«Perlée», un bien joli mot pour beaucoup d’emmerdes
Vendredi 20/02/2009 | Posté par Perrine Baglan (EJCM)
Une heure et demie d’arrêts quotidiens pour les métros marseillais. La grève se poursuit jusqu’à aujourd'hui. Patience, patience…
Entre colère et résignation. Il est 8h20 du matin ce mercredi et le rideau de fer est baissé. Un spectacle devenu familier pour les usagers du métro. Une mère de famille, téléphone portable pendu à l’oreille, trépigne d’impatience. «Je vais encore être en retard», lance-t-elle désolée à son patron. D’autres grognent. «De toute façon, c’est toujours les plus petits qui trinquent». Les minutes défilent, le rideau métallique se lève enfin. Des dizaines de personnes s’engouffrent dans les couloirs du métro et pressent le pas.
Au milieu de cette foule agitée, Linda embrasse son copain. Cette jeune assistante de 29 ans se rend à son travail avec une bonne demi-heure de retard. «Deux métros et un bus, autant dire le parcours du combattant en période de grève». Sur le quai, des rames vides n’ouvrent même pas leurs portes, d’autres se remplissent en un clin d’œil. «C’est la bousculade assurée, poursuit Linda. Pas plus tard qu’hier, une dame a failli se faire emporter. Son vêtement s’est coincé dans la porte. Sans compter le nombre de malaises…» Les stations s’enchaînent, nous voilà arrivées à Sainte-Marguerite Dromel, terminus de la ligne. Le voyage s’arrête là pour moi, je rentre à Castellane. Mais pour Linda, une correspondance l’attend.
Sur le chemin du retour, je croise Dalila, une infirmière de 55 ans. Pour elle, la grève est légitime : «C’est normal que les gens se révoltent, tout le monde en a marre ! Le coût de la vie augmente, il faut que les salaires suivent». À ce même moment, une voix métallique résonne au micro. «Votre attention s’il vous plaît, suite à un incident technique, le trafic de la ligne 1 est interrompu». Une demi-heure que le métro a rouvert ses portes mais c’était compter sans les pannes électriques !
Les esprits s’échauffent. Les contrôleurs sont interpellés par des passants à qui ils tentent, en vain, d’expliquer le problème. Je décide alors de sortir mon appareil photo pour immortaliser le moment. Bien mal m’en a pris ! Une cohorte de vestes grises, flanquées du logo RTM, me tombe dessus. «Vous avez le droit de photographier ?». Évidemment que non, gros malin, difficile de me faire délivrer une autorisation en deux secondes ! Je n’insiste pas. Je m’écarte et poursuis mes interviews.
Mais en l’espace de quelques minutes, les cinq contrôleurs m’envoient un agent de police qui me demande mes papiers. Sur son petit carnet, il relève mon identité et s’applique pour écrire chaque lettre de mon nom. «Je n’ai rien contre la liberté de la presse», dit-il cramponné à son stylo. Ironie, quand tu nous tiens... De toute évidence, je dérange.
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Par Tony Off