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Marseille-Bamako, même combat

Mercredi 03/06/2009 | Posté par Grégoire Faney

Malgré les écarts de richesse, Marseille et Bamako ont su conserver une certaine culture de la solidarité et du collectif. Kassim Traoré, journaliste malien, analyse les divergences mais aussi cette ressemblance qui rapproche Maliens et Marseillais.

Comment voit-on Marseille, de l'autre côté de la Méditerranée, et même de plus loin: comment voit-on Marseille quand on vient d'une capitale sise de l'autre côté du Sahara, à Bamako, Mali. Kassim Traoré est journaliste dans la capitale malienne. Régulièrement, il vient en France et peut donc juger des différences d'accueil dans les grandes villes françaises. En tant que cousine de Bamako, Marseille gagne la palme, haut la main.

Marseille est-elle pour vous une cité complètement différente du reste de la France ?

Kassim Traoré : "Pas complètement. Cette ville subit aussi l'individualisme occidental. Quand je résidais à l'hôtel du Vieux-Port, mon voisin ne savait même pas si j'étais blanc ou noir. Au Mali, ça, c'est impossible. Là-bas, quand tu vis près des gens, il faut se renseigner sur eux. Tu ne peux pas te lever le matin et croiser quelqu'un sans lui demander comment il va, s'il a bien dormi, lui-même ainsi que toute sa famille. Si quelqu'un n'a rien à manger, on doit partager. Cette solidarité est ancrée dans nos traditions.

Cet individualisme n'est-il pas lié au fait que Marseille est une grande ville ? Estce que Bamako n'est pas confronté au même phénomène?
K T : C'est vrai que l'individualisme gagne aussi du terrain au Mali, dans les grandes villes. La solidarité reste plus forte dans les villages. Dans les villes, on voit une nouvelle génération qui vit à l'occidental, qui a étudié chez vous, qui se déplace en voiture. Mais même à Bamako, le bonjour traditionnel se maintient. C'est aussi une question liée à l'architecture de ces villes. Au Mali, tu entres dans une demeure traditionnelle par le vestibule, avant d'entrer dans une grande cour. Dans le vestibule, on croise forcément plein de gens, donc on doit les saluer et prendre de leurs nouvelles. A Marseille, il n'y pas de cour, à part pour la voiture. Quand on rentre chez quelqu'un, c'est directement dans le salon. Les gens sont donc plus repliés sur eux-mêmes. Mais Marseille vaut quand même mieux que Paris.

Qu'est ce qui rend Marseille si différent de Paris ?
K T : L'accueil est différent. A Paris, la première fois que je suis venu en France, je ne me sentais pas à l'aise. Les gens sont pressés. On dirait qu'ils ont rendez-vous avec Dieu. Ils ne prennent pas le temps de dire bonjour. En arrivant à l'aéroport de Marignane, une Marseillaise m'attendait, avec son fils. Ils travaillent en famille : c'est une chose devenue rare en Occident.
Avec eux, j'avais le sentiment de me retrouver en famille, comme au Mali. Le contact se fait aussi beaucoup plus facilement dans cette ville. J'ai rencontré de vieux Sénégalais, qui m'ont parlé de Marseille. Ils m'ont dit qu'il y avait eu beaucoup de dockers noirs ici. J'ai découvert une cité qui avait sa propre culture de l'ouverture.Je ne pensais pas revenir en France après mon premier voyage à Paris. L'accueil des Marseillais m'a fait changer d'avis.

Propos recueillis par Grégoire Faney

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Grégoire Faney -