"Je suis pas venue pour entendre une profession de foi !"
Lundi 13/02/2012 | Posté par Charlotte Lazarewicz
Mardi 7 février, Ségolène Royal tenait un meeting de soutien à François Hollande. Dans la petite salle marseillaise qui l’accueillait ce soir-là, l’ambiance était plutôt agitée, pour toutes sortes de raisons. Charlotte nous raconte.
Il n’y a pas si longtemps, cinq ans en fait, Ségolène Royal était la star du PS, celle en qui beaucoup de gens de tous bords croyaient. Aujourd’hui, l’ex-candidate à la présidentielle en est à soutenir son ex-mari. Mais, même si certains la trouvent has been, d’autres lui restent fidèles. A l’instar de la poignée de militants venus la soutenir lors de son meeting dans la petite salle de la Maison Arménienne de la Jeunesse et de la Culture, mardi dernier. Une fois n’est pas coutume, Ségolène Royal a tenu un discours axé sur la fraternité et le mieux-vivre ensemble. Ambiance.
Soutien infaillible
Mardi 7 février, à deux pas des Réformés, la voix de l’ex-candidate à la présidentielle était venue emplir la petite salle de la rue Saint-Bazile, et nous parler du sort des quartiers populaires. Sans vraiment prendre de risques, Ségolène Royal a abordé ce soir-là des thèmes propres à Marseille dont celui de la cohabitation des différentes communautés dans la cité phocéenne. Un meeting qui intervenait après une visite des quartiers Nord et de Belsunce dans l'après-midi.
Vêtue de la même veste rouge et du même sourire qu’elle arbore depuis 2007, la présidente de la région Poitou-Charentes était là dans un but bien précis et ne s’en est pas cachée une seconde : le soutien infaillible à l’actuel candidat PS à l’élection présidentielle, François Hollande.
Dans la salle, des militants plus très jeunes et un air blasé que certains n’auront pas réussi à cacher. Le court discours de l’ex-candidate à la présidentielle pourrait se résumer en deux mots :
critique de la présidence de son adversaire numéro un Nicolas Sarkozy (elle n’a pas manqué de relever l’incident qui a eu lieu le jour-même à l’Assemblée Nationale), et (sempiternel) discours sur la fraternité : "Marseille est une ville exemple, où nombre de communautés cohabitent".
Ségolène Royal insiste : ce qu’elle veut, c’est la victoire de François Hollande : "il faut mettre fin à cette longue nuit du Fouquet’s", raille-t-elle.
Ambiance agitée
Au fond de la salle, une dame d’une quarantaine d’années, semble lire dans les pensées de beaucoup : "Le programme !", scande-t-elle, avant de rajouter : "je ne suis pas venue ici pour entendre une profession de foi, moi !"
Un militant réplique : "le programme, tu peux l’avoir, il suffit de se documenter". Lui est militant socialiste depuis 1985 et affirme "en avoir vu des campagnes". Sa compagne est venue avec lui ce soir-là : "Quelle femme, cette Ségolène", lance-t-elle, avant d'ajouter toutefois, "moi, si mon mari m’avait fait ça, je l’aurais jamais soutenu !"
Les avis sont partagés, donc. Mais Ségolène Royal ne semble pas forcément prête à les entendre. Ainsi, quand une femme de l’assemblée lève la main et tente une question, les deux vigiles de l’entrée se précipitent dans la foule et la somme d’arrêter, provoquant immédiatement une réaction vive du public, "quand même, elle a le droit de s’exprimer !"
Alors quand des manifestants venus réclamer la libération de George Ibrahim Abdallah, ce communiste révolutionnaire arabe emprisonné depuis 28 ans, investissent la salle en brandissant des panneaux réclamant la libération de cet homme dit libérable depuis 1999, l’atmosphère s’échauffe, et l’évacuation de la salle à la fin du meeting se fait dans la précipitation et la confusion.
Dehors, les manifestants continuent de scander "Libérez George Ibrahim Abdallah !". Une femme en tête de cortège explique "venir à tous les meetings, pour sensibiliser la population à cette histoire !"
En parallèle, d'autres protestataires font circuler des tracts. Dessus, on peut y lire : "Guéant, Hollande, même combat !", ou encore "Liberté, égalité, fraternité… sauf pour les femmes musulmanes".
Des distractions qui parviennent à faire oublier la véritable raison pour laquelle on s’était déplacé. Un discours, Ségolène Royal en a bien prononcé un, comme au temps où elle était candidate.
A une différence près peut-être : il y a cinq ans, il avait lieu dans un Dôme plein à craquer, où régnait une ambiance euphorique et survoltée. Has been, vous avez dit ?
Crédit photo : Charlotte Lazarewicz
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