra « peut-être le métro pour venir au collège. » Dans le quartier, les riverains semblent satisfaits : « Je préfère le métro que le tram, c’est plus rapide », commente cette résidente.

“Nous avons 30 ans de retard”

Les problèmes de transports sont pourtant loin d’être résolus à Marseille, Karim Zéribi, le Président de la R.T.M (voir vidéo), en est bien conscient :  « Le but est de mieux desservir la périphérie de la ville. Mais nous manquons de moyens, et nous avons 30 ans de retard. » Pour l’avenir, la R.T.M mise sur le Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Circulant sur voies réservées, censés respecter une durée de trajet fixée et des temps de passage fréquents, ces bus constitueront l’essentiel des futurs investissements. Quant au métro, d’ici 2030, seuls 700 m d’extension après Bougainville devraient être réalisés.


Enfin, si l’accès des personnes à mobilité réduite est amélioré, le nouvel équipement ne masque pas des carences persistantes. Les quatre stations disposent chacune d’un ascenseur et d’un portillon adapté, cependant, pour Mireille Fouqueau, Présidente de l’Association des Paralysés de France des Bouches-du-Rhône (APF-13), « on est loin de l’accessibilité et de l’autonomie. » Venue avec Linda Amroun et Joseph Dominici, qui se déplacent tous deux en fauteuils, ils ont constaté l’écart entre annonces et réalité. « Malgré nos conseils, dans les faits, c’est insuffisant. Sur le quai, le sol est toujours plus bas que dans les wagons, sans aide, l’accès aux rames est impossible. De plus, la signalétique est inexistante, et il n’est indiqué nulle part qu’au-delà de ces quatre stations, plus rien n’est prévu pour les handicapés. »

Il est 12h45, les serveurs rassemblent les bouteilles vides et débarrassent les tables. En haut de l’escalier, El Houssine Lahmoud et son équipe en profitent pour souffler un peu. Ces employés de la société Laser, debout depuis 4h du matin, assurent la propreté sur le réseau R.T.M. « Nous, on les connaît déjà bien ces stations, ça fait quatre jours qu’on est là pour tout nettoyer à fond ! »




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Jan Cyril Salemi -