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«Des statistiques ? Mais pour quoi faire ?»

Lundi 04/05/2009 | Posté par Sofiane Majeri (Avec B.G.)

Alors que les statistiques ethniques suscitent la polémique, une rencontre organisée par med’in Marseille, le Conseil Représentatif des Associations Noires (Cran) et le Conseil Représentatif des Français d’Origine Comorienne (Crfoo), tentait de faire le point du débat sur la question.

Dans un salon de thé de la place Jean Jaurès (6ème), le débat se déroule dans une ambiance conviviale. Les organisateurs  ont invité le sociologue, spécialiste de l’islam, Vincent Geisser et des personnalités politiques de la ville, Myriam Salah-Eddine membre du Haut Conseil à l’Intégration et ancienne adjointe au maire UMP, et Nassurdine Haidari, adjoint au maire PS du 1er secteur.

La rencontre commence par un hommage à l’une des figures marseillaises de la lutte contre les discriminations. Larbi Saoudi, qui devait intervenir lors de cette rencontre. Il est décédé ce vendredi. Avec beaucoup d’émotion, Hamed l’un des animateurs de la soirée nous rappelle que «Larbi, est le seul qui a fait des statistiques sur la discrimination».

En effet, avec son association Oracle, il avait mis au point un logiciel qui permettait de traiter les statistiques du chômage à partir de deux entrées : le territoire géographique et l’origine culturelle du prénom. Cet outil permettait d’avoir une image juste de la discrimination par territoire et par origine supposée sans tordre le cou à la loi. Malheureusement, la vie ne lui a pas laissé le temps de défendre son projet jusqu’au bout. Ses amis sont unanimes il va manquer au paysage du militantisme marseillais.

Vincent Geisser, lance la rencontre : «Ces statistiques sont tabous en France». Mais il reconnait aussi que, d’une manière ou d’une autre, «elles ont toujours existé». L’auditoire patiente, déjà certains murmurent et préparent leurs réactions. «Faut-il vraiment montrer les discriminations pour faire prendre conscience de leur réalité ? Je ne le crois pas», affirme pour sa part Myriam Salah-Eddine, l’ancienne ajointe au maire.

Dans un moment où les minorités se questionnent sur leur visibilité et donc sur leur place dans une France qui ne semble pas dévouée à leur donner, le débat sur les statistiques ethniques est loin d’être tranché.
Ce soir-là, les positions sont tout aussi ambivalentes. Chacun est convaincu de la nécessité de la lutte mais personne n’a trouvé l’arme la mieux adaptée. «Quand on parle de diversité on sait de qui on parle, des noirs et des arabes, affirme Nassurdine Haidari. 25 ans après la marche des beurs les choses régressent. Je suis pour la République mais je ne peux pas être pour quelque chose qui se tait devant la discrimination.»  Là-dessus, chacun est unanime : «Lutter contre les discriminations c’est lutter pour la démocratie de notre pays», comme le rappelle Vincent Geisser.

Dans la salle on trouve des militants associatifs et même des élus très discrets mais de tous les combats comme Haouaria Hadj-Chikh élue dans le 13ème et 14ème arrondissement.
Pour Saïd un jeune homme, président d’une association à la Busserine, «Dans ce genre de rencontre il y a toujours de grands absents ce sont les gens qui discriminent, ce sont eux que l’on doit inviter et avec qui ont doit discuter sinon le combat n’avancera pas», une remarque que la salle soutient. Peut-être rejoint-il Nassurdine Haidari qui se demande , en guise de conclusion, «des statistiques oui mais pour quoi faire ?».

(illustration par Ben8)

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Sofiane Majeri (Avec B.G.) -


Réactions des internautes

Romuald
Lundi 4 Mai 2009, 01:02
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Quand on parle de diversité on sait de qui on parle, des noirs et des arabes

Décidément.. Bref. Mais s'il le dit, c'est que ça doit être vrai non?


Je viens juste de regarder sur France 3 une émission sur la diversité justement, avec 3 personnes d'origine immigrée/immigrée, devenues françaises/née française:
- Malamine Koné (né au Mali, et ayant grandi dans le 93): aujourd'hui il est PDG d'Airness, l'équipementier de l'EdF de foot
- Slimane Azzoug, né en France, d'origine kabyle et patron d'une chaînes de boucheries halal
- Vone Sanichanh, née en France, d'origine laotienne, PDG d'une des plus grosses boîtes d'ostréiculture sur le bassin d'Arcachon (qu'est-ce qu'ils sont creux à France 3, puisque les Asiat ne font pas partie de la diversité, dixit le socialiste Nassurdine Haidari)

Enormément de pugnacité malgré les difficultés, les réticences, et la méfiance; de confiance en eux mais aussi un rejet de la victimisation et de la fatalité.
Plein d'espoir en tout cas et d'ondes positives dans ces 3 tranches de vie.


Les stats ethniques? j'y suis favorable. Pour ma part, mon origine se lit sur mon visage; je ne vois donc pas où est le problème à dire "je suis jaune".
On parle de discriminations, mais on ne sait pas exactement quelle est leur ampleur.
Combien de jeunes (ou moins jeunes) d'origine africaine, maghrébine, asiatique (de la Turquie à la Chine); sud-américaine ou autre subissent la discrimination? quelle est la population la plus fragile? pourquoi ce qui fonctionne pour les uns (insertion sociale, professionnelle) ne marche pas pour les autres?

De plus, des stats ethniques, "stats de la diversité" comme préfère les appeler Patrick Lozès, permettraient de tordre le cou aux préjugés. Ou de les confirmer.
L'extrême-droite parle d'invasion/colonisation; qu'en est-il exactement?
6 millions, 8 millions, 10 millions d'immigrés?

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hugom
Lundi 4 Mai 2009, 18:51
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Re: A chacun ses stats
 "Bientôt, le Grand Truquage sera dénoncé au grand jour"
Or, un article récent de l’Expansion Tripatouiller les statistiques, la sale manie du gouvernement nous apprend que non seulement le phénomène est loin de régresser mais qu’il prend d’inquiétantes proportions et tend à devenir systématique depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy… Ce qui ne m’étonnera guère au demeurant ! Nicolas Sarkozy étant un «menteur d’habitude» (cf ma Constante de Sarkozy ).
Toujours est-il que les statisticiens et autres analystes de données en ont ras-la-casquette et l’ont fait très discrètement savoir à Béatrice Mathieu, journaliste de l’Expansion… le sous-titre est parlant «Bloquer les études qui dérangent, ne retenir que les données favorables, changer de thermomètre quand la fièvre monte : des professionnels des chiffres dénoncent les dérives, toujours plus graves, du pouvoir».
Qu’ils travaillent à l’Insee, au CNRS ou soient détachés dans des ministères, tous font le même constat et s’insurgent. Il en va effectivement de leur crédibilité tout autant que de leur indépendance : au niveau européen, l’article 1 du «code de déontologie» établi par Eurostat, l’organisme qui centralise les statistiques impose “L’indépendance professionnelle des autorités statistiques, à l’égard aussi bien des services et organismes politiques, réglementaires et administratifs que des opérateurs du secteur privé, assure la crédibilité des statistiques européennes”… On en serait bien loin !
Ces professionnels de l’analyse chiffrée vont sortir prochainement un ouvrage collectif : «Le Grand Truquage» qui devrait sans doute faire grand bruit… Puisse-t-il obliger le pouvoir à revenir à de plus saines pratiques… 

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